À contrario de l europe l islam a eu ses lumières avant l obscurantisme.
C'est beaucoup une légende urbaine cette histoire de lumières islamiques.
Le mythe d'Al-Andalus et de son âge d'or
par Le Mosellan
06.09.09
Pourquoi la Renaissance n'a-t-elle pas démarré en Espagne ou en France ? C'est qu'Al-Andalus, ou Espagne musulmane, y était pour peu, au mieux en tant que vue de l'esprit échafaudée par nos orientalistes, et que la part de Byzance était énorme.
Al-Andalus brillait plus que l'Espagne chrétienne dont l'énergie était accaparée par la Reconquista, ou la France du Capétien Louis VII, qui n'a certainement pas fait ses humanités grecques. Peut-être que les chiffres dits arabes ne lui disaient rien non plus. Si on lui avait dit qu'ils étaient plutôt indiens, il les auraient employés sans hésiter dans sa comptabilité avant de partir en croisade, un gros désastre pour le Trésor royal.
L'Espagne musulmane excellait aussi dans la piraterie en Méditerranée, et les captifs chrétiens alimentaient les marchés aux esclaves, malgré les protestations des souverains européens, y compris l'Empereur du Saint-Empire romain germanique. Reste qu'ils pouvaient se convertir pour échapper à leur sort, à la condition de continuer à servir dans une famille musulmane, sous statut de mawâli. Ils étaient avertis que l'apostasie était punie de mort, par le pal.
Les chrétiens et les juifs étaient asservis par le statut de dhimmis, baptisé sans humour protection, en contrepartie d'impôts très lourds, en capitation et foncier. Il leur était interdit de posséder des armes comme les musulmans, de circuler à cheval (à dos d'âne, oui), de s'habiller librement (vêtements discriminatoires en forme et couleur). Ils devaient, identifiés à première vue, dans la rue s'effacer devant le musulman, ne pas faire de procession, vivre dans des ghettos et ne pas en sortir avant le lever du jour, enfin enterrer en courant leurs morts. Moyennant quoi, ils pouvaient, sans faire de bruit, célébrer leur culte.
Jacques Attali, à la suite des orientalistes, n'a pas hésité à placer Al-Andalus, (voir sa Confrérie des Eveillés), dans un âge d'or de plus d'un siècle, le XIIe, auquel il nous fait tout devoir. Il feint d'ignorer qu'un siècle plus tôt dans la Byzance chrétienne, et cela continuait dans le siècle d'Averroës, il existait un véritable humanisme, avec retour à l'Antiquité païenne grecque : Platon, Euclide entre autres et Homère, dans lequel les enfants apprenaient à lire et à écrire.
On enseignait aussi aux futures fonctionnaires la grammaire, la poésie et la rhétorique. Aux plus doués la philosophie (Platon en tête), ou encore l'astronomie, la géométrie, les mathématiques. Illustre en son temps, Léon le Mathématicien, par exemple, était convoité à prix d'or par la calife de Bagdad.
C'était une manie bien rodée chez les Omeyyades, depuis la conquête de la Syrie byzantine et le choix de Damas comme capitale, de faire les yeux doux à l'élite des pays conquis. Cette razzia culturelle a été relevée par Ibn Khaldoun, historien arabe du XIVe siècle, chez ces conquérants éblouis, mais accusés d'être une umma wahshiyya (nation sauvage). Notons, à leur décharge, que le Prophète se méfiait de l'art en général, peinture, sculpture, musique et architecture.
Le califat de Cordoue était une réplique de celui de Damas ou de Bagdad. Averroës, le grand commentateur d'Aristote, non seulement ignorait ce que signifiaient comédie et tragédie, (Dansl'Aleph, Jorge Luis Borges lui faisait dire: "Aristû -Aristote- appelle tragédie les panégyriques et comédie les satires et les anathèmes."), mais il préconisait le jihad contre les infidèles, autre nom des chrétiens. C'est vrai qu'il était aussi juriste et juge suprême suivant un privilège familial. Au moins saura-t-on devant ces difficultés sémantiques que le théâtre antique nous est parvenu par une autre voie. Averroës se trouvait prisonnier de sa culture, la représentation théâtrale étant rejetée en islam.
Lorsque les Croisés ont pris Constantinople, ils étaient eux aussi éblouis par son degré de civilisation et son luxe. L'Occident, en plein Moyen-Age, avait porté un coup fatal à Byzance, et se comportait en allié objectif de l'hégémonie turque, dont la puissance ne faisait que grandir depuis son triomphe à Mantzikert (1071). Même amputé de l'Anatolie, de la Syrie, de la Palestine et l'Egypte, le prestige de l'Empire était encore considérable.
Mais les intellectuels commençaient à émigrer vers l'Italie. Le Byzantin Léonce Pilate enseignait le grec à Florence. Par lui, Homère a été traduit en latin. Venise, qui commerçait avec Byzance et au-delà du Bosphore, était la destination de nombreux refugiés. Même Rome a ouvert ses portes, notamment aux religieux lettrés, comme Bessarion, ancien métropolite de Nicée, qui, une fois devenu cardinal a failli être pape, mais se contenta d'animer la vie intellectuelle à la cour pontificale, en mettant à l'honneur les anciens auteurs grecs. Pétrarque a reçu en cadeau d'un ambassadeur byzantin un manuscrit grec de l'Iliade. Et Boccace aussi était dans le vent.
Ainsi, bien avant la chute de Constantinople (1453), Florence, Venise, Rome vivaient à l'heure grecque. C'était le Quattrocento qui se préparait sans bruit, et sans attendre les éventuels messagers d'Al-Andalus.
http://www.lemonde.fr/idees/chronique/2 ... _3232.html