1996 : BORDEAUX FINALISTE DE LA COUPE UEFA

Bayern Munich - Girondins de Bordeaux (2-0)(3-1)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Coupe_UEFA_1995-1996

Lors de la saison 1995/1996, les Girondins repartent avec de nouvelles ambitions. Malgré la 7ème place de la saison dernière, les Girondins disputent une toute nouvelle compétition : la Coupe Intertoto. Les Girondins choisissent de la disputer et espèrent ainsi se qualifier pour la Coupe de l’UEFA pour la troisième saison de suite.
COUPE INTERTOTO
Un nouvel entraîneur a remplacé l’intérimaire Guérit. Il s’agit de Slavo Muslin. Pour disputer la Coupe Intertoto, les joueurs doivent reprendre tôt, et ne sont guère emballés. Christophe Dugarry le résumera simplement par une formule claire : « On n’était guère enthousiastes ». Pourtant ils ne savent pas que cette épreuve les conduira au sommet du football européen. Les Girondins reprennent la compétition le 1er juillet et accueillent Norrköping. Ils gagnent 6-2 et se lancent dans la compétition. Il faut dire qu’à l’époque, l’Intertoto est vraiment exigeante. Il faut terminer premier d’une poule de 5 équipes pour se qualifier pour les 1/8 de finale. Il reste encore les ¼ et les ½ pour espérer jouer les …32ème de finale de la Coupe de l’UEFA.

Les Bordelais se qualifient aisément dans le groupe préliminaire. Après avoir battu Norrköping, ils disposent successivement des Irlandais du Bohemians Dublin (2-0), des Danois d’Odense (4-0) et ramènent un nul d’Helsinki (1-1). Cela fait déjà quatre matches en plein cœur du mois de juillet. Ce n’est que le début. Pour les 1/8 de finale de l’Intertoto, les Marine et Blanc affrontent l’Eintracht Francfort. Déjà un véritable match de Coupe d’Europe pour les joueurs de Muslin. Les allemands possèdent de nombreux internationaux et une perle nigériane : « Jay Jay » Okocha. Les travées de Lescure se remplissent enfin et les spectateurs ne seront pas déçus. Les Allemands tiennent une mi-temps mais encaissent trois buts en seconde période.
Le tirage au sort des quarts de finale désigne Heerenven, une solide formation hollandaise. Ce match sera celui de Richard Witschge. Le néerlandais a passé une première saison délicate à Bordeaux. Il va tout libérer sur ce match. Sa qualité technique lui permet de réaliser des ouvertures de génie et d’orienter le jeu à sa guise. Bordeaux gagne 2-0 et s’ouvre les portes du tour préliminaire de la Coupe de l’UEFA.
Les protégés de Slavo Muslin rencontreront Karlsruhe, une vieille connaissance. Mais cette fois, les jeunes joueurs de l’effectif bordelais ont mûri. Ils ont la chance de pouvoir prendre leur revanche. Ils ne la laisseront pas passer. Les Bordelais jouent le premier match en Allemagne et s’imposent 2-0 (buts de Dugarry et de Dutuel), donnant au passage une véritable leçon de football aux germaniques. Le retour à Lescure démarre bien puisque Bixente Lizarazu inscrit un doublé. Malheureusement, Zidane sera sévèrement expulsé suite à un coup de coude et les Allemands reviendront à 2-2. Peu importe. Les Girondins se qualifient et prennent leur revanche sur Karlsruhe.
Premier Tour
Girondins de Bordeaux 6 – 2 IFK Norrköping
Bohemians Dublin FC 0 - 2 Girondins de Bordeaux
Girondins de Bordeaux 4 - 0 OB Odense
HJK Helsinki 1 - 1 Girondins de Bordeaux
1 Girondins de Bordeaux : 10
2. OB Odense : 9
3 HJK Helsinki : 5
4. IFK Norrköping : 4
5.Bohemians FC : 0
Huitièmes de finale
Girondins de Bordeaux 3 - 0 Eintracht Francfort
Quart de finale
Girondins de Bordeaux 2 - 0 SC Heerenveen
Tour préliminaire de la coupe UEFA
Karlsruhe SC 0 - 2 Girondins de Bordeaux
Girondins de Bordeaux 2 – 2 Karlsruhe SC
32 ème de FINALE
FK Vardar Skopje 0 – 2 Girondins de Bordeaux
Girondins de Bordeaux 1 – 1 FK Vardar Skopje
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Les Bordelais ont démontré de belles qualités individuelles et collectives mais ont déjà joué 8 matches officiels. La saison de D1 n’a pas encore commencé, et la fatigue se fait déjà sentir.
Et c’est bien cette fatigue et l’envie liée à la Coupe d’Europe qui vont créer cette saison du paradoxe. En championnat, les Girondins vont vivre une année galère qu’ils termineront à la 16ème place. Un rang indigne des Girondins qui coûtera sa place à Slavo Muslin, arrivé pourtant au début de l’année. Ce championnat 1995/1996 va être relégué au second rang au profit de la lumière de l’UEFA même si ce cheminement se fera progressivement dans l’esprit des joueurs.
C’est le 12 septembre en Macédoine, face au Vardar Skopje, que commence le parcours de Bordeaux en C3 et il débute de fort belle manière , les Girondins vont s’imposer 2-0
Doublé de Bancarel auteur de deux buts à la 26ème et à la 75ème.
Au match retour Serfimovski ouvre les hostilités à la 57éme minute avant que Lizarazu enterre tous les espoirs macédoniens en transformant un pénalty à la 62ème minute
Les girondins sortent donc sans trop de problèmes.
Les 16émes de finale se joueront contre le Rotor Volgograd qui a réalisé l’exploit d’éliminer Manchester United au tour précédent (0-0 puis 2-2 au match retour à Manchester)

