Drame de Compostelle : le conducteur du train en garde à vue pour "imprudence"

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Les premiers mots de Francisco José Garzón prononcés après l'accident sont accablants. "J'ai merdé, je veux mourir", avait-il notamment déclaré, constatant le drame.
Le conducteur du train qui a déraillé mercredi soir à Saint-Jacques de Compostelle, dans le nord-ouest de l'Espagne, faisant au moins 78 morts, a été placé en garde à vue pour "imprudence", a indiqué vendredi le chef de la police de Galice. "Il est en garde à vue depuis hier 20 heures", a déclaré Jaime Iglesias en conférence de presse.
Sa responsabilité dans la tragédie ferroviaire qui a fait 80 morts à Saint-Jacques-de-Compostelle ne fait désormais plus de doute. Francisco José Garzón a lui-même tenu des propos accablants peu après la catastrophe, des propos dont la presse espagnole se fait l'écho depuis jeudi. "J'ai merdé, je veux mourir", a-t-il notamment déclaré au centre de contrôle après avoir pris conscience du drame qu'il venait de provoquer. Une phrase qui fait la une de tous les quotidiens espagnols, vendredi. Un titre accompagné d'une photo montrant le conducteur au visage ensanglanté, au téléphone, escorté d'un policier après avoir été extrait du train. Ce sont les propos de cette conversation téléphonique qui sont relayés par la presse espagnole vendredi.
Jeudi déjà, une autre phrase de cette même conversation avait fuité. "J'allais à 190 km/h ! C'est une folie ! J'espère qu'il n'y aura pas de victimes. Sinon, cela me pèsera pour toujours sur la conscience." Autant d'aveux sur lesquels devra s'expliquer Francisco José Garzón, qui a été placé en garde à vue vendredi.
Autre piste envisagée par les enquêteurs, et relayée par El País : un problème dans le système de freinage du train. Les systèmes d'alerte de la voie ferrée ont sauté en repérant que Francisco José Garzón Amo, le chauffeur du train, circulait à 190 kilomètres-heure alors qu'il n'aurait pas dû dépasser les 80, écrit vendredi El País. L'alarme, comme l'a reconnu le chauffeur lui-même, s'est allumée sur le tableau de bord et il a essayé de freiner, sans pouvoir empêcher la tragédie, ajoute le journal.
"Je ne peux pas aller plus vite !" (Garzón, en 2012)
Depuis ces aveux, Francisco José Garzón observe un silence buté. Il sait que ces mots attestent d'une irréparable négligence humaine, que lui-même confirme peu après être descendu du train - vers 21 heures, mercredi soir -, alors même que des dizaines de pompiers débarquent sur place pour tenter d'extraire les cadavres des wagons pulvérisés par le choc contre le mur de bitume qui borde la voie ferrée. "J'ai déraillé, c'est vrai, qu'est-ce que je peux faire, qu'est-ce que je peux y faire ?" se lamente-t-il alors au téléphone, selon plusieurs témoins signalant la moue catastrophée du conducteur. Son acolyte, le second conducteur, n'a pour l'instant pas fait de commentaires.
L'examen de la boîte noire, prévu ce vendredi, sera déterminant pour savoir précisément à quelle vitesse allait le train dans "le virage de la mort" et mieux comprendre les circonstances du drame. Mais un autre élément accable Francisco José Garzón. Sur son compte Facebook, en 2012, le conducteur postait des photos de compteurs de train indiquant une vitesse de 200 km/h. "Je suis à la limite, je ne peux pas aller plus vite, sinon j'ai une amende !" En réponse à des internautes indignés qui lui demandaient de freiner, il répondait : "Quel pied ce serait de faire la course avec la police et de les doubler en faisant sauter leur radar !" Quel pied, en effet...