jack127
1- Les grands défenseurs de la connaissance et de l'intelligence que vous êtes sont bien incapables de définir la moitié des termes qu'ils emploient : intelligence, connaissance, spiritualité ou esprit, vérité...
On peut tout à fait proposer une autre réponse que Dieu à la première cause, ou premier moteur ; mais face à moi, je n'ai pas des philosophes, qui tentent de tout comprendre au moyen de la raison naturelle : j'ai simplement des érudits prisonniers de quelques sujets précis, de simples bases de données d'informations, pas toujours très précises en plus*, qui se prennent pour des sages, et entendent donner la leçon ; et qu'étant donné leurs limites, la leçon est bien souvent très mauvaise.
Je suis quand même d'accord sur un point avec toi : la plupart des théoriciens ne sélectionnent que les éléments allant dans leur sens et ignorent tout simplement les autres : pas certain que ce soit une bonne manière de procéder lorsque l'on est au service, comme tu le dis, de la vérité. Figurez - vous, que précédemment je mentionne aussi des faits : comment expliquer qu'un Saint Augustin mentionne les mêmes Ecritures à de multiples reprises dans tous ses ouvrages, à commencer par la Cité de Dieu, si les Evangiles ont été réécrits ? C'est un virtuose qui sélectionne que les passages non réécrits ? Ou l'Eglise a aussi réécrit tous les Pères de l'Eglise, à commencer par Saint Augustin ?
Savent-ils au moins pourquoi ils en jugent ainsi ? Non, bien sûr, car ils prétendent toujours être objectifs : ils affectent une attitude, ils paraissent. Ils nient que l'homme est sujet. S'il est sujet, il peut néanmoins aspirer à l'honnêteté. Pour ce faire, il doit savoir qui il est, se connaître soi-même dirait le philosophe : ce qu'il aime ou déteste, ce qu'il veut défendre ou attaquer ; et être en état d'équanimité lorsqu'il juge, que sa raison commande ses passions, afin que ces dernières ne troublent pas son jugement. Je résume : ne pas nier sa qualité de sujet en affectant une attitude ; au contraire la comprendre, et pratiquer l'éthique, afin de pouvoir juger honnêtement.
2- Franchement, on pourrait reprendre en détail toutes les informations débitées par Sargon. Quand il parle de nouveauté : la question est toujours de savoir si c'est conforme aux dogmes ou non. Si ce n'est pas un danger pour la doctrine, ce n'est pas un problème.
Quand il explique que le fidèle ne possède pas de Bible jusqu'à la Renaissance. Très bien, mais s'il ne sait pas lire, à quoi lui servira-t-elle ? Et même s'il savait lire, est-ce un bien ? La plupart des hérésies partent d'une mauvaise compréhension de la bible, de celui qui choisit - hérésie vient du terme choix rappelons-le en grec- qui exerce justement son libre examen. Juge-t-on de qualité de chrétien à partir de la connaissance de la Bible d'un fidèle ? Non, on en juge à partir de son orthopraxie. Est-il dans les conditions de bien pratiquer, de parvenir à la mort en état de grâce ? Vaut-il il mieux disposer d'une petite science de la Bible ou être bien encadré pour réaliser son salut ?
Quelle est la mission de l'Eglise ? Que le plus possible de chrétiens soient en mesure d'accéder au salut. Comment ? Le fidèle afin de bien pratiquer sa religion doit disposer d'un minimum de connaissance ; d'où le fait que l'Eglise enseigne un catéchisme : ne rien savoir est effectivement un mal relativement au salut. Mais ne sait-on rien lorsque l'on vit encadré par l'Eglise ? Sargon se contente de juger en moderne, à son insu, c'est-à-dire en homme qui est persuadé que la science est une bonne chose, qu'elle ne peut être un danger. De plus, il oublie quel est le but de la vie pour le chrétien : le salut, pas devenir savant, ou être "libre".
Il rapporte que les prêtres étaient souvent ignares ; donc que l'encadrement était forcément mauvais. L'Eglise en prend note justement au concile de Trente, et tente de donner une meilleure formation à ses prêtres, afin de lutter contre l'hérésie. Elle publie d'ailleurs à ce moment-là un nouveau catéchisme aussi pour les fidèles. L'Eglise passe par de bonnes et de mauvaises périodes : des périodes de progrès et de déclin, des périodes fastes et néfastes. Si l'Eglise est sainte par son origine, si elle vient de Dieu, elle est aussi composée d'hommes, donc soumise aux vicissitudes du temps : si l'on caricature parfois digne, parfois indigne.
Rappelons toutefois, afin de nuancer, que si le prêtre doit être un savant en matière de religion, il doit aussi être un saint, un champion de la vertu ; que c'est effectivement un grand tort, un drame lorsqu'il ne l'est pas, et qu'il pèche alors plus que le simple fidèle, pour les mêmes actions, car ils n'ont tout simplement pas les mêmes responsabilités, pas la même exigence, pas le même mérite : une inégalité insupportable pour les modernes, car les prêtres ne sont jamais que partie prenante de l'aristocratie des chrétiens.
Il y a deux questions : qu'est-ce qu'un bon prêtre précédemment évoquée, et quelle est sa fonction particulière ? Plus l'on s'élève dans la hiérarchie, plus le savoir est essentiel. Mais est-ce essentiel ou le plus essentiel d'être un grand théologien pour être curé de campagne par exemple ? Etre savant est moins important que de bien guider son troupeau, remplir sa charge ; au mieux, c'est une condition qui peut aider à bien remplir sa mission. Or, le curé de campagne peut aussi guider son troupeau par des sermons sensés, et un bonne conduite au quotidien : par l'exemple, de conduire ses ouailles au salut en préparant le sien. L'Eglise a ainsi canonisé le curé d'Ars, car même s'il ne disposait certainement que d'une science médiocre, cela ne l'a pas empêché de sauver bien des âmes, car on conduit rarement les âmes simples par des exposés de théologie.
A dire vrai, je ne réponds pas la plupart du temps à ces questions d'érudit, car ce n'est jamais que lutter théorie contre théorie, sur des détails : et la plupart du temps, il est plus question de défendre des positions que de vérité ; que de toute façon les vérités à trouver sont en la matière très secondaires, pour ne pas dire complètement négligeables. On est bien loin d'une véritable connaissance susceptible de former le jugement, de conduire à la sagesse.