16 ème de FINALE
Girondins de Bordeaux 2 – 1 CK Rotor Volgograd
CK Rotor Volgograd 0 – 1 Girondins de Bordeaux
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Au deuxième tour, c’est le Rotor Volgograd qui débarque en Gironde. Tombeurs de Manchester United au premier tour, les Marine et Blanc ne prennent pas cette double confrontation à la légère, loin de là. Le match aller à lieu en Gironde. Zidane et Lizarazu suspendus, Dugarry, blessé, l’entraîneur bordelais a bien du mal à préparer la rencontre. Une partie que Bordeaux remporte finalement 2-1 grâce à deux réalisations signées Histilloles et Witschge. Le Néerlandais donnera la victoire sur penalty à la 90ème minute alors que les Girondins étaient menés 0-1 à la mi-temps.
Le Port de la Lune est heureux mais ce but concédé à domicile est embêtant avant de se rendre en Russie. Pourtant, les joueurs bordelais feront preuve d’une grande maîtrise au retour et s’imposeront 0-1. Le retour de Zidane et Lizarazu et l’obligation pour les Russes d’emballer la rencontre seront deux facteurs déterminants. Anthony Bancarel enfile pour l’occasion le costume de « buteur décisif » en marquant à 8 minutes de la fin sur un bon ballon de Dutuel. Les portes des 8ème de finale sont grandes ouvertes.

1/8 ème de FINALE
Girondins de Bordeaux 2 - 0 Real Bétis
Real Bétis 2 - 1 Girondins de Bordeaux
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Ce sont les Espagnols du Betis Séville qui se dressent sur la route des Girondins de Bordeaux. Séville, c’est l’Espagne des cartes postales et un mauvais souvenir pour la France du Football. Séville, c’est 1982 et le stade Ramon Sanchez Pizjuan où les Bleus laissèrent passer le rêve de finale mondiale face aux Allemands de Schumacher et Rummeniege. Pourtant, les Girondins ne vont pas laisser l’histoire se répéter. D’abord parce qu’ils n’évolueront pas dans ce stade mythique au retour (Ramon Sanchez Pizjuan est l’enceinte du FC Séville, l’autre club de la capitale andalouse). Ensuite parce que Bordeaux a su faire un grand match à l’aller, au Parc Lescure.
Un match remporté 2 buts à 0 sous un véritable déluge. Dutuel montre la voie à la 26ème minute avant d’être imité par Croci qui transforme un centre de Witschge en or. 2-0, le résultat parfait en Coupe d’Europe même si le retour s’annonce déjà « chaud ».

