Il faudrait, d'ailleurs, être complétement à la ramasse pour dénier la place de l'Eglise catholique romaine dans l'émergence de la pensée scientifique devenu, aujourd'hui la norme.
A quel niveau?
La rationalité, l'argumentaire, la dispute et la notion de fait.
Dans son souci d'universalité et d'infaillibilité, l'Eglise romaine a eu a coeur de ne cesser de démontrer et la vérité des faits* et une unicité dans leur interprétation**. Le travail intellectuel fournit par les théologiens a été de qualité, s'appuyant, d'ailleurs, sur une relecture dès le moyen âge central, des auteurs grecs.
le souci d'exactitude qui était le sien à amener l'essor des universités, tout d'abord pensé à l'usage et la promotion d'un savoir au service de l’église catholique romaine... mais qui progressivement en a pris de la distance et s'est avéré, avant tout, un lieu d'érudition, de savoir et de pensée.
En celà la critique "d'obscurantisme" de l’Église est infondé puisqu'elle est l'institution majeure de protection, de relais et de gestation de l'intelligence jusqu'à la renaissance.
Et je ne parle même pas là du haut moyen âge ou un certains nombre de monastères étaient les seuls flambeaux de culture intelectuelle dans un univers ou celle-ci s'était effondrée ou du moins avaient subis un replis.
Cette question du géocentrisme est d'ailleurs un fait particulièrement monté en épingle, la résistance au changement dont a pu faire preuve l'ECR n'était pas très différente de celle dont les corporations et les universités on pu faire montre face au principe de mouvement du sang ou même l'hygiènisme.
La renaissance et la contre-réforme marque un retour arrière et le passage sur une posture défensive face à l'arbitraire des interprétations personnelles du protestantisme mais, même là, il est très discutable de considérer que l’Église romaine était pire que ceux à qui elle s'opposait à savoir les luthériens et les calvinistes.
Pour conclure, si l'on veut juger, moralement, une institution qui s'étend sur deux millénaires, il faut alors embraser tout ce qu'elle a produit, tout ce à quoi elle a contribué et non se baser sur un détail pour, ensuite, généraliser à sa globalité. Ou, alors réduire son jugement a une période donnée. Pour ma part si je devais porter un jugement sur l'apport de l'ECR sur l'élaboration de la pensée intellectuelle et la rationalité de l'humanité, je ne pourrais que conclure à une contribution majeure, et positive de celle-ci sur l'ensemble de sa durée.
* Elle se distingue d'ailleurs, en celà, de la manière de voir la religion dans l'antiquité. La fable était la norme et ne prêtait guère à discussion puisque les dieux étaient opératifs, il s'agissait d'effectuer les rites non d'adhérer à un dogme.
** les conciles, d'ailleurs,avec cette volonté d'arbitrer et donc d'argumenter autour du dogme étaient des lieux des viviers de réflexions et d'intelligence par la nécessité absolu de sérier une, et une seule, vérité.
Oui, completment d' accord avec vous, on peut meme aller plus loin en soutenant que la religion chretienne porte dans son essence même les germes de son autodestruction, la matrice chretienne a engendré la modernité occidentale, cette matrice et ce substrat - eux-mêmes influencés par le judaïsme et le platonisme, dont dans un premier temps, elle s' est émancipée avant in fine de se retourner contre elle.
Ce n' est pas le fruit du hasard, si la modernité et ses valeurs fondamentales de raison critique sont nées en Occident et pas en Asie, c 'est surtout parce que l' Occident était chrétien, et que la chrétienté a été le détonateur de la rationalité , ainsi que les notions d' égalité , de fraternité , et du respect de la dignité humaine.
'' Le Christianisme est la religion de la sortie de la religion''.