@Eukini
Je savais que te répondre allait me prendre du temps. J’ai donc un peu attendu, et j'ai rédigé cela sur deux jours pour pas que ce soit trop gonflant pour moi.
I) Les erreurs de bon sens selon moi dans ton paragraphe.
1) Cela n’a pas de sens de parler de diaspora minoritaire. C’est un pléonasme. Les juifs n’étaient pas dans les arcanes du pouvoir tout simplement parce que leur mentalité était différente. C’est leur foi qui était honnie. Le Nouveau Testament est continuité de l’Ancien.
Quiconque en reste à l’Ancien, en reste au moins important.
Parmi la mentalité juive, on peut distinguer trois traits qui les ont toujours opposé à nous : leur obéissance à la Loi = Torah, leur attachement à leur race qui confine à l’exclusion de l’autre, et leur volonté de domination qui se trouve dans le principe de l’élection divine.
Les chrétiens au contraire produisent de l’éthique, c'est-à-dire non plus besoin du commandement pour savoir où se trouve le bien et le mal. Ils sont universalistes, c'est-à-dire contre la loi de la race. Le christianisme s’est adressé à tous, et non seulement aux juifs, ou aux grecs. Enfin le christianisme est la religion de l’amour. L’autre n’est pas discriminé, en fonction d’une quelconque élection ; tous nous recevons la grâce qui est don gratuit de Dieu.
Un chrétien qui aime les juifs est un mauvais chrétien, non pas parce qu’il fait preuve de générosité, mais parce que le christianisme est une révolution complète par rapport à la mentalité juive. La séparation entre juif et Gentil est pour nous la pire des aberrations. Elle ne vient pas de la Torah, mais de son commentaire, le Talmud.
2) Ce n’est pas parce qu’ils étaient minoritaires qu’ils sont devenus diaspora. C’est parce qu’ils sont juifs, donc très attachés à leur race qu’ils sont devenus diaspora en pays étranger, et ne se sont donc pas assimilés. Moses Mendelhsson lorsqu’il appelle les juifs à sortir de leur ghetto, leur demande de s’assimiler dans la nation dans laquelle ils vivent. Mais cela est totalement contraire à l’identité juive. Le juif doit vivre en exil en attendant le retour sur la terre sainte. S’assimiler, c’est oublier qu’on vit en exil, puisque l’on trouve alors un nouveau foyer.
C’est propre à ceux qui sont très attachés à leur race de survivre à l’étranger en tant que diaspora. Les chinois sont par exemple très influents dans l’Asie du sud – est. Ils sont une minorité économique influente en Thaïlande, en Malaisie. Il y a 75 % de chinois à Singapour. Les taïwanais ne sont pas taïwanais mais chinois de Taïwan. Je rappelle la formule de Deng Xiaoping lorsqu’on Hong Kong est devenu une cité spéciale chinoise alors que cela fait 150 ans qu’elle était séparée de la Chine : « un pays, deux système ». De la même manière, pour Taïwan par rapport à la chine : « un pays, deux systèmes ». On pourrait traduire « pays », par « nation ».
3) Il y a un énorme contresens dans ton propos ; c’est la méconnaissance de l’identité juive transmise par leur religion. Par une comparaison avec l’autre diaspora comme l’albanaise, la chinoise, l’arménienne, l’allemande, tu aurais pu en revenir à l’essentiel.
Se regrouper en diaspora c’est vouloir conserver son identité d’origine, son identité transmise par le sang, au détriment de la nouvelle identité qui s’inscrit dans le sol. C’est pour cela que chez les allemands, les juifs, … le droit du sang est beaucoup plus important que le droit du sol. Leur identité est attachée à leur sang, puis à leur terre, d’où la volonté chez les juifs de retrouver l’eretz israel par l’alya, ou de travailler pour sa terre à l’étranger. Ce sont les mauvais juifs qui s’assimilent, les moins attachés à leur religion.
Il y a donc concurrence entre l’identité d’origine et l’identité nouvelle, celle du pays d’accueil. Un juif s’enrichit dans son pays d’accueil, comme un chinois ou un allemand pour ensuite en revenir à son pays d’origine. C’est pour cela qu’en période de regroupement des marchés à l’échelon international comme aujourd’hui, les principaux investissements chinois vont … vers la Chine. Ils viennent de la Malaisie, de Singapour, de Taiwain, … .
