Précocité et autisme
Certaines formes d’autisme peuvent être associées à la précocité. Il s’agit de l’autisme d’Asperger, ou syndrome d’Asperger et de l’autisme de haut niveau, deux formes d’autisme assez légères.
Certains enfants sont autistes et seulement autistes. C’est déjà suffisant pour rendre leur vie compliquée. Il y en a qui sont en même temps surdoués. Il y a aussi bien sûr des enfants qui ne sont que surdoués et pas du tout autistes. Et eux aussi peuvent trouver que c’est parfois difficile d’être surdoués.
Les deux peuvent être associés, mais lorsque ce n'est pas le cas, il y a de toute façon des caractéristiques qui sont les mêmes pour les autistes et les surdoués. C’est difficile d’être autiste. Cela peut aussi être difficile d’être surdoué. On peut donc penser que c’est encore plus difficile d’être les deux à la fois. La plupart du temps, ce n’est pas vrai. C’est souvent plus facile d’être autiste et surdoué que d’être seulement autiste sans être surdoué. Certains arrivent même à « cacher » un peu qu’ils sont autistes, notamment dans le cas du syndrome d’Asperger. Leurs parents ne les trouvent pas assez différents pour aller voir un médecin ou un psychologue qui poserait le diagnostic.
Comme l’enfant surdoué, l’enfant autiste est un enfant différent. Il pense et ressent les choses différemment. Et il est souvent gêné par cette différence, se sent parfois anormal, fou ou nul alors que ce n’est pas vrai. Il est juste différent.
Comme l’enfant surdoué, l’enfant autiste, du moins dans la forme Asperger, a une très grande mémoire. Daniel Tammet, un adulte Asperger, est champion du monde pour réciter les chiffres qui se trouvent après la virgule de Pi. Le nombre de chiffres qu’il peut retenir est véritablement impressionnant. Il raconte son syndrome d’Asperger et ses capacités mnésiques dans son livre « Je suis né un jour bleu » (Références en fin de chapitre).
Encore plus que l’enfant surdoué, l’autiste est hypersensible. Son cerveau ne filtre pas et réagit à chaque stimulus : il voit tout, entend tout, remarque le moindre détail. Souvent, ses sens sont trop sensibles : il est gêné par le bruit, les odeurs, le toucher, l’agitation.
Comme cela peut être le cas pour l’enfant surdoué, l’enfant autiste a des difficultés importantes à communiquer avec les autres enfants. Certains n’ont pas d’amis et restent souvent seuls. Ils n’ont pas le « mode d’emploi », la « recette » pour se comporter comme des enfants, avec d’autres enfants. Cela peut être parce qu’ils ont peur des autres, parce qu’ils n’ont pas envie de jouer aux mêmes jeux ou de parler des mêmes choses.
Comme l’enfant surdoué, l’enfant autiste peut avoir des difficultés à rester concentré, surtout quand il s’ennuie. Très vite, il pense à autre chose ou se fixe sur les moindres détails. Sa pensée dérive, ses idées s’enchaînent et l’éloignent de son travail.
Comme l’enfant surdoué, l’enfant autiste peut être synesthète. La synesthésie consiste à associer involontairement des perceptions qui ne doivent normalement pas se mélanger. La synesthésie la plus fréquente concerne les couleurs : lorsqu’il entend un son, une lettre, un mot ou un chiffre, il pense à une couleur. Par exemple, le I est jaune, le A est rose. Le 2 est vert pâle et le 7 vert foncé. Pour un autre synesthète, les couleurs sont différentes. La synesthésie est à l’origine du titre du livre de Daniel TAMMET, « Je suis né un jour bleu ».
Il y a aussi de grandes différences : les autistes ont du mal à imaginer ce que pensent les gens. Pour les surdoués, c’est le contraire : ils imaginent très bien ce que pensent les autres. Ils ont beaucoup d’empathie : c’est la capacité de comprendre et savoir ce que les autres ressentent. Les autistes n’ont pas du tout d’empathie.
Les autistes ont du mal à faire des liens entre les informations et les perceptions : ce qu’ils entendent, ce qu’ils voient et ce qu’ils sentent sur leur peau, dans leur nez, dans leur bouche ou à l’intérieur de leur corps. Par contre, ils sont très forts pour voir les détails et découper les choses en morceaux. Pour les enfants surdoués, c’est le contraire : ils sont très bons pour faire une synthèse, mettre les informations ensemble, pour comprendre quelque chose qui n’est pas dit ou qui n’est pas écrit. Mais ils ne sont pas toujours à l’aise pour faire attention à des choses séparées qui se suivent dans un certain ordre.
Les autistes n’ont pas d’imagination, mais les surdoués en ont beaucoup.
Tous ces contraires peuvent se compenser chez un enfant qui est Asperger et surdoué. Cela explique que de nombreux enfants qui cumulent syndrome d’Asperger et précocité intellectuelle ne soient pas reconnus comme tels. On voit qu’ils sont différents et qu’ils paraissent bizarres, sans qu’on sache pourquoi et sans que personne ne pense qu’ils sont peut-être surdoués et Asperger. Parce que le fait d’être surdoué cache un peu leur syndrome d’Asperger. Parce que leur syndrome d’Asperger ne permet pas de voir qu’ils sont surdoués. Il arrive parfois qu’un enfant soit soupçonné d’être surdoué ou Asperger parce qu’il y a des comportements identiques dans les deux cas. Mais on ne pense pas qu’ils peuvent être les deux.
Sans pour autant remplacer un examen spécialisé auprès d’un neuropsychologue ou dans un CRA, Centre de Ressource Autisme, comme il y en a dans chaque région de France (taper CRA dans Google), ce petit questionnaire permet de savoir s’il y a lieu de pousser les investigations ou non :
www.rdos.net/fr/