tiresias
Si la rafle du Vel d’Hiv a fait moins de personnes arrêtées que les listes policières ne comportaient de noms, c’est pour plusieurs raisons toutes parfaitement identifiées.
Les listes avaient commencé à être établies dès la nomination de Pétain au Pouvoir. Mais entre mai 1940 et juin 1942, tout ceux quoi avaient pu le faire, juifs ou pas d’ailleurs, étaient passés en Zone Libre. Et les grandes rafles au Sud n’avaient pas encore commencé.
D’autres avaient changé d’adresse durant ces deux ans, en fonction des vicissitudes qui leur étaient imposées. Par exemple l’interdiction de travailler, ou la réquisition de leurs appartements, avaient amené nombre de gens à déménager par obligation financière ou simplement pour trouver un toit. Et de ce fait, une partie des adresses n’était plus à jour.
Quelques personnes, avaient été informées de l’imminence de la rafle et avaient eu le temps de se cacher ailleurs. Mais cela n’a touché que très peu de gens. Quelques dizaines probablement.
En outre, les juifs sont légalistes par nature, et des personnes informés de la rafle ont préféré rester à leur domicile, parce que l’ordre leur en avait été donné. Le premier commandement juif est « la Loi de ton pays est ta Loi ». À partir du moment où il leur était interdit de partir, ils obéissaient à la Loi, même si à cette époque la Loi était la police pétainiste.
D’autres encore, informés de la probabilité de la rafle ne sont pas partis, simplement parce qu’ils ne savaient pas où, ou chez qui, ils pouvaient se réfugier. Une personne seule informée d’un danger peut disparaître dans une grande ville. Mais pas une famille avec plusieurs enfants, souvent jeunes, et qui la plupart du temps avaient été totalement ou partiellement dépouillés de leurs biens, argent et objets de valeur, qu’il leur avait fallu vendre pour survivre.
Il y a eu des cas, rares en réalité et tous répertoriés après la guerre pour des raisons autres, de policiers ayant volontairement laissé échapper quelques personnes. Le plus souvent des enfants. Pratiquement pas d’adultes. Et ce fut rare.
Il y a eu également quelques cas, rares mais vrais, ou des habitants d’une maison ont aidé un enfant à se cacher. Mais même si les romanciers et le cinéma en ont fait un thème exploité, ce sont des cas marginaux en nombre.
La principale raison des différences de chiffres venait de ce qu’une partie des listes de la police n’étaient pas à jour.
Et une autre raison, est que les historiens qui ensuite ont travaillé sur ces listes, n’ont pas toujours additionnés les mêmes listes. Et ont eu souvent du mal à se mettre d’accord sur tous les points.
Mais le célèbre « Fichier de juifs » de Paris et de la région parisienne, est visible au Mémorial de la Shoah à Paris, pour ceux que ces questions intéressent.