je ne demande quà être updaté, chef.
En fait j'ai même du mal à relier ce que tu dis avec le système actuel !
Aujourd'hui c'est dans le cas général : 2nde générale (avec une option inutile) => 1ère S (Scientifique) => Terminale S (avec une option inutile) =>
| MPSI (Maths Physique Sciences de l'Ingénieur) ==> | MP (Maths Physique) (option info ou option SI)
OU | PSI (Physique Sciences de l'Ingénieur)
| PCSI (Physique Chimie Sciences de l'Ingénieur) ==> | PC (Physique Chimie)
OU | PSI (Physique Sciences de l'Ingénieur)
| PTSI (Physique Technologie Sciences de l'Ingénieur) (ça c'est une filière un peu à part) ==> | PT (Physique Technologie)
En rouge c'est la première année de prépa, on dit "maths sup" couramment. En vert c'est la deuxième année, on dit "maths spé" couramment.
Les filières MP/PC/PSI se ressemblent beaucoup, avec plus de maths en MP, de la chimie en PC et plus de SI en PSI (la SI c'est surtout ce qui est systèmes embarqués et un peu de mécanique des solides).
La filière PT est à part, elle est peu perméable aux autres filières, et d'un niveau général nettement inférieur dans les matières scientifiques nobles. Par contre ils font du dessin industriel et des choses comme ça. Ils ont très peu de places dans la plupart des très grandes écoles. Ils se casent surtout aux Arts&Métiers, où ils ont énormément de places, sinon c'est dans des petites écoles.
Pour revenir sur le sujet, on est très loin de la pénurie d'ingénieurs. Sinon les salaires dans le technique ne stagneraient pas depuis des décennies tandis que ceux des commerciaux et des professions libérales ont explosé. Il y a des pénuries dans des domaines ciblés qui recrutent à la pelle avec des gros taux de turnover, des conditions de travail stressantes, des jobs inintéressants et un "up-or-out" très ferme. Je pense par exemple à tout ce qui est conseil en SI ou informatique en général.
Dans l'industrie, les postes intéressants sont de moins en moins nombreux alors que le nombre de candidats ne cesse d'augmenter. Les diplômés de très grandes écoles d'ingénieurs acceptent désormais dans certains secteurs (automobile, industrie lourde, chimie..) des postes qui étaient auparavant réservés aux diplômés d'écoles moyennes, rendant la recherche d'emploi difficile pour ces derniers.
C'est à cause de la combinaison de trois facteurs :
- la mondialisation qui a fait les années fastes des cadres sup' baby-boomers est en train de se retourner contre la génération suivante : des grands groupes locaux ont émergé dans les pays en développement et ont repris des parts de marchés aux groupes occidentaux, mais surtout et c'est beaucoup plus fort comme tendance, les groupes occidentaux qui sont tous très fiers de leur internationalité remplacent depuis 10 ans leurs cadres expatriés par des cadres locaux. Les postes intéressants à l'étranger sont donc beaucoup moins nombreux qu'avant.
- la victoire du commerce sur la technique : les commerciaux ont repris le pouvoir aux scientifiques presque dans toutes les entreprises en France, même les plus technologiques. Il n'y a qu'à regarder la composition des boards des groupes français : seuls les Polytechniciens restent "normalement" représentés, et ce uniquement grâce à l'implantation de certains de leurs corps dans le milieu politique français. Et même malgré ça, les HEC sont plus nombreux. Et cette tendance ne concerne pas que les sommets himalayens du CAC40, c'est perceptible à tous les niveaux dans la plupart des entreprises, même les plus moyennes ! Les parcours business school/conseil et finance/MBA anglo-saxon ont éclipsé les traditionnels parcours ingénieurs français du XXème siècle. La modification du rapport vient tout simplement du fait qu'aujourd'hui, les financiers et les commerciaux sont plus proches des leviers de création de valeur dans un groupe (à court terme du moins) que les techniciens.
- la désindustrialisation générale du pays. La tertiarisation de l'économie a beaucoup modifié l'équilibre des qualités appréciées entre capacités relationnelles et compétences techniques. Les ingénieurs ne sont pas toujours adaptés à la réalité actuelle du marché du travail, surtout ceux qui sortent d'un certain nombre d'écoles moyennes qui ont fait le choix de jouer à fond la carte de la spécialisation technique et qui ne peuvent pas se prévaloir d'avoir des étudiants intellectuellement brillants de par leur sélection.
: Quelques ajouts :
- Les salaires moyens en sortie d'école n'ont pas forcément vraiment baissé relativement aux autres pour trois raisons : 1. Ils sont faussés (ce sont les alumni eux-mêmes qui indiquent leur salaire, or on sait tous qu'ils le gonflent pour remonter le prestige de leur école. Ils sont ensuite ajustés par les sondeurs pour correspondre mieux à la réalité mais c'est très approximatif), 2. les moyennes sont tirées vers le haut par quelques secteurs (finance, conseil) 3. les salaires à l'embauche sont très élevés pour certains domaines techniques (je pense notamment à certaines écoles d'informatique qui ont des salaires de sortie supérieurs à des Polytechnique-Centrale ou HEC-ESSEC) mais c'est parce que les développements pros sont très proches de l'avancement académique et qu'ils ont donc un besoin constant de jeunes fraîchement formés. Les perspectives de croissance de salaire sont par contre très limitées parce que justement ils remplacent les trentenaires par des jeunes.
- Le problème est d'autant plus préoccupant dans les villes de province qui n'ont pas une dimension internationale (avec Paris qui reste une catégorie à part), ces territoires n'ont pas pu profiter du développement d'un certain nombre d'emplois très centralisés par leur nature. Je pense à tout ce qui est traitement de l'information, services financiers au sens large, conseil en management, SI, stratégie, communication, marketing, etc. C'est ce qui explique en grande partie à mon avis la perte phénoménale d'attractivité des Arts & Métiers par exemple. (Quand on voit que Sciences Po Paris est plus attractive malgré le délabrement effarant de l'enseignement et du recrutement..)