Il faut bien comprendre que cela est un choix, et que cela a un coût. Un juif qui investit en Israël x euros, est un juif qui n’investira pas ces x euros, en France. Une diaspora vise à constituer une communauté, c'est-à-dire un Etat dans l’Etat pour servir ses propres intérêts. C’est pour cela qu’on parle de lobby juif en France ou aux Etats – Unis, comme on pourrait parler de lobby chinois en Malaisie.
4) Un Bernard Henri Levy et un Jacques Attali ne sont pas des traitres pour eux ; ils sont juifs avant d’être français. Et c’est cela l’important, il y a hiérarchie entre les identités. De la même manière, je suis catholique avant d’être français.
La plus grosse fiction actuelle est celle de l’égalité. La bi-nationalité est une imbécillité. Elle tend à laisser penser qu’un métis quel qu’il soit appartient autant à sa nation d’origine, qu’à sa nation d’accueil. Or le métis, par définition est étranger partout parce qu’il n’a pas tous les caractères soit de sa nation d’origine, soit de sa nation d’accueil.
C’est par un choix fort, qu’il peut compenser cela. En reniant soit son origine, soit son identité d’accueil, il devient plus digne de sa nationalité d’accueil ou d’origine que n’importe quel tenant de celle – ci. Pourquoi ? Tout simplement parce que son choix fut avant tout abandon de certains caractères ; il a payé un lourd tribut pour devenir ce qu’il est.
5) ce qui vous fait peur dans l’immigration musulmane, c’est le remplacement, c'est-à-dire à long terme le changement d’identité de la France. C’est une question démographique ; les musulmans ont une fécondité plus importante que les autres français, donc leur part dans la population tend à augmenter.
Si celle – ci augmente, il devienne une minorité de plus en plus nombreuse. Dans un régime où c’est le nombre qui permet d’être influent, ils vont donc le devenir de plus en plus électoralement. Les politiques se soucieront alors de plus en plus de leurs désidératas.
Cela est bien joli. Mais si nous risquons d’aller vers l’affrontement, c’est justement parce que vous vous dites démocrates, mais que vous ne l’êtes pas. Les musulmans qui sont aujourd’hui 10 % de la population française environ, n’ont pas plus de pouvoir et d’influence qu’il y a 50 ans. Ils sont tellement peu influents qu’ils n’ont pas le pouvoir d’obtenir des revendications totalement secondaires et dénuées de sacrifice pour l’autre telle que la viande hallal ou le port d’un foulard dans une rue.
C’est pour cela d’ailleurs que ces gens se sentent exclus. Ils sont aujourd’hui traités comme des ennemis de l’intérieur de la République. Leur seul droit est de se taire, au nom de principes républicains tel la laïcité. Ces messieurs – dames à qui on laisse l’opportunité de la bi-nationalité, c'est-à-dire de se souvenir de leur identité d’origine sont priés quand même de s’assimiler. Il y a contradiction.
Les juifs qui ne sont pas plus que 100 000 en France ont bien plus d’influence et de pouvoir. Ils sont très représentés dans les média, dans les élites. Il est plus dangereux aujourd’hui de s’en prendre à la communauté juive aussi peu nombreuse soit elle, qu’à la communauté musulmane qui doit être de l’ordre de 7 à 8 millions.
Il n’est d’ailleurs pas très courageux de ta part de t’en prendre aux musulmans ; bien que 700 ou 800 fois plus nombreux que les juifs, ils sont bien moins influents ! C’est d’ailleurs une dérive anti – démocratique.
II) Tes contradictions. Et les solutions que j’y apporte.
6) A) Première contradiction.
Il faudrait considérer le français juif comme seulement français selon toi, mais considérer le français musulman comme seulement étranger. Il y autant concurrence entre les identités chez le juif et chez le musulman. Le conflit est d’ailleurs même triple chez le musulman, alors qu’il est seulement double chez le juif. En Israël, un ressortissant du pays s’appelle … un juif et non pas un israélien ; l’identité religieuse et nationale sont donc confondues ! Pour le musulman il y a confrontation entre l’identité du pays d’accueil c’est à dire la France, identité du pays d’origine c'est-à-dire l’Algérie ou le Maroc en général, et identité religieuse.
