Même s'il apparaît clairement aujourd'hui que les fours crématoires étaient parfaitement distincts du reste du camp, quelle conclusion pouvaient tirer les officiers d'intelligence américains de ces photos en 1944, alors qu'ils n'avaient jamais vu un camp de concentration de près ?
Fais pas l'andouille, le sujet ne s'y prête guère. Tiens,un peu de lecture, édifiante.
Le 23 mars 1943, le directoire de la résistance civile en Pologne annonça qu'à Auschwitz-Birkenau, un nouveau four crématoire - en l'occurrence le crématorium IV - "traitait" environ trois mille personnes par jour, dont la grande majorité étaient des juifs. Cette information, transmise à Londres par Stefan Korbonski, un résistant polonais, parut en avril 1943 dans un bulletin, Poland Fights. Elle fut étayée par le rapport d'un émissaire de la Résistance polonaise qui avait séjourné en Pologne, notamment à Oswiecim (Auschwitz). Aussi, le 27 avril 1943, le docteur Ignacy Schwarzbart, membre du Conseil national polonais et représentant du Congrès juif mondial, adressa-t-il un rapport à la délégation des juifs polonais des Etats-Unis, dont les Britanniques et le gouvernement américain eurent connaissance très rapidement. Mais, devant le manque de réactions, Smuel Zygelbaum, membre du gouvernement polonais réfugié à Londres, se suicida pour attirer l'attention sur la liquidation des derniers juifs du ghetto de Varsovie.
Plus tard, durant l'été 1943, Washington et le Foreign Office reçurent des indications très précises sur le processus de mise à mort à Treblinka et des chiffres tout aussi précis sur le nombre de personnes exécutées à Auschwitz-Birkenau jusqu'en décembre 1942 (640 000 personnes exécutées, dont 65 000 Polonais, 26 000 prisonniers de guerre soviétiques et 520 000 juifs). Tout au long de l'année 1943, le flot d'informations sur Auschwitz ne s'est pas tari. Un nouveau rapport, signé du nom de code Wanda, est transmis par le service de renseignement militaire polonais en décembre 1943. Parvenu à Londres en janvier 1944, il est remis à l'officier de liaison des Etats-Unis auprès des gouvernements alliés en exil et à l'OSS. Il affirmait que, jusqu'en septembre 1942, 468 000 juifs non enregistrés avaient été gazés à Auschwitz-Birkenau et que, durant les six mois suivants, 60 000 juifs étaient arrivées de Grèce, 50 000 de Slovaquie et de Bohême-Moravie, 60 000 de Hollande, de Belgique et de France, et 11 000 d'autres régions. Le rapport précise que 80 % des nouveaux arrivants étaient gazés.
Face à un tel afflux de nouvelles concordantes et sous la pression d'un nombre croissant d'Américains favorables à l'action, le président Roosevelt créa par ordonnance, le 22 janvier 1944, le Bureau d'aide aux réfugiés de guerre, chargé de prendre "toute mesure compatible avec sa fonction pour sauver les victimes de l'oppression ennemie menacées de mort imminente" et de fournir "secours et assistance à condition que cela n'entrave pas la poursuite de la guerre". Roosevelt prononça, le 24 mars 1944, une déclaration dénonçant le meurtre systématique de civils par les nazis, mais qui reléguait "l'extermination systématique des juifs d'Europe" au 4e paragraphe. Cinq jours plus tôt, l'entrée des troupes nazies en Hongrie avait marqué le début de la déportation vers Auschwitz de 437 000 juifs hongrois entre mai et juillet 1944 - soit 154 trains en 54 jours. Le Bureau d'aide aux réfugiés de guerre démontra son inaptitude à éviter l'un des épisodes les plus sombres de la destruction des juifs d'Europe.
http://www.lemonde.fr/shoah-les-dernier ... 41295.html
On peut également ajouter que les flammes sortant des cheminées des K II III IV V étaient visibles de nuit à 10 km, donc possiblement depuis un avion de reconnaissance. Sans parler des fumées incessantes.
En outre, je n'ai jamais entendu dire que les fours crématoires aient servi à des exécutions.
C'est que tu connais mal la question. Les Krématoriums étaient des complexes incluant salle de déshabillage, chambre à gaz et fours. Je t'ai posté une maquette en lien (celle qui est en exposition à Auschwitz I) qui montre très distinctement les deux salles souterraines et les fours en surface.
Même avec ces éléments, en quoi les alliés auraient ils du changer leurs plans?
Il faut emettre ces informations dans un contexte global où il y avait des informations multiples venant de toute l'Europe, sans oublier les informations tout aussi crédibles mais moins alarmistes. C'est facile d'extraire dix ans après deux pages d'un rapport parmi des centaines, voire des milliers de rapports sur des faits de guerre.
Au fait, comment vous faites pour envoyer en 1943 un avion de reconnaissance en Pologne? Et à la bonne heure?
Vous avez visité Auschwitz, les alliés ne l'ont pas visité avant 1945.