Sans vouloir répéter un message de trois cent lignes, je voulais juste ajouter que selon moi, et toujours SELON MOI, la prépa et les grandes écoles en général sont un système pervers, car il décide de l'avenir professionnel de jeunes minots d'à peine 20 ans et sélectionnent bien trop précocement des jeunes formatés, qui exerceront leurs fonctions sans talent, ni créativité! De plus ce système est selon moi malsain, car par expérience personnelle, je sais que les deux cas de figures à la sortie d'une prépa, la réussite ou l'échec du concours, ne sont pas sains pour l'esprit souvent confus de jeunes immatures! L'échec du concours, après deux ans de travail acharné entraîne très souvent une profonde remise en question, accompagné de déprime voire de dépression et de mésestime de soi! La réussite au concours est selon moi encore pire, car elle donne l'illusion à l'étudiant d'être tout puissant, d'être la crème de la crème de l'humanité, bref d'être le patron, le boss, ce que les cadres des différentes écoles, surtout polytech et compagnie, s'empresseront de relayer en leur bourrant le bourrichon de "vous êtes l'élite de la nation", "vous êtes les meilleurs", ce qui est humainement totalement FAUX et crée très souvent des conflits sociaux graves! Tout cela participe du mythe peut être pas si apocryphe que ça du "mépris des élites"! "Moi je suis polytechnicien, moi je suis saint cyrien, moi je suis énarque, moi je suis centralien" argument "d'autorité" utilisé très souvent aux élites pour clouer le bec aux gens normaux dans des débats où ces derniers commencent à prendre le dessus!
Je sors de 2 ans de prépa, là où j'étais, la moitié de la classe entre à polytechnique l'année prochaine .
Donc je me sens un peu visé, forcément, pourtant je trouve que ce que vous dites est loin d'être dénué de fondement !
D'abord, c'est vrai, parmi ceux que j'ai cotoyés (prépa Louis-le-Grand pour ceux qui connaîtraient...) certains ont un net problème de mégalomanie qui est conjointement alimenté par :
- le fait d'être dans un milieu riche, dans un quartier riche, avec des parents riches et l'assurance d'avoir toujours un avantage matériel sur les autres
- le fait de s'être faits répéter par pas mal de monde (en guise d'exemple, c'est à peu près la teneur du discours de bienvenue du proviseur du lycée) qu'ils étaient "l'élite des étudiants français" (ce qui pourtant en soit n'est pas faux)
- le fait aussi de sentir qu'ils sont un peu en dehors du cycle de vie du reste de la population. C'est difficile à expliquer, mais ces prépas qui sont sensés travailler énormément sont fatalement évincés des activités classiques des jeunes de 18-20 ans (sorties, soirées, copines, etc.). Et ils s'en tenaient aussi à part au lycée, pour avoir les résultats qui leur ont permis d'arriver là. Du coup, il y a une réaction hautaine du type "moi je ne me mêle pas à ça, parce que je suis au-dessus, je suis intelligent, plus tard j'aurai de l'argent et vous travaillerez sous mes ordres mwAhAhAhAhA" mêlée d'envie, de jalousie et de réflexion rationnelle, qui fait que souvent, effectivement, il y a un vrai dédain pour à peu près tous ceux qui n'ont pas fait de prépa (ou à la limite médecine), et je conviens que ça fait un vrai problème de mentalité finalement.
Enfin je n'ai aucune idée de comment ça pourrait être réglé, ce problème.
Cependant, il faut en toute honnêteté reconnaître que le niveau à la fac et en prépa est incomparable. Une fille de ma sup (1e année de prépa) est partie vers février car elle en avait marre, elle est allée en fac de bio et a instantanément majoré la fac au second semestre...
Je me souviens de devoirs de fin de sup et de début de spé qui étaient des sujets d'agrégation en maths, physique et chimie. Et c'est à un niveau de complexité nettement inférieur aux écrits X/Centrale/mines.
Voilà, donc pour conclure, si le mépris affiché par les ingénieurs (parce que ceux qui sont rentrés à l'X/Centrale, ça ne va pas s'améliorer par rapport à la prépa, les chevilles vont même gonfler...) pour les filières universitaires n'est ni louable ni sain, il ne faut pas non plus nier le fait qu'ils ont académiquement un niveau incomparable. Ce qui est concevable, puisque les meilleurs du lycée vont en prépa et sont fortement incités à travailler dur, tandis que les mauvais vont à la fac et y sont mollement livrés à leur bon vouloir.