jack127
1- Lorsque l'on affirme qu'il y a progrès ou décadence, on mêle deux genres de considérations : ce qui est, et ce qui doit être.
Seulement, en la matière, si vous refusez ces secondes considérations, par principe épistémologique, c'est-à-dire que vous vous constituez philosophe matérialiste qui n'admet que la question du visible, de ce qui est constatable par les sens, alors il faut établir une éthologie de l'homme, comme on établit une éthologie du lapin, sachant que dans votre système de pensée, lapin et homme, ne sont que de simples « noms » ou étiquettes, des termes pour désigner chacun un ensemble d'individus donnés.
Dans ces conditions, il existe seulement des sociétés différentes avec des mœurs relativement différentes, qui peuvent changer. Même majoritaires, voire très majoritaires, il n'est pas possible d'induire que certaines mœurs sont bonnes. Il n'y a plus de jugement de valeur, de bien ou de mal. La sagesse consiste même à l'abandonner. Si l'on y réfléchit bien, le jugement de valeur ne suppose-t-il pas une conception anthropocentrique de la nature, de considérer encore l'homme comme une espèce à part, différente des autres, au-dessus des autres ?
2- Toujours dans un tel système, qui exclut la question de l'être, il n'est plus de juste en soi, il reste le juste politique. Or, le juste politique est édicté par le souverain, à partir d'une conception du juste en soi ; conception qui ne peut être qu'une théorie complètement oiseuse. Les lois sont, simplement : pas forcément meilleures, pas forcément pires que dans d'autres sociétés ; totalement arbitraires aussi, qu'elles soient le fruit d'une volonté monarchique, aristocratique ou démocratique, selon le régime politique de la société considérée.
Le citoyen, s'il a compris cela, peut toujours être légaliste par calcul : se soumettre aux lois de sa cité, car son intérêt le recommande, soit afin d'éviter les problèmes, soit car s'adjuger la possibilité de remettre en question les lois implique que tout individu peut le faire, au risque de tomber dans l'anarchie. Qu'en est-il alors dans le cas du pas vu pas pris, par exemple sur internet, le nouveau Far West ?
Ne reste plus très logiquement qu'à abandonner aussi l'idée de « civilisation », par opposition à « barbare », à savoir : ce qui est de ma société est juste, ce qui en diverge est injuste, et les politiques afférentes.