Voici quelques mots de l’académicien et diplomate Jean-François Deniau sur le théâtre de Corneille.
D’obscurs sbires de corridors qui régentent notre vie intellectuelle, auraient découvert une parenté de Corneille avec un bourgeois de Rouen, qui, comme tout habitant des ports, de la Suède au Portugal a pratiqué la traite des nègres, en concurrence avec les Arabes et les tribus africaines elles-mêmes. Corneille est donc déclaré politiquement incorrect et ne sera pas célébré.
Le Cid est mal vu. Est même honni. J’ai entendu l’expression : « Une pièce d’extrême droite. »
On me dit qu’il y aurait dans le cas du Cid plus grave qu’un crime familial de commerce de bois d’ébène datant de plusieurs siècles. Un crime de mots. Des mots inadmissibles, réactionnaires, provocateurs.
J’aime les chiffres. Dans le théâtre de Corneille, le mot gloire est prononcé 770 fois. Devoir, 344 fois. Honneur est cité 544 fois, et vertu 526 fois.
L’Éducation nationale peut-elle tolérer de pareilles provocations ? Cela ne suffit-il pas à condamner une œuvre, à la rejeter aux poubelles de l’histoire, à la taxer d’infamie. Vive Corneille et Le Cid !