Attention, une croissance positive n’est pas forcément un signe de bonne santé. Si ma maison brûle, je la reconstruit, je consomme, je fais croître l’économie, mais entre temps, j’ai perdu une maison, c’est une croissance artificielle.
C’est ce qu’illustre le cas de la Lettonie comme l’explique l’article suivant. La baisse des dépenses en Lettonie illustre bien mon précédent point : elle a entrainé la récession la plus forte du monde, montant à 20%. Donc croître de quelques pourcents après en avoir détruit une vingtaine n’est pas un exploit mais plutôt une catastrophe.
La baisse du chômage s’expliquerait par l’émigration massive de ce petit pays (près de 10% de départs) et il reste quand même à près de 16%. Et je ne parle pas du reste, baisse du niveau de vie etc. Ca s’est passé dans un pays de 2 millions d’habitant avec une dette pré-crise de 10% du PIB. Alors il faut imaginer la « recette » lettone appliquée à un pays comme la France …
http://www.alternatives-economiques.fr/ ... 59762.html
Evidemment que la baisse des dépenses publiques entraîne une récession mais une récession temporaire et saine. Ta source, Alternatives-économiques, journal gauchiste par excellence, a l'air de se gausser du taux de chômage encore élevé de la Lettonnie en juillet 2012. Mais en septembre 2013 il était déjà à 11,9 avec une tendance fortement à la baisse. Donc ils peuvent se gausser mais la Lettonie est effectivement sortie d'affaire. Alors que la France est toujours bien profondément dans la merde.
C'est toi-même qui dit que la croissance n'est pas forcément bénéfique. Tu as tout à fait raison, et c'est précisément le cas de la partie du PIB financée par l'état. Tu sais que le PIB comprend le PIB marchand et le PIB non-marchand. Le PIB marchand correspond à la valeur des biens & services achetés volontairement par les consommateurs. Jusque là tout va bien. Chaque achat est volontaire donc le prix des biens & services correspond à leur valeur réelle. Mais pour le PIB non-marchand, c'est une autre histoire. Comme les "services publics" sont financés par l'impôt, on est obligé de calculer leur soit disant "valeur" par rapport à leurs coûts. Et c'est là que le bas blesse parce que ça ne correspond absolument pas à leur valeur réelle. Leur véritable valeur est largement inférieure. Par exemple, quand l'état finance telle ou telle association parfaitement inutile à 10 millions d'euros, l'INSEE considère que ça vaut 10 millions d'euros ! Mais en réalité, pour les français, ça ne veut rien du tout.
Donc quand la Lettonie a licencié 1/3 des fonctionnaires. Elle a perdu 20% de PIB non-marchand !! On s'en fout du PIB non-marchand. Il ne vaut rien.
Grâce à ces licenciements, l'état a libéré des ressources (des travailleurs) pour le secteur marchand. Et voilà que des dizaines de milliers d'ex-fonctionnaires se sont mis à produire de la VALEUR.
C'est ça le vrai enjeu de la baisse de la dépense publique. C'est de mettre fin à l'ENORME gaspillage de gens de souvent talentueux et intelligents qui ne produisent rien dans la fonction publique.
"journal gauchiste", critique les idées, pas la coloration politique. D'autant que tes sources, des blogs de libéraux, ne sont pas spécialement neutres en la matière.
Tiens, un journal de gauche, ça s'appelle "Le Figaro":
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010 ... -1929-.php
"Selon l'estimation publiée mardi, l'économie lettone a encore reculé de 17,7 % au quatrième trimestre, ce qui représente une baisse pour l'année dernière de 18,4 %, après un recul de 4,6 % en 2008. Il s'agit aussi de la plus forte baisse dans l'Europe des Vingt-Sept. "
Tu mélanges la coupe de dépense publique qui équivaut à 20% du PIB et la chute du PIB qui elle est absolue. Elle n'a pas perdu 20% de PIB non marchand, mais 20% de PIB tout court.
Quant à ton tableau rose de l'économie lettone actuelle, on va dire que c'est attendrissant.
"La seule issue pour restaurer la compétitivité est d'opérer une «dévaluation interne», en coupant drastiquement dans les dépenses et en augmentant la pression fiscale. La chute des salaires dans le secteur privé a atteint 30 %, le salaire minimum a été réduit de 20 %, à 140 euros par mois, les retraites ont baissé de 10 %, les salaires des enseignants ont chuté de 50 % et les dépenses de santé ont été amputées d'un tiers. Malgré ce plan d'austérité, le déficit, qui n'était que de 4 % en 2008, va atteindre 10 % pour 2009 et la dette devrait passer à 50 % en 2010, contre 9 % en 2007, voire à 89 % en 2014 si rien n'est fait. «Contrairement à l'Estonie et la Lituanie, la Lettonie n'a pas profité des années de croissance pour dégager du surplus budgétaire», relève l'économiste de Natixis."
Fortiche pour une dette qui était à 10% de PIB auparavant.
Sachant en plus que 10% de la population jeune et active s'est sauvée. Ca donne envie.