J'étais un squelette à 20 ans, Jeannot. 60 kilos
Parfois même les filles m'hébergeaient tellement que je faisais pitié.
Pareil, j'étais sec comme un coup de trique à l'époque.
Ça m'arrivait de faire deux courses et un match de foot par week-end.
Quand t'arrêtes tout d'un coup et qu'en plus tu passes tes semaines au resto, ça fait mal à la ligne.
Je suis venu au vélo car très jeune je suivais le Tour de France lors des étapes alpines et pyrénéennes, et ce uniquement pour apercevoir les montagnes en arrière plan (pas d'internet à l'époque).
Et au fil des années j'ai de plus en plus apprécié la course en elle-même.
Et à partir de 16 ans j'ai utilisé le vélo pour préparer la condition physique dont j'avais besoin l'été en montagne. Souvent seul pendant des heures. Finalement j'avais anticipé sur ce qui se fit à partir de 93, c'est-à-dire ouvrir une étape du Tour aux amateurs.
Une fois, dans Vars, je me suis calé une borne dans la roue de Lemond alors chez Renault qui s'entraînait pour le dauphiné. Je le vois surgir dans la traversée de Melezen et hop, déjà très humble à l'époque, j'y prends la roue.
L'autre, sympa, en profite pour bouffer un peu, puis me prévient : "hey boy, quand village fini, nous rouler"
Bref, j'ai compris 300 m plus loin que j'avais mieux fait de privilégier les études.
Le vélo dans un col c'est la première leçon de vie.
Tu rajoutes le linceul des Jorasses en tête et José Tomas à Las Ventas, t'as vécu.