Des pages et des pages remplies de noms socialistes et même communistes qui peuplent la collaboration...
Un paradoxe français : Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance Simon Epstein
Objet : Le paradoxe français – Simon Epstein – Albin Michel 2008 (624 pages)
Le paradoxe français de Simon Epstein, historien français qui réside à Jérusalem, bouscule nombre d’idées reçues et de clichés sur les années 1920,1930 et 1940, qui pèsent fortement sur les grands débats de société contemporains. L’auteur s’appuie sur des centaines de parcours individuels qu’il analyse sans parti pris tout en dénonçant les manipulations de l’histoire officielle depuis 1945.
Il montre, au rebours de croyances largement répandues, comment une partie de la gauche antiraciste des années 1920 et 1930, mobilisée autour de la LICA, s’est massivement ralliée au pacifisme en 1938, avant de rejoindre le régime de Vichy ou les mouvements ultra collaborationnistes. A l’inverse, il souligne que la droite républicaine mais aussi les partis « nationaux » – Camelots du roi ou Jeunesse patriotes – ont joué un rôle décisif dans l’essor de la Résistance française à ses débuts.
I/ Exemples de personnalités du régime de Vichy venues de la gauche antiraciste
René Belin, numéro 2 de la CGT déclare à la revue anti-raciste « Droit de vivre » en juin 1939: « La classe ouvrière est profondément anti-raciste. Je suis entièrement d’accord avec l’action de la LICA ». Cela ne l’empêche pas de devenir ministre de la production industrielle et du travail du maréchal Pétain et de figurer parmi les signataires du statut des Juifs du 8 octobre 1940.
Gaston Bergery, membre du parti radical, écrit en 1936 « Le racisme et l’antisémitisme sont contraires à l’idée de Nation… C’est la diversion, le recherche du bouc émissaire, et c’est là une opération abominable ». Cependant, il vote les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940, devient un militant actif de la Révolution nationale et de la collaboration, avant d’être nommé ambassadeur du maréchal à Moscou puis à Ankara.
Georges Bonnet, député radical-socialiste, ministre des affaires étrangères en 1938 et 1939, président d’honneur du « Deuxième congrès international du rassemblement mondial contre le racisme » déclare en 1938 « La France doit donner l’hospitalité à tous ceux dont la vie est menacée ». Pourtant, lui aussi devient un notable de Vichy et approuve la rencontre de Montoire entre Pétain et Hitler dont il salue le « caractère historique » car « marquant le début d’une organisation nouvelle de l’Europe dans laquelle la France et l’Allemagne, chacune avec son génie, doivent tenir une place… »
Gratien Candace, député de gauche de la Guadeloupe proclame en janvier 1939 que « le racisme est la plus grande honte politique et sociale du XX ème siècle ». Lui aussi vote les pleins pouvoir au régime du maréchal Pétain et entre dans le « Conseil national » de Vichy. Charles Pivert, militant à la SFIO déclare lors d’un congrès de la LICA que « le fascisme comme le racisme, est un état de régression sociale ». Pourtant, il adhère sons l’occupation à une organisation collaborationniste « France-Europe » et écrit dans la revue « Germinal ». Eugène Frot, député socialiste, plusieurs fois ministre, est membre d’honneur « du centre de liaison des comités pour le statut des immigrés » (lié à la LICA). Il vote pour Pétain en juillet 1940, intègre le Conseil national de Vichy et « l’amicale lavaliste ».
II/ Intellectuels, écrivains, journalistes
L’auteur cite divers intellectuels et écrivains, connus pour leur engagement
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des pages et des pages.....