Le problème est que l’identité musulmane n’est pas très compatible avec l’identité française, contrairement aux anciennes vagues d’immigration polonaise, italienne et espagnole qui sont tous des catholiques. Notre mentalité est imprégnée de catholicisme ; cela provoque un choc culturel avec l’identité musulmane. A cela s’ajoute le déni d’identité français, à savoir la laïcité qui a vidé de sa substance notre identité : être français n’est plus être catholique, mais être républicain. On demande aux musulmans, le même déni ; on leur demande de devenir républicain, au détriment de l’islam.
B) seconde contradiction.
Soit on défend l’idéal républicain c'est-à-dire le règne de l’individu seul face à l’Etat, soit on défend la possibilité de s’assembler en communauté que ce soit religieuse, professionnelle ou autres face à l’Etat.
Une diaspora vise à devenir soit une communauté politique reconnue qui défend ses intérêts, soit une communauté non reconnue mais qui les défend quand même. Moins on est nombreux, plus il est facile d’obtenir un consensus. Plus on est riche et plus on a du pouvoir, plus on est influent. Paradoxalement, il est donc plus facile d’avoir une communauté juive, qu’une communauté musulmane. Cette dernière n’est pas du tout monolithique et ne dispose pas de chef permettant l’émergence d’une communauté politique.
La cooptation de faux dirigeants est d’ailleurs une dérive actuelle. Il ne fait pas du tout partie de leur identité de se choisir un représentant. Hassan Chalghoumi et le CFCM sont des gens cooptés par l’élite républicaine. Ce sont des toutous, des faux représentants, comme Frigide Barjot fut une fausse représentante du mouvement opposé à la loi du « mariage pour tous ».
Ce qui pose problème, c’est la concurrence entre les identités pour les républicains. Ainsi avoir une communauté musulmane serait avoir un Etat dans l’Etat proche d’un Etat étranger, autrement dit la formation d’une diaspora. Le tolérer pour les juifs et non pour les musulmans, c’est contradictoire.
D’ailleurs les gouvernants n’acceptent aucune communauté qui puisse s’instituer face à l’Etat. C’est pour cela que la loi 1901 sur les associations comportait une exception. Les congrégations religieuses devaient demander l’autorisation d’exister. Emile Combes, radical laïc, n’en a autorisé quasiment aucune. Les congrégations dans l’Eglise deviennent des fédérations qui souvent dépendent de Rome. Ce sont des mouvements ayant une unité, soit centralisé, soit décentralisé. Autrement dit soit il y a une abbaye ou communauté chef, soit il y a une égalité, donc un conseil qui se réunit pour faire simple. C’est pour cela aussi que Combes les a réduites à néant.
C’est aussi pour cela qu’il n’existe plus de corporations c'est-à-dire de communautés professionnelles.
Pour résumer en un mot, toutes ses communautés seraient des contre – pouvoir effectifs à la domination des gouvernants par le biais de l’Etat. C’est ce qu’ils refusent absolument. Le règne de l’individu est celui de l’être isolé face à une immense machine bureaucratique. Etant isolé, il ne peut que se soumettre à la bureaucratie. D’où le fait que croisse l’arbitraire.
Je te donne quelques exemples.
Alpha) – l’individu isolé
1) Si la bureaucratie se trompe dans tes impôts, tu paies quand même un redressement fiscal. Cela s’appelle de l’arbitraire.
2) Si tu écopes du moindre petit casier, tu es obligé de te soumettre à un prélèvement ADN. Un délinquant c'est-à-dire quelqu’un qui a commis un délit qui refuserait cela, risquerait 15 000 euros d’amende et un an de prison. A
Beta) – la croissance de l’immunité de ceux qui sont influents et ont des pouvoirs
1) affaire Cahuzac. Quelle sanction ? Sarkozy ? Copé ? etc
2) Le chef de l’Etat est aujourd’hui au – dessus des lois. Il ne peut être jugé pour un délit ou un crime. Depuis la réforme constitutionnelle de 2008, même pour haute trahison, il ne peut être jugé, étant donné que l’article clair et précis de la constitution de 1958, fut abrogé au profit d’un article qui ne mène à rien.
