Pour revenir rapidement sur Newton il n'est pas du tout choquant de distinguer ses activités d'ordres philosophiques ou spirituelles de ses activités scientifiques, elles ne procèdent pas du même domaine.
Certainement. Mais l'on n'est pas sûr que cette distinction existait dans l'esprit de Newton. Tous ses délires astrologiques, occultistes, rosi-cruciens et autres superstitions de même farine, je ne suis pas convaincu qu'il les séparait du reste. C'est nous qui les séparons.
Ce mouvement (ce divorce dans la pensée) est un très long processus, une forme d'ascèse, qui n'est pas achevé avec Newton, qui restait un homme du 17ème siècle.
Si la curiosité est la même, je ne pense pas que les méthodes et l'approche adoptée par Newton soient identiques pour chacun de ses domaines d'étude. Encore une fois ça ne me choque pas qu'on puisse considérer que Newton tenait certaines choses pour acquises -des choses issues du domaines de la croyance, du domaine de la foi- et qu'il considérait par ailleurs que l'étude de la nature du monde physique puisse procéder d'autres moyens.
Par rapport à votre exposé précédent (auquel je n'aurais rien à reprendre, à part l'appréciation trop unilatérale du rôle de l'Egise, mais Sinistre l'a déjà dit (1), on peut mentionner aussi que la distance avec Aristote, cela voulait dire aussi renoncer à un savoir total, à un système embrassant tout, à l'Unité de la science. "La science" (moderne) apparaît quand le savoir éclate dans des multiples disciplines devenant de plus en plus étrangères les unes les autres.
Le dernier "honnête homme" à pouvoir maîtriser l'ensemble du savoir est peut-être Leibniz. Après, ce n'est plus possible et ça l'est de moins en moins. Et aujourd'hui on entend des chimistes ou des physiciens vous expliquer qu'ils ne comprennent à peu près rien à ce que fabrique le chimiste ou le physicien dans le labo d'à côté.
(1) Il n'a pas mentionné le fait qu'il peut y avoir une forte incitation à la science, dans la religion. Après tout, sonder les mystères de la Nature, c'est encore une manière de rendre grâce et hommage à la majesté et la sagesse du Créateur. Une connaissance plus aigüe nous convaincra encore plus de la Merveille que représente son oeuvre, si un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup de science y ramène et toutes ces sortes de choses....
Je voulais être sûr que nous discutions bien de la même chose, c'est pourquoi j'ai plutôt chercher à axer ma démonstration sur la méthode scientifique plus que sur la science au sens large. Pour le reste si vraiment l'église aurait voulu creuser le fond des choses elle s'en serait donné les moyens, nulle doute alors que les propos de Galilée auraient pu être entendus. Aujourd'hui encore, la seule activité à valeur scientifique au Vatican est liée à leur observatoire astronomique; le matériel et plutôt vieillot et les programmes anecdotiques.
Il existe bien une Académie Pontificale mais elle ne produit rien en terme de recherche scientifique, ça ressemble plus à un genre d'amicale de chercheurs cathos.
Ce n'était pas à elle de creuser, mais à l'impétrant*, précisément.
On n'a quand même jamais vu un jury faire le taf du candidat.
* à dessein