Bah ... j'accueille des enfants de 3 ans ou moins. A cet âge-là, on peut leur parler de Jésus ou de Mahomet, ils s'en fichent un peu hein. On leur apprend déjà à dire bonjour, reconnaître les couleurs, savoir nommer des objets, puis faire des phrases. Dieu, même ça faisait parti de mon vocabulaire, ils n'y comprendraient pas grand chose.
Un gamin accepte tout le monde, voilée, barbu, nudiste sans que ce soit mal perçu. Tant qu'on ne lui fait pas de mal au petit, il fait avec ce qu'il a devant lui et s'adapte.
Le prosélytisme serait forcément mal perçu du côté des parents, du côté des adultes. Et ça va dans les deux sens.
Moi à la base, je suis athée, mariée à un musulman pas vraiment pratiquant, j'aurai trouvé moyen de mettre mon enfant chez une voilée par exemple. Déjà, pas envie que mon enfant évolue dans une maison où ça parle arabe (ma belle soeur est du genre, encore maintenant) et puis voilà quoi. Je donne certaines valeurs éducatives à mes enfants, c'est pas pour qu'on les contredise ailleurs. Même si les enfants sont trop petits pour percuter, à l'intérieur de nous, ça crée des questionnements.
Ce serait la même chose si une personne était chrétienne pratiquante, genre les latinos qui vouent parfois un culte avec autel personnel, encens, bougies ...
Si je mets mon enfant chez quelqu'un, c'est pour que ce quelqu'un s'occupe de mon enfant, et non pas s'occupe de ses affaires personnelles ...
Ensuite, il y a aussi le fait que les parents choisissent bien souvent des assmats qui leur ressemblent. Bizarrement, depuis 15 ans que je bosse, j'accueille plus facilement des enfants métis à la maison, comme mes filles ... Et c'est plus facilement des filles que des garçons aussi. Je suppose pour les mêmes raisons. J'ai des collègues qui sont mamans célibataires, elles accueillent plus facilement les familles monoparentales. C'est curieux même cette tendance, mais on choisit plus facilement ce qui nous ressemble.
Le prosélytisme sur les enfants, il est visible à partir de 5-6 ans à mon avis, pas avant, quand l'enfant commence à poser des questions. J'accueille un périscolaire qui vient d'avoir 9 ans, je l'ai depuis ses 3 ans. C'est vers 5-6 ans qu'il a commencé à demander pourquoi on ne mangeait pas à midi (ramadan oblige), ou pourquoi sa maman est blanche et lui noir (enfant métis), où est parti sa grand-mère décédée ... Il faut savoir éluder ces questions, ou demander aux parents si on a l'autorisation de répondre.
Avec certains parents, on peut parler, avec d'autres, non.
Si l'assmat commence à parler à l'enfant en disant que Mamie est partie rejoindre Dieu au ciel (ou qu'elle est simplement au cimetière) ... alors que ce n'est pas le discours qui est tenu à la maison, ça peut faire des histoires. Et l'enfant peut douter de ses parents. Il peut remettre en question les principes moraux qu'on lui inculque.
Quand on travaille avec des enfants, on doit avoir un vocabulaire fixé sur du concret. Tout ce qui est abstrait est interprétable de façon infinie. Il n'y a pas une interprétation plus valable qu'une autre, chacun a ses idées. Et là, on n'a pas à influencer l'enfant en lui donnant nos convictions.
L'impact peut être délicat à partir de 5-6 ans. Un enfant à qui on fait croire à Dieu qu'il faut craindre, n'aura pas la même vision que croire à un Dieu à aimer ... Ni à l'inexistence de Dieu. Et à plus ou moins long terme, l'enfant peut être perturbé, à condition que ça revienne sur le tapis régulièrement.
Bon maintenant, il est certain qu'on est dans une société où on ne peut plus rien dire, ni montrer. Je ne pense pas que ce soit une bonne chose. Le système éducatif, l'école, devrait parler de toutes les religions, de toutes les façons de croire ou de mécroire. Sans donner une orientation particulière. Plutôt que de se taire. Comment accepter les différences des autres si on ne les comprend pas ? ça éviterait pas mal de problème.
Je pense qu'on pourrait instaurer ça déjà en CM1-CM2, quand les enfants sont réceptifs et non pas jugeurs. Et reprendre cela au lycée; surtout en terminal, après avoir laissé passer la période d'adolescence agressive et violente du collège. Bon, ce n'est que mon avis personnel.