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Qui sont les personnalités incriminées à ce stade ?
Pour l’instant, cinq personnes sont dans les filets de la justice belge, et deux autres sont inquiétées :
Eva Kaili, en détention provisoire, ancienne vice-présidente du parlement européen
Francesco Giorgi, le compagnon d’Eva Kaili, et père de leur fille de 22 mois. On sait très peu de choses sur cet homme à cause de qui l’enquête est désormais élargie au Maroc. Il est toujours en détention provisoire.
Marc Tarabella, eurodéputé socialiste belge. L’intéressé n’est pas en détention, mais il est suspecté d’avoir bénéficié de pots-de-vin. Il est suspendu provisoirement par le groupe socialiste au parlement.
Nicolo Figa-Talamanca, lobbyiste dont on sait peu de choses à de stade. Il est directeur général de l’ONG No Peace Without Justice, dédiée aux droits de l’Homme au Moyen-Orient. Il est libéré, mais sous bracelet électronique.
Pier-Antonio Panzeri, ancience eurodéputé, et fondateur de l’ONG Fight Impunity. C’est chez lui que les services secrets ont vu d’importantes sommes d’argent en liquide, ce qui a lancé l’enquête
Luca Visentini, ancien secrétaire général de la Confédération Européenne des Syndicats, dont Laurent Berger, le patron de la CFDT, est actuellement président…, et actuel secrétaire général de la Confédération Internationale des Syndicats, qui clame son innocence
Maria Arena, eurodéputée socialiste belge, proche de Tarabella, a vu son bureau perquisitionné par la police belge, pour d’éventuels liens avec Panzeri
On notera que, parallèlement, Maria Spyraki, euro-députée grecque du parti Nouvelle Démocratie (centre droit), est visée par une enquête de l’OLAF. A ce titre, le Parquet européen demande la levée de son immunité parlementaire. Cette demande n’est pas, à ce stade, expressément liée à l’affaire qatarie, mais elle vise aussi Eva Kaili…
Qui sont les prochains sur la liste ?
Pour l’instant, le volet “public” de l’enquête n’en est qu’à ses débuts, et celle-ci promet un beau feuilletonnage à venir. Francesco Giorgi, le concubin d’Eva Kaili
Or, il se trouve que le play-boy milanais, dont on sait très peu de choses, mais qualifié de “plus beau du Parlement européen”, est considéré comme l’homme de main de Panzeri, l’ancien eurodéputé devenu fondateur d’ONG (dont la mère et la fille, qui vivent en Italie, sont aussi en détention). C’est Giorgi qui saurait tout ou presque des dessous de cette affaire.
Grâce aux aveux de Giorgi, l’enquête devrait rapidement suivre plusieurs axes.
Il y a d’abord l’axe qatari. Toutes les résolutions, toutes les décisions européennes concernant le Qatar sont désormais passées au peigne fin. L’accord aérien donnant un libre accès au ciel européen à Qatar Airways ne devrait pas manquer d’être passé au crible. Le commissaire grec Margaritis Schinas, très complaisant vis-à-vis du Qatar, devrait également passer sur le gril.
Sur cet axe, la complaisance de la sous-commission des Droits de l’Homme du Parlement européen vis-à-vis du Qatar devrait éveiller l’attention. Elle implique au premier chef Maria Arena, eurodéputée belge, présidente de cette sous-commission et proche de Panzeri. L’assistante parlementaire de Maria Arena est aussi… ancienne salariée de l’ONG bien-nommée de Panzeri Fight on Impunity. Cette circonstance a valu le placement du bureau de l’eurodéputée sous scellé.
Il y a ensuite l’axe marocain. Panzeri, avec un sens consommé des affaires, semble aussi avoir fait affaire avec les Marocains, désireux, semble-t-il, de protéger leurs positions au Sahara Occidental face aux ardeurs du parlement européen. Là encore, l’enquête devrait apporter quelques surprises.
Il y a enfin les simples effets de contamination. Au sein du groupe socialiste au Parlement européen, l’influence du Qatar risque d’éclabousser quelques personnalités qui aiment jouer les chevaliers blancs.