Je n'en pensais pas aussi long lorsque j'étais lycéen.
Je n'ai jamais non plus compris cette obsession à considérer que la matière discriminante séparant l'élite des autres serait les maths. J'étais bon en maths comme je l'ai dit mais les maths m'ennuyaient ce qui était à mes yeux une raison suffisante pour en faire le moins possible.
En effet, on aurait pu prendre une autre discipline, peut-être.
Choisir les maths n'est toutefois pas une mauvaise idée : non pas, comme le disent les ignorants, parce que ce serait une discipline plus utile qu'une autre : l'immense majorité des gens ne se serviront jamais des maths dans leur vie, privée ou professionnelle. Ca leur servira à peu près autant que le Grec ancien et bien moins que la mécanique auto. (1)
Non, l'intérêt, c'est que c'est plus "démocratique", disons, en ce que cela favorise plus l'intelligence que le statut social et le "capital culturel": les littéraires, qui vont se passionner pour le Grec et le Latin (c'est là-dessus que l'on sélectionnait, il y a 50 ans, disons) sont souvent des gens dont les parents sont cultivés, ont une bibliothèque à la maison, qui ont voyagé à l'étranger, qui vont au théâtre, au musée, etc.
Pour faire des maths, il n'y a pas besoin de fric : un crayon une gomme, on peut déjà faire beaucoup de choses.
La sélection par les maths est donc moins de la reproduction sociale que celle par les "humanités".
(1) je ne parle pas des maths élémentaires indispensables, les 4 opérations, la règle de 3 et quelques autres du même genre, qui devraient être acquises bien en amont : nous parlons bien du lycée, hein. Dans ma vie, je me sers tous les jours d'une règle de 3, pour ne pas me faire arnaquer par un téléphoniste ou un marchand de légumes. Je ne me sers jamais du calcul intégral.