« Il y a une trentaine d’années, Alain de Benoist eût son heure de gloire. Avec quelques penseurs et intellectuels issus du G.R.E.C.E., un cercle d’études d’une aryanité parfaite, il avait mis la main sur le Figaro Magazine et transformé ce journal en un brûlot de ce qu’on appelait alors la Nouvelle Droite. Cette dernière regardait en même temps du côté de la Grèce Antique et du Valhalla promis aux guerriers germaniques. Ce bonheur ne dura qu’un temps. Nombre d’annonceurs du Fig Mag firent savoir au propriétaire du magazine qu’ils ne voyaient pas pourquoi ils continueraient à financer avec leurs publicités un groupe d’individus adorateurs de la roue solaire et sensibles aux rites païens de la SS. Alain de Benoist et les siens furent donc priés d’aller porter leurs viriles paroles ailleurs, ce qui ne favorisa en rien d’éventuels penchants judéophiles chez ces rêveurs casqués. »
Je me souviens de cette époque. Le tournant des années 70-80, en gros. Tout était "nouveau", à l'époque. Le "Nouveau roman" (un peu antérieur, pour être tout à fait juste, de même la Nouvelle vague, au ciné), Le Nouveau romantisme (de Gonzague saint-Bris), la Nouvelle philosophie (Béachèle) et aussi la Nouvelle droite (Benoist). J'en oublie sans doute.
Sauf peut-être pour le Nouveau Roman, c'étaient des vieilleries mal repeintes, cela faisait irresistiblement penser à la vieille rombière qui veut jouer les jeunettes avec un maquillage outrancier, des jupes ras la teuch qui ne sont plus de son âge, etc.
Deuxièmement, cela n'a duré que ce que durent les roses, l'espace d'un matin.
Mais, pour la clarté du présent débat, je voudrais rappeler un élément sémantique que j'ai indiqué ailleurs, savoir l'ambiguité, dans notre langue, du mot "ancien". Qui peut signifier deux choses :
1) antérieurement (ici : antérieurement nazi, a former nazi, in english)
2) vieux (an old nazi dans ce même idiome)
Il y a des Madelin, des Longuet, qui sont des anciens nazis au sens 1) : ils ont été nazis, mais ils ne le sont plus. Il faudrait dire : des anciennement nazis, c'est moins joli mais c'est plus précis.
Par ailleurs, il y a aussi des vieux nazis, ce qui veut dire qu'ils le sont depuis longtemps.
J'avais mentionné cela au sujet de Schonhuber, le grand copain de Jean-Marie, dont on dit partout que c'est un ancien nazi, alors que c'est en fait un vieux nazi.
Il faut songer à cela avant de faire le parallèle rapide avec le FN. Maintenant, ils sont tous morts ou presque, j'imagine, mais au début, il y a 20 ans, il n'y avait pas seulement des anciens nazis, il y avait des vieux nazis.
Sur le plan moral (pour faire court), le régime ne sera pas le même, je suppose : l'ancien nazi se rédime, c'est un repentant revenu de ses erreurs et l'on peut y voir une forme de progrès. Ce qui le valorise, d'une certaine façon, accrédite sa sincérité. (Soral, au rebours, ne manque pas de rappeler qu'il est un ancien communiste, pour valoriser sa position actuelle : il est revenu d'une erreur, a fait un travail sur soi, il se rachète, etc.).
L'autre, le vieux nazi, reçoit l'appréciation contraire : la condamnation de celui qui persévère dans l'erreur, qui s'endurcit. Bref, comme disaient nos ancêtres lesRomains Pères de l'Eglise : errare humanum est, perseverare diabolicum
(Se tromper est humain, insister est diabolique).