Michel Houellebecq, Michel Onfray. Deux esprits qui n'ont pas en commun seulement le sobriquet de « réacs » dont les affuble la gauche médiatique. Ils sont, chacun à leur manière, les haruspices de notre décadence. Ils auscultent les entrailles de notre civilisation avec franchise et clairvoyance . Ils sont aussi très différents. Onfray est un taureau. Un torrent au débit régulier. Ses propos sont tranchés, parfois abrupts mais la rhétorique est précise, les phrases s'enchaînent sans jamais d'hésitation. Le philosophe autodidacte à l'énergie surabondante débite sa pensée qui coule, fluide et bouillonnante comme un sang chaud. Comme lui, Houellebecq est un esprit ample, capable d'avoir un avis aussi bien sur Joseph de Maistre (« J'aurais bien aimé qu'il soit là au moment de Vatican II ») que sur le Seigneur des anneaux (« brillant et techniquement parfait »). Mais il est plus flegmatique, plus détaché. D'un côté le désarroi tranquille, le pessimisme un peu débonnaire « « après-moi le déluge » de Houellebecq, de l'autre la force d'indignation, la colère plus militante d'Onfray.
https://www.lefigaro.fr/vox/culture/michel-houellebecq-michel-onfray-conversation-au-bord-de-l-abime-20221129