Le neurologue Xavier Ducrocq rétablit la vérité médicale sur le cas Vincent Lambert.
Qui peut croire à une fin de vie qui s’éternise depuis six ans ?
Vincent Lambert n’est pas un « symbole » , mais une personne. Marié, père d’un enfant, sévèrement handicapé depuis un accident de voiture, en 2008. Il est lourdement paralysé et surtout en état de conscience altérée - c’est-à-dire que nous sommes incapables de préciser son niveau de conscience, parce qu’aucun code de communication fiable ne le permet. Pourtant, Vincent Lambert respire seul, il a des cycles de veille et de sommeil, tourne la tête, vocalise parfois, agite la jambe gauche. Il réagit à la présence de ses proches. Il est même capable de déglutir un peu de nourriture. En 2013, Vincent a résisté à trente et un jours de privation de toute nourriture, avec une hydratation minimale. Si bien que pour recommencer, dans quelques jours, on assortira cette privation d’alimentation d’une sédation profonde, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Au nom de la loi !
Arrêter ses traitements ? Ceux qui lui sont dus depuis la circulaire ministérielle du 3 mai 2002 - unité spécialisée, kinésithérapie, ergothérapie, orthophonie, stimulations sensorielles, mise au fauteuil, sorties en famille… -, c’est depuis six ans qu’ils sont arrêtés. Et en plus, Vincent est enfermé à clé dans sa chambre, ses visites restreintes, ses sorties interdites. Ses parents, depuis six ans, doivent déposer leur carte d’identité pour être autorisés à entrer dans sa chambre. Y a-t-il là autre chose que de la maltraitance sur personne vulnérable ? Le CIDPH ne s’y est pas trompé.
Une cinquantaine de spécialistes des personnes en état de conscience altérée faisaient savoir au tribunal administratif de Châlons-en-Champagne que les conditions d’une évaluation correcte de l’état de Vincent Lambert n’étaient pas réunies. En vain ! Enfin, Vincent Lambert, infirmier censé ne pas ignorer la loi datant de 2005, n’a jamais rédigé de directives anticipées. Il n’a pas voulu faire connaître sa volonté de façon certaine. Que d’incertitudes pour décider, blouses blanches et robes noires réunies, d’une mort certaine. Pourquoi tant d’acharnement à maintenir son incarcération et à refuser son transfert ?