Mais il me semble que cette conversation dévisse, alors permettez qu'on revienne au point de départ.
Je peux parler de mon expérience, moi je ne suis pas assez intelligent pour être scientifique, chuis qu'un pauvre littéraire. La rigueur scientifique, ça me dépasse : on commence par dire que le bonheur ne se mesure pas, et ensuite on vous balance des chiffres pour établir que les enfants de divorcés sont moins heureux, et lorsqu'on émet un doute sur le procédé, on vous dit que vous êtes de mauvaise foi. C'est trop balèze pour moi, tout ça.
Je vais donc me contenter de donner mon opinion, Dieu sait si elle est vraie, j'essaye seulement de faire en sorte qu'elle soit cohérente puisque, n'étant pas scientifique, je me crois astreint à une exigence de cohérence.
Les cours d'éducation sexuelle, je m'en souviens très bien, j'en ai eu au collège, il faudrait que je regarde mais c'est un détail, sans doute dans les premiers qui ont existé en France.
Je n'ai pas aimé, je ne crois pas que cela m'ait fait un bien quelconque et je suis contre.
Ils avaient confié cette tâche à la prof de sciences nat'. On a donc eu droit à un cours de tuyauterie. Il y avait déjà des Hans dans l'Education nationale, faut croire, donc tout devait passer par la Science.
La réaction des élèves ? Rires généralisés.
Je rappelle - cela les scientifiques l'ignorent - que le fait de rire peut résulter de ce que ce que l'on dit est drôle, ou de tout autres causes. Là, c'était je crois de tout autres causes. Naturellement, la prof de sciences nous a demandé de cesser de rire, ce qu'elle disait n'étant pas drôle (ce qui est, en effet, c'était glaçant). Elle nous expliquait qu'elle parlait de nos bites et de nos chattes, nibards, etc. comme elle parlait naguère de l'oesophage ou du poumon, et qu'elle ne nous avait pas vu rire dans ces cours-là.
Comme si ma bite, quand j'ai 13 ou 14 ans, était la même chose que mon sternum ! Comme un 53, dans une colonne de statistiques est la même chose que le 37 un peu plus bas, tout raboté, tout neutralisé, tout "scientifique" !
Je n'ai établi jusque là que le fait que ceci m'a déplu et continue de me déplaire, mais j'ai ajouté que je suis contre, ce qui est autre chose.
Je suis contre parce que je ne crois pas que ce soit un objectif de l'école. Celle-ci doit, et cette oeuvre devient de plus en plus difficile (si j'en crois les statistiques!) de transmetre le savoir, la connaissance, la culture. Donc les mathématiques, la physique, les sciences de la vie, la littérature, l'histoire, la géographie, les langues étrangères vivantes ou mortes, l'art : le Savoir.
Ce n'est pas son rôle de s'introduire dans vos maisons et de régenter la vie familiale et intime. Par exemple, la bouffe, c'est important, mais je suis contre les cours de cuisine à l'école : ça existe en Angleterre, par exemple, et en France on entend parfois des cuisiniers expliquer qu'il faudrait donner des cours à l'école, eh ben je suis contre : j'adore manger et je ne nie aucunement l'importance de savoir faire la bouffe, mais c'est pas le boulot de l'école. J'aime bien baiser aussi et je n'en nie aucunement l'importance, mais c'est pas le boulot de l'école.
(Sur ces deux exemples ma position est nette. Pour l'éducation physique et l'informatique, par exemple, je suis contraint d'avoir une position plus modérée. Pour la dernière, je peux penser d'abord que ces petits cons passent assez de temps à la maison devant leur ordi pour ne pas en remettre une couche à l'école, mais Internet est aussi un instrument au service du savoir).
NB : remarque finale pour éviter les malentendus : ce que je dis de négatif sur "la science" ne vise pas celle-ci comme telle, mais l'usage malhonnête qui en est fait par certains, malhonnête aussi bien dans les moyens que la fin (qui est de terroriser, et non d'éclairer). Je pourrais dire la même chose de la théologie, qui est en soi un exercice respectable, mais qui devient odieuse entre les mains de gens qui ne sont là que pour terroriser, rendre inutile ou vicieux un débat. Hans ou Emain, ce sont des UPN de la science, des types qui se planquent derrière elle pour gérer des manoeuvres médiocres et "intéréssées", dans le sens vulgaire de ce terme.