Forts de deux buts d’avance, les Marine et Blanc se présentent en Andalousie avec des certitudes mais sans pavoiser. Ce match se situe juste avant la trêve d’une saison marathon. Ce n’est pas l’idéal avant de jouer une équipe espagnole revancharde. 38000 spectateurs attendent cette rencontre que le président du Bétis ne veut pas lâcher.
La partie débute et les Espagnols sont surmotivés. Ils vont vite déchanter car Jaro, le gardien des Verts et Blanc, va encaisser un but d’anthologie.
A la 4ème minute de jeu, Huard dégage son premier 6 mètres du match. La balle arrive au milieu de terrain. A la lutte, Bancarel dévie le ballon dans le rond central, légèrement dans le camp espagnol. Et Zidane se présente face au ballon. Il le laisse rebondir une fois et reprend, sans contrôle, le ballon de 40 mètres !
La frappe du gauche est limpide et s’envole dans le ciel de Séville. Pendant ce temps, le n°7 des Girondins ne lâche pas le ballon des yeux. Jaro voit le ballon avancé vers sa cage et recule. Il est trop tard. Malgré un saut du dernier espoir, où il ressemble à une poupée désarticulée, le cuir entre dans les filets. 0-1 pour Bordeaux.
Un instant de grâce offert par un magicien. Le jeune Zinedine marque là son premier très grand but du pied gauche. Le stade de Séville ressemble à cet instant à une cathédrale, des supporters espagnols étant trop abasourdis par la beauté de la frappe du meneur de jeu français.
Les joueurs andalous vont mettre quelques minutes à se relever du génie de Zidane. Mais leur réaction va être violente. Gaétan Huard va subir les vagues successives des locaux sur son but. Le Betis finit par égaliser à la 30ème minute puis prennent l’avantage à quelques secondes du repos (Stosic, 45ème).
Il faut alors tenir le résultat une mi-temps même si Bordeaux peut désormais se payer le luxe d’encaisser un troisième but. La deuxième mi-temps repart sur un rythme endiablé. Le Betis trouve même le poteau d’Huard sur un coup franc de Stosic. Ce sera le tournant du match et le Betis ne reviendra jamais.
Partis de la Coupe Intertoto, les marine et Blanc se qualifient pour le ¼ de finale de la Coupe UEFA.

QUART FINALE
Milan AC 2 – 0 Girondins de Bordeaux
Girondins de Bordeaux 3 – 0 Milan AC
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http://www.youtube.com/watch?v=SnFUkY6RvIM
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http://www.youtube.com/watch?v=T90u5cS0sv0
A l’approche du match aller à San Siro, les Milanais, finalistes de la Ligue des Champions 1993 et vainqueurs en 1994 (en infligeant un humiliant 4-0 à Barcelone en finale), vont se fendre de quelques déclarations malvenues. « En Europe, Bordeaux n’existe pas ». Cette phrase est du portier italien Rossi et montre que les grands joueurs du Milan possèdent une faiblesse, la suffisance.
Pour Milan, parler de grand choc serait vu comme une bonne blague. 25000 milanais prennent place à San Siro (sur une capacité de 80000 places) pour voir son équipe se défaire des « survivants de l’Intertoto ».
Milan plie le match en deux temps, trois mouvements devant des Girondins bien trop timorés pour inquiéter le Milan AC. Le tout jeune Patrick Vieira, transfuge de l’AS Cannes et Desailly font un travail monstre pour les « artistes » du Milan. Savicevic donne un ballon pour Eranio qui plante une première banderille à Huard.
Roberto Baggio terminera le travail à quinze minutes du terme en enroulant un amour de coup franc dans la lucarne du portier bordelais. Une feuille morte imparable. Le match se termine sur le score de 2-0 pour Milan et il faut bien s’y faire. Bordeaux est tombé sur trop gros.

Le match retour approche et Lescure chante, danse, fait la fête. Il hurle son amour pour les joueurs au Scapulaire. La tension monte. Les joueurs milanais arrivent sur la pelouse et débutent leur échauffement basé sur des jongles, des taureaux et des passes. Une entrée en matière légère. Les Bordelais ne s’y trompent pas et attaquent le match tambours battants.
Dès la 2ème minute, Dugarry se crée une première occasion. Les pensionnaires de Milanello répliquent aussitôt par Vieira mais le jeune français est stoppé par Huard. La partie n’a pas connu de round d’observation. Dès lors, tout va se passer comme dans un rêve. Les Girondins accélèrent et sont récompensés une première fois à la 14ème minute.
Un jeu à trois débouche sur Witschge qui envoie une transversale côté gauche sur Lizarazu. Le « Basque bondissant » fait un superbe contrôle en éliminant Panucci d’un grand pont. Il centre ensuite pour Tholot qui reprend et propulse le ballon dans les filets. 1-0 pour Bordeaux dans une ambiance indescriptible.
Gernot Rohr avait dit à ses joueurs qu’un exploit passait par deux éléments : ne jamais prendre de but et marquer dans le premier quart d’heure. A ce moment du match, le contrat en rempli. Fort de leur but d’avance, les Marine et Blanc développent un jeu collectif proche de la perfection face à des Milanais qui courent dans le vide.

