Juste quelques réflexions en vrac:
YAYA: l'idée de prendre les 1ère année ayant ratés le concours de peu n'est pas une si bonne idée que ça pour une bonne raison: le choix de la spécialité ET du lieu d'exercice n'a pas lieu après la 1ère année comme certains ont l'air de penser, mais à la fin de la 6ème année ou tous les étudiants de France passent alors un même examen, l'ECN (Examen Classant National), qui les classe du 1er au 6345 par exemple. Ainsi, le premier choisira radiologie à Paris, par exemple, et le dernier Médecine Générale à Amiens.
Or, entre la 1ère année et la 6ème, bien des choses évoluent, et le classement de la 1ère année n'a rien à voir avec celui de la 6ème! Des gens reçus ric-rac en fin de 1ère année peuvent tout à fait être très bien classé en 6ème et inversement (c'est long 5ans d'études).
De plus, imposer spécialité ET lieu d'exercice dès la première année est le meilleur moyen d'avoir des médecins au rabais pour ces zones "désertes": quel intérêt de bosser dur 5 longues années si tout est écrit d'avance? Quelle motivation?
Autre élément: dans beaucoup de commentaires, on a l'impression que c'est l'argent qui fait fuir les médecins des campagnes. Erreur! Un médecin généraliste en zone rurale gagne beaucoup mieux sa vie qu'en ville, puisqu'il bosse énormément, et donc voit beaucoup de patient.
Le problème n'est pas l'argent, mais l'environnement. Un médecin généraliste fini sa formation à 28 ans au plus tôt s'il a réalisé un parcours sans faute. Il aura plus souvent 30ans. Avant d'ouvrir son cabinet, il fera généralement plusieurs années de remplacement pour se faire la main (on va dire entre 5 et 10 ans). Au moment de visser sa plaque, il aura donc 35-40ans, un conjoint et probablement des enfants. Le conjoint a souvent un boulot aussi, qu'il ne retrouvera pas forcement en zone rurale, et les enfants déjà des copains, des activités extra-scolaire etc...
Pourquoi diable ira-t-il dans un village que tout le monde fuit, ou il ne reste plus que quelques mamies à la moyenne d'âge avoisinant les 85ans? Plus d'écoles, plus de poste, plus de boulangerie, pas de clubs de sport pour les enfants, plus d'épicerie...
Sans oublier que près de 80% des jeunes étudiants sont des femmes... (l'armée met d'ailleurs des cotas d'homme dans les promos de médecins militaires).
Ne pas oublier que médecine est un très beau métier, mais un métier quand même. On peut adorer ce qu'on fait, "avoir la vocation", mais aspirer comme toute personne du 21ème siècle à une vie extra-professionnelle.
Deuxième chose: on parle souvent du fameux numerus clausus. Merci de ne pas accuser les médecins: Introduit en 1971, il a été drastiquement réduit durant des années (3500 places en 92-93 selon wiki) par les gouvernement successifs selon l'idée que moins de médecins=moins de dépense de santé. Il augmente depuis avec 7500 places en 2011-2012. Le problème est la formation: les facs sont surchargées, les terrains de stages disponibles envahis d'externe ayant de moins en moins de patients à charge, de moins en moins de gardes, et apprenant donc de moins en moins de choses. Les limites d'absorption et de formation sont déjà atteintes.
Bref, je ne vois pas beaucoup de solutions quoi... Ou alors, jouer sur l'esprit vénale des médecins (décrier par certains, mais présent chez tout homme à mon humble avis), et proposer une rémunération vraiment significativement supérieur (pour les raisons évoquées ci dessus) genre comme un anesthésiste par exemple... Mais je ne suis pas sûre que même ça soit efficace, parce que l'exode rural, c'est pas les médecins qui l'ont inventé...