C'est pourtant une vérité immuable. C'est quand tu arrives à payer ta bouffe, tes impôts
et ton loyer avec tes propres revenus, que tu peux envisager d'acheter un téléphone portable.
Le problème de la Grèce c'est que les coupes ont été si fortes qu'elles ont affaibli ses capacités à générer des revenus.
Probablement y compris si la fraude à la TVA et le travail au black étaient considérablement réduits.
Dans ton exemple c'est comme si le prix du portable augmentait tous les mois. Mais que tes capacités
à économiser elles, étaient soit stables, soit de moins en moins importantes.
Maintenant, quelle était l'autre solution ? Continuer comme avant ? Faire des réformes à la françaises, ouvrir les magasins le dimanche ?
Le pays avait besoin d'une purge. Je ne me réjouis pas de la détresse des grecs, mais en même temps, comment peux-tu plaindre une population qui a vécu si longtemps sur un tapis volant, grâce à ton pognon, tout en déclarant aux impôts une fraction de ce qu'il gagnait ? Et tu m'accorderas que c'est l'argument que j'ai développé dans l'extrait que tu as quoté.
En résumé, les fonds que les citoyens européens ont investi dans le budget grec s'est volatilisé, en grande partie essentiellement par ce biais.
On peut avoir deux niveau d'analyse. La question spécifique de la dette grecque. Et le contexte dans laquelle elle se place.
Le problème de la dette grecque, c'est aussi (voire surtout) le problème du déséquilibre structurel entre les pays européens.
Déséquilibre que l'Euro n'a non seulement pas prévenu, mais a même accentué. Au-delà même de la question du "sérieux"
de tel ou tel gouvernement. C'est ce problème du déséquilibre en Zone Euro qu'il il faudra absolument poser sur la table
une fois la situation grecque réglée. Et ça ne peut pas venir de l'Allemagne qui n'a pas vraiment à se plaindre de cette situation.
C'est donc le rôle de la France... le jour où on aura un gouvernement digne de ce nom.
Quand aux investissements des citoyens européens tu parles de quoi ? Avant la crise, personne n'a obligé des épargnants
ou des entreprises à acheter de la dette grecque pour les beaux yeux du pays. Il s'agissait d'un produit financier comme
un autre, avec comme toute obligation un profil spécifique de risque / rendement. Si on a racheté cette dette c'est pour
éviter à ces établissements financiers de lourdes pertes.
Quand aux négociations, non je ne trouve pas que la Grèce a fait pire que la Troïka. Cette dernière lui a imposé des plans
dont les prévisions se sont trouvées fausses, pas une fois, ni deux, ni trois, mais bien 5 ou 6 ! C'est logique qu'au bout
d'un moment il y ait une réaction. Tu parles des revirements ou attitudes étranges de Tsipras. Mais que dire de la Troika
qui promettait un jour qu'en cas d'excédent primaire la dette serait renégociée, et dit non le lendemain.
Qui à deux doigts d'un accord revient sur ce qu'elle avait accepté la veille ? Ou bien qui n'est pas foutu de s'entendre
entre créanciers sur la stratégie à suivre.