L’expérience italienne fonctionne alors à plein et les fautes s’accumulent, notamment sur « Duga » et « Zizou ». A la mi-temps, Bordeaux mène 1-0 et aurait pu aggraver la marque.
Secoués par Cappelo, qui n’a que modérément apprécié la performance de ses joueurs, Milan revient avec de solides intentions. Albertini entre au milieu et les Italiens pressent Bordeaux. La partie s’équilibre même si Bordeaux parvient à mettre en danger son adversaire. Cependant, les minutes défilent et le public pousse toujours pour continuer à rêver
Nous venons de passer l’heure de jeu quand Vieira est justement sanctionné pour un « pied haut » sur Lizarazu.
Le « maestro » Zidane prend le ballon et décoche une frappe puissante au premier poteau. L’arbitre se trouve sur la trajectoire et le ballon le heurte. Tout le monde peste contre l’homme en noir mais la balle continue de filer au deuxième poteau. Dugarry, en embuscade, pivote et frappe le ballon d’une demi-volée qui ne laisse aucune chance à Ielpo (remplaçant de Rossi, comme à l’aller).
La ballon termine au fond et un bordelais en fait lever 35000. Le tableau d’affichage inscrit « Bordeaux 2 - Milan AC 0 » et les joueurs au Scapulaire ont refait leur retard.
La prolongation est désormais dans l’escarcelle des Girondins qui ne veulent pas en rester là. Pourtant, c’est Milan qui part à l’assaut. Deux minutes après le but, Weah se présente seul face à Huard. Le Ballon d’Or 1995 envoie une frappe surpuissante et le portier girondin réalise LA parade du match.

Elle va tout changer. Car deux minutes après cet arrêt décisif, les Girondins partent en contre-attaque. Zidane, côté gauche part dans une chevauchée. Lescure se lève.
Au micro de Canal +, le « Juventino » Michel Platini s’enflamme. Une attitude très rare pour l’ancien virtuose des Bleus. Il encourage Zidane avec des « Allez » et des « Il est mort Panucci ». Le n°7 de Bordeaux lance Tholot mais la balle est contrée. Le milieu offensif se précipite et voit Dugarry sur la droite. Platini suit toujours l’action et lance un dernier « Allez » avec une voix éraillée.
Le cuir arrive à Christophe Dugarry qui arme une frappe du pied droit à l’entrée de la surface. Le ballon décolle et se fige sous la barre du portier milanais. Lescure explose, tout comme « Platoche ». Une telle hystérie collective est un événement rare.
Sur le pré, « Duga » court partout mais ne sait pas vraiment où il est. Dogon, Tholot, Lucas, Witschge et les autres lui sautent dessus.
En sortant de la mêlée, Christophe a perdu son serre-tête et cherche Zidane pour une embrassade courte mais intense. Nous ne savons pas si Dugarry pleure ou pas mais la façon dont il serre Zidane en dit long sur leur rapport. Il reste 20 minutes et Bordeaux est en train de mettre un 3-0 irréel au grand Milan AC, l’équipe de Cappelo et de Berlusconi.

Une équipe de Milan qui est « comptée » mais qui n’est pas encore KO. Les Italiens se lancent à l’abordage par de longs ballons. Ils bénéficient également de nombreux coups de pieds arrêtés. Trois hommes assurent alors l’affaire : Huard, Dogon et Friis-Hansen. La charnière bordelaise repousse tout et Huard sort les parades au bon moment. Il reste trois minutes d’arrêt de jeu mais les supporters bordelais certifient qu’elles ont duré trois heures.
Au final, l’arbitre siffle la fin du match dans un délire total. Les Girondins viennent de réaliser l’impensable : éliminer le grand Milan AC.