7) Le mensonge inhérent à la décentralisation
Le mensonge de la décentralisation est important. Celle – ci est conçue comme transfert de compétences de la bureaucratie à l’échelon national, à la bureaucratie à l’échelon local. Si les fonctionnaires qui ont le pouvoir changent, le pouvoir reste quand même dans le giron des tenants de l’Etat. Qu’importe que ce soit les grands fonctionnaires qui décident, ou leurs subordonnés dociles ? Cela ne change pas grand-chose.
D’ailleurs cela s’accompagne du mensonge quant à la possible fédéralisation. Un Etat fédéral est un Etat dans lequel certaines compétences dépendent de l’échelon national qui à sa bureaucratie, et certaines compétences dépendent de l’échelon local le Lander qui a lui aussi sa bureaucratie. Autrement dit on a deux bureaucratie et non une. Ainsi une décide de certaines choses, l’autre décide d’autres choses. Les Lander en Allemagne ont tous un système politique propre avec parlement, constitution, … . Ils sont tous astreints au respect de la Loi fondamentale et le budget est peut être général : cela signifie qu’ils sont autonomes et non indépendants.
8) La décentralisation selon la tradition de droite.
La décentralisation maintenant selon la tradition de droite, représentée par Maurras par exemple, est le respect des libertés des corps autonomes, c'est-à-dire les villes, les corporations, … . On pourrait ainsi appeler liberté, privilège = lois privés. A chaque privilège correspond une responsabilité. Ainsi les corporations libres devaient assurer leur police. L’écueil dans ce système est ce qui arriva à la monarchie, c'est-à-dire devenir un enchevêtrement de pouvoir et contre – pouvoir qui paralyse totalement le système.
Quand Maurras parle de décentralisation, il veut en revenir à des corps indépendants face à l’Etat ayant des pouvoirs, c'est-à-dire la possibilité de faire certaines actions, mais aussi des contraintes, c'est-à-dire l’obligation de faire certaines choses.
Les lobbies sont aujourd’hui des associations informelles ayant du pouvoir, mais pas de contraintes. C’est pour cela qu’ils sont aussi puissants. N’étant pas formel, on ne peut leur assigner des contraintes.
Les syndicats, et autres institution de représentation, sont des systèmes noyautés en haut. Ils sont domestiqués, comme la noblesse sous Louis XIV était domestiquée depuis le haut en contrôlant les grands seigneurs. Quand on contrôle les grands pontes des syndicats, on contrôle leur clientèle, de la même manière que Louis XIV en contrôlant les grands seigneurs obtenaient la domestication de leur clientèle. Une corporation dans le système maurrassien qui reprend l’Ancien Régime a bien de plus de pouvoir qu’un syndicat. Le syndicat peut juste négocier, c'est-à-dire louvoyer tandis que la corporation contrôle le diplôme (aujourd’hui contrôlé par l’Etat tiens donc) c'est-à-dire l’accès à l’offre de travail.
Conclusion :
Tu peux très bien défendre :
- soit l’individu isolé face à l’Etat et alors t’opposer aux lobbies et aux diaspora qui sont des dérives.
- Soit la possibilité de communauté face à l’Etat et alors tu défends les communautés ethniques face à l’Etat. Les juifs, les musulmans, … peuvent avoir leur communauté, c'est-à-dire du pouvoir et des contraintes.
- Soit solution intermédiaire, défendre certains types de communautés face à l’Etat. Ex ; que les communautés non ethniques, comme communautés professionnelles.
NB : Il est bien sûr utile d’avoir des connaissances historiques. Celle – ci n’est que connaissance relative à la forme. Qu’est ce qui change ? Qu’est ce qui reste stable ? Qui a fait quoi ? Comment ? C’est donc travailler sur la matière.
La connaissance de fond, c’est la philosophie et théologie. C’est l’essence même des choses. C’est donc travailler sur le bon sens, c'est-à-dire l’outil.
Il est essentiel d’avoir une bonne matière et un bon outil pour faire un bon produit. Néanmoins l’outil reste plus important que la matière, car il peut servir tout le temps, est réutilisable.