Ça serait aux médecins de se débrouiller à surveiller leurs comptes, détecter les non-remboursements,
se démerder avec leur comptabilité et de tous les problèmes des uns et des autres, en gros faire une part du boulot de la sécurité sociale
Si je comprends bien lorsque c'était le patient qui était emmerdé et devait relancer la sécu en cas d'erreur, ça ne les dérangeait pas trop.
Maintenant que ça les concerne, c'est scandaleux, et ils pénalisent ces mêmes patients pour faire valoir leurs intérêts ?
Là je ne comprends pas tout de tes remarques, faut pas confondre la situation provoquée par la grève et la situation courante projetée par la réforme du ministère de la santé.
Jusqu'à présent c'est à l'assuré de diligenter les démarches nécessaires pour, par exemple, présenter une carte vitale à jour à défaut de cela il repartait de chez le médecin avec une feuille de soin papier, charge à lui d'être remboursé lorsqu'il avait réglé sa situation. Idem pour la partie mutuelle, c'est à l'assuré de veiller à ce que sa mutuelle se déclare bien destinataire des transmissions auprès de la caisse concernée, sans quoi l'assuré ne reçoit qu'une fraction du remboursement.
Sans connaitre tous les détails, je pense que la présentation d'une carte vitale soit disante "à jour" ne garantit pas que les deux fractions d'un remboursement santé vont parvenir. Non seulement en France il y a plusieurs caisses mais il y a aussi de fréquents changements de mutuelle (400 mutuelles en France), de taux de garantie, bref une multitude de situations à multiplier par le nombre des patients, des ayants-droits etc...
En plus de ce que je vois, il semblerait que le tiers-payant soit prévu aussi dans le cas où il n'y a pas de carte vitale (ou qu'elle ne fonctionne pas), c'est à dire que la consultation donne lieu à l'établissement de l'ancienne feuille de soins papier.
Voir les commentaires issus de la mise en place d'un observatoire du tiers payant, en prévision de cette réforme:
http://www.legeneraliste.fr/actualites/ ... urs_258271
Tout ce merdier administratif, on le reporte donc sur le médecin avec le tiers-payant en leur disant démerdez-vous. Mais les médecins ne veulent pas ou ne peuvent pas transformer leur cabinet en centre de recouvrement de créances, ni en bureau d'assistance sociale décentralisée. C'est peut être aussi pour eux l'occasion de révéler l'inadaptation du système, ou de réclamer la mise en place de structures qui n'existent pas afin de régler les situations particulières ou de garantir le paiement.
Et puis c'est quoi cet argument de "fonctionnaires de la sécu" ? Qui est-ce qui leur garantie leur "clientèle" sinon cette même sécu ?
Dans quel pays les organismes de santé (publics ou privés) qui remboursent les soins n'obligent pas les médecins à suivre certaines règles ? Sachant que sans avoir la certitude d'être remboursé, qui va aller les consulter ?
Bien sûr que c'est la sécu et son caractère obligatoire qui permet à la médecine de vivre et de s'enrichir. Pas d'inquiétude, le gouvernement ne va pas remettre ça en cause. Par contre jusqu'à présent dans ce système chacun est à sa place: les caisses et les mutuelles font leur boulot et le médecin fait de la médecine.
Quant au "travail de comptabilité"... Quand un médecin se fait payé par chèque ou CB il n'y a jamais d'erreurs ?
Il n'a pas un boulot (perso ou délégué) de vérification et de suivi comptable à faire ? Dira-t-on que du coup il fait une partie
du boulot de sa banque ? bien sûr que non.
Je pense que le travail qui est mis à leur charge va très au delà du chèque sans provision laissé par le patient. Il est bien plus complexe et c'est sans doute pour cela aussi qu'il est réclamé une revalorisation de la consultation, afin de payer le personnel nécessaire au traitement de tout cela.
Dans cette réforme, je crois qu'on assiste aussi à un transfert des travaux d'administration des caisses vers la médecine libérale. Les caisses n'ont plus de fric, les médecins sont censés en avoir davantage alors on leur refile une partie du boulot. C'est assez constant à notre époque que les institutions autrefois bien centralisées s'éparpillent dans tous les sens, avec superposition des interlocuteurs, déplacement de la charge de travail ailleurs et je me demande si cette réforme n'illustre pas une fois de plus le mouvement d'une certaine démission de la notion de service public, transférée sur le monde privé de la médecine qui participe néanmoins à tout le système.