DEMIE FINALE
SK Slavia Prague 0 – 1 Girondins de Bordeaux
Girondins de Bordeaux 1 – 0 SK Slavia Prague
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http://www.youtube.com/watch?v=54WOzo41Oac
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http://www.youtube.com/watch?v=J0Aw8mKN23E
Par chance, les Girondins disputent le match aller dans le toute nouvelle République Tchèque (la séparation de la Tchécoslovaquie en deux états distincts à eu lieu le 1er janvier 1993), à Prague. Les joueurs du Slavia croient en leur chance et espèrent bien battre des Bordelais qui ne les impressionnent guère après avoir sorti l’AS Rome. Pour ce match, Rohr peut compter sur l’ensemble de son effectif alors que son homologue doit faire sans ses deux défenseurs centraux.
Seulement voilà, le onze tchèque va être surpris d’entrée de jeu dans la demi-finale aller. Dès la 9ème minute, les bordelais développent un beau mouvement sur le côté gauche. Lizarazu donne un ballon pour le Néerlandais Witschge qui donne une magnifique transversale pour Zidane. Le stratège girondin efface Novotny et délivre un petit centre à ras de terre et dans l’axe du but pour son compère Dugarry. L’attaquant bordelais ne se fait pas prier pour ouvrir le score (0-1).
Un mouvement d’école qui aura mis en lumière les artistes techniques de Bordeaux : Witschge, Zidane et Dugarry. Dans la première demi-heure de jeu, les locaux ne voient pas le cuir. Zidane fait même découvrir sa spécialité aux joueurs du Slavia en exécutant une « roulette » parfaite sur le malheureux Lerch qui perdre l’équilibre sur le coup. « Duga », encore lui, touche même le poteau à la 20ème minute avant que « Zizou » n’enroule un coup-franc qui passera juste à côté des cages, au plus grand bonheur du portier du Slavia.
En deuxième période, les joueurs tchèques vont se réveiller et mettre la pression sur le but défendu par Huard mais l’arrière garde girondine, sur la lancée du match face à Milan, va être irréprochable. Le FC Girondins de Bordeaux l’emporte 0-1 à Prague, le score idéal à l’extérieur.

Au match retour volonté de Rohr est d’imposer son jeu sans attendre les Tchèques. Le coach allemand ne veut pas avoir la mauvaise surprise d’être remonté dans les dernières minutes et demande à ses joueurs d’être offensifs. Ils l’écoutent à la lettre et mettent une grosse pression sur l’équipe adverse. Sans réussite. Le Slavia n’a pas d’occasion mais un but de leur part peut tout changer. Au retour des vestiaires, Lescure se demande comment va évoluer Bordeaux. Défensif pour protéger le but d’avance ou offensif pour enfin se mettre à l’abri ? La réponse ne va pas tarder. Deux minutes après le début de la seconde période, Tholot récupère un ballon sur l’aile droite. Il fixe et élimine son vis-à-vis avant d’expédier une frappe que le portier tchèque ne capte pas. Tholot revient à la charge et fait trembler les filets pour le 1-0.
Lescure et tout Bordeaux exultent. Cependant, Prague va réagir par l’intermédiaire de Poborsky. L’international envoie un maître coup-franc dans la lucarne d’Huard. Le portier girondin décolle. La balle est fond ? Non car le portier Marine et Blanc détourne la trajectoire du tir et préserve sa cage inviolée. Le match est plié et Bordeaux se verra même refuser deux buts sur hors-jeu. Au coup de sifflet final, les Girondins laissent aller leur joie. Ils sont en finale de la Coupe UEFA. La fête n’est pas totalement complète car deux joueurs ont reçu un avertissement lourd de conséquence. Dugarry et Zidane ont pris un « jaune » qui les prive du match aller. Un coup dur pour Bordeaux. Cependant, l’esprit est à la fête et à l’attente du futur adversaire : Barcelone ou Munich.

FINALE Aller : FC Bayern de Munich 2 – 0 Girondins de Bordeaux
VIDEOS Aller
http://www.youtube.com/watch?v=9OBq7VGZ3KA

Ce sera le Bayern. A la surprise générale, les Allemands ont battu Barcelone au Nou Camp (1-2) lors du match retour et accèdent eux aussi à la finale. Deux hommes au moins sont heureux de ce tirage : Rohr et Papin. L’entraîneur girondin, de nationalité allemande, retrouve ainsi un club dans lequel il a évolué aux côtés de Beckenbauer, le président du club bavarois. Pour cette double confrontation, le « Kaiser » sera même sur le banc de touche après avoir remercié son entraîneur Otto Rehhagel. Jean-Pierre Papin, lui, va pouvoir retrouver un club français sur sa route. Souvent remplaçant à Munich suite à plusieurs opérations, le Ballon d’Or France Football 1991 est titulaire pour la finale aller. Le buteur français bénéficie du changement de coach car Beckenbauer croit en lui.

Côté bordelais, le problème est le suivant : comment remplacer Zidane et Dugarry, suspendus pour la rencontre ? Rohr décide de reconduire son équipe type avec Dutuel dans le rôle de Zidane et Tholot en lieu et place de Dugarry. Voir les deux joueurs des Girondins en tribune de presse est un crève-cœur mais il faudra pourtant faire avec. Le match commence timidement et rien ne se passe pendant les 30 premières minutes. La première véritable situation sera le tournant du match. A la 33ème minute, Tholot intercepte une passe de Sforza et file au but. Après une longue chevauchée, l’attaquant des Girondins se présente devant Kahn et tente de glisser la balle entre les jambes du gardien de but allemand. Mais Kahn est à la parade et sauve Munich de l’ouverture du score. Cruelle désillusion car sur le contre, les Allemands obtiennent un corner pourtant évitable. Matthäus le tire au premier poteau et Helmer coupe la trajectoire d’un monstre coup de tête. Le cuir par tout droit dans la lucarne et pulvérise « la toile d’araignée » du but. 1-0 pour le Bayern.

Dans cette partie, les Girondins vont manquer de chance. Après le but, deux ballons seront enlevés sur la ligne alors qu’Oliver Kahn était battu. Rien n’y fait. Ça ne veut pas rentrer. Les Girondins jouent bien mais ne parviennent pas à concrétiser leurs occasions. En Coupe d’Europe, il faut absolument concrétiser sous peine d’être puni et Bordeaux va l’être. A l’heure de jeu, le créateur du Bayern Mehmet Scholl inscrit un second but au plus fort de la domination bordelaise. Malgré quelques occasions, Bordeaux souffre terriblement en fin de match et le coup de sifflet final de l’arbitre permet aux Girondins de conserver des chances de succès. A 3-0, la tâche aurait été trop délicate. De plus, Bordeaux a prouvé qu’un retard de deux buts est surmontable. Le Milan AC s’en souvient encore. Sauf que cette fois… les Allemands sont prévenus.
FINALE Retour de Bordeaux 1 – 3 FC Bayern de Munich
VIDEOS Retour
http://www.youtube.com/watch?v=3_BlhbC8P4U

Plusieurs jours avant le match retour, toute la ville de Bordeaux est en ébullition. Les Marine et Blanc sont parvenus à sauver le club de la relégation quelques jours plutôt en obtenant un nul face au Paris Saint Germain (2-2). Le club francilien, tout récent vainqueur de la Coupe des Coupes, donne d’ailleurs des idées aux Bordelais qui se verraient bien soulever la Coupe d’Europe à leur tour. Pour la réception du Bayern, tout le monde se mobilise. Du jardinier de Lescure à Alain Juppé, maire de Bordeaux et Premier Ministre en activité, c’est toute la Gironde qui attend un exploit de la part de ses protégés.

Le jour du match, tout Bordeaux retient son souffle. Pour l’occasion, les supporters bordelais réalisent un tifo magique. L’ensemble du stade est recouvert de feuilles de papier bordeaux et blanches. Sur la tribune Honneur-Présidentielles est inscrit « ALLEZ », sur la tribune de Face, nous pouvons lire « BORDEAUX ». Un virage forme un Scapulaire géant et sur l’autre est inscrit la date du match « 15 MAI 96 ». Une ambiance de feu pour une rencontre que les supporters espèrent historique.

Le match débute et les Girondins partent à l’assaut du but allemand. Rassurés par la présence des deux « punis » du match aller, Zidane et Dugarry, les coéquipiers d’Huard cherchent naturellement à inscrire ce premier but qui lancerait Bordeaux tout en installant les Allemands dans le doute. Cependant, la défense mise en place par Beckenbauer est redoutable. La formation germanique possède une expérience européenne énorme et se méfie de la force de frappe bordelaise. Ils cherchent donc à défendre plus qu’à jouer même si Dugarry et Witschge, excellents ce soir-là, cherchent à déstabiliser leurs adversaires. Lizarazu se dépense également sans compter et multiplie les déboulés sur le côté gauche. Une débauche d’énergie qui va coûter cher au Basque bondissant.

L’expression est certes triviale mais elle le mérite de décrire l’action. Emil Kostadinov, attaquant du Bayern et de l’équipe nationale bulgare, est bien connu des Français. Un soir de novembre 1993 au Parc des Princes, c’est lui qui envoie une frappe sèche sous la barre de Lama, inscrivant le troisième but des siens face aux Bleus et les privant du même coup d’un Mondial américain qui leur tendait les bras. Kostadinov va une nouvelle fois faire mal aux Français mais cette fois en réalisant un geste bien moins héroïque.

Sur un action côté gauche, Lizarazu part balle au pied pour percée l’arrière garde bavaroise. Kostadinov le suit et « découpe » littéralement le petit arrière gauche bordelais. Les images télévisées sont formelles, l’attaquant bulgare ne s’est jamais occupé du ballon. Il a visé le genou de « Liza » et l’a laissé à terre. Il ne se relèvera pas. Sur son genou gauche, on distingue une entaille de 12 cm et le sang ruisselle sur la jambe du Basque. La finale de la Coupe d’Europe est terminée pour lui. Les joueurs bordelais, révoltés par cette agression, ont certainement perdu beaucoup de leur concentration et un peu de sang froid sur le coup. M.Zhuk, l’arbitre de la rencontre, n’a rien vu et laisse Kostadinov sur la pelouse. Lizarazu, lui, quitte Lescure sur une civière.

Sportivement et moralement, les Girondins prennent un coup sur la tête et ne parviendront à être dangereux qu’en fin de première période, sur une frappe de « Duga » qui frôle le montant de Kahn. Une piqûre de rappel pour le portier teuton qui était peut-être en retard sur le coup. 0-0 à la mi-temps, tout reste à faire.
La deuxième mi-temps part et cette fois, les Girondins sont décidés à forcer leur destin. Les hommes de Rohr attaquent ces 45 dernières minutes tambours battants et mettent une grosse pression sur le but de Kahn. Deux minutes seulement après le coup d’envoi de la deuxième période, Witschge envoie une frappe lourde vers le but allemand et Sforza, international suisse, allonge le bras pour détourner le cuir. Penalty ? Pensez donc. M. Zhuk, formidable de discernement ce soir-là, ne bronche pas. En face, une équipe comme le Bayern n’a pas besoin de plusieurs avertissements pour se mettre à l’abri. Sur une relance de Dogon, Klinsmann contre un ballon qui arrive dans les pieds de Kostadinov. L

Le Bulgare talonne pour Scholl qui ouvre le score pour Munich (0-1, 53ème). Malgré ce coup du sort, Bordeaux repart au combat et Tholot, un des buteurs de Milan, bénéficie cette fois de moins de réussite. Deux minutes après le but allemand, il envoie une « mine » vers le but allemand. Kahn est battu mais le poteau repousse le cuir. Cette fois, on se dit que c’est terminé, d’autant plus que les Allemands doublent la mise par l’intermédiaire de… Kostadinov (0-2, 65ème), histoire de boire la calice jusqu’à la lie. Dutuel sauvera l’honneur bordelais en inscrivant le premier but girondin de la finale (1-2, 75ème) avant que Klinsmann ne parachève le succès bavarois (1-3, 78ème). Le Bayern de Matthaüs et Papin reçoit la Coupe de l’UEFA sous une ovation. Les Allemands, surpris par une telle réaction, iront même jusqu’à acheter une page du journal local pour remercier la sportivité bordelaise. Même dans la défaite, le public girondin aura su faire honneur à sa formation.

Quoi qu’il en soit, victoire ou défaite, une finale de Coupe d’Europe marque une étape importante dans la vie du club qui revient définitivement sur le devant de la scène. Désormais, une nouvelle ère s’annonce pour les Girondins.