A plus d'une occasion la mafia sicilienne, en l'occurrence, a eu recours à des tactiques similaires à celles des terroristes à la seule différence près que les cibles et les motivations étaient différentes. Exemples des années 90: mai 1993, une voiture piégée explose à Rome; le même mois une bombe explose dans le centre historique de Florence et fait 5 morts; juillet 1993 trois bombes explosent près de la Basillique de San Giovanni à Laterano et près de la maison communale de Milan tuant 6 personnes et en blessant plusieurs dizaines,...ce sont seulement quelques exemples des réponses de la mafia sicilienne à la campagne anti-mafia initiée par les sociaux-démocrates italiens.
Tout d’abord, parler de mafia sicilienne est en sois une erreur, puisqu’il existe plusieurs mafia installées dans le territoire sicilien. La plus connue est bien sur la Cosa Nostra, mais une seconde organisation d’envergure plus modeste, la Stidda, est implantée dans le sud de l’île (en dessous de la ligne Agrigente-Catania, pour plus de précision). Concernant les évènements dont vous parlez, ils s’inscrivent dans le cadre d’une série de 9 attentats commis entre 1992 et 1994 –d’une violence totalement inédite, puisque il s’agissait de la première fois que la Cosa Nostra frappait avec une telle force hors de son territoire natal- qui avaient pour but de négocier une pax mafiosa avec l’Etat afin de relâcher la répression que subissait la Cosa Nostra et de revoir l’article de loi 41-bis qui infligeait aux prisonniers pour mafia de très dure conditions d’incarcération. Cependant, il ne s’agit pas du mode opératoire classique des mafias, car la majorité des victimes de la mafia sont soit des mafieux (qui auraient transgressés certaines règles, en période de guerre entre familles,…) soit des journalistes trop curieux ou des commerçants refusant de payer le pizzo, et dans ces conditions les meurtres se font à l’arme à feu ou, plus rarement, à la voiture piégée. Les attentats spectaculaires doivent rester exceptionnels car les mafias cherchent justement à infiltrer les pouvoirs politiques et à se faire discrètes pour attirer le moins possible l’attention des autorités afin de pouvoir se dédier le plus efficacement et le moins dangereusement possible à leurs affaires, ce qui est impossible s’il règne un climat de geurre civile entre Etat/mafia
Autre chose, la mafia des Pouilles, la Sacra Corona Unita, est bien moins puissante que la Cosa Nostra, ce qui implique qu’elle est plus vulnérable. Autrement dit, la où la Cosa Nostra pourrait se permettre d’utiliser des méthodes violentes, la SCU, quant à elle, n’a pas cette possibilité.
A partir d'un certain degré de développement, de ramification, de diversification et de besoins techniques une criminalité peut parfaitement se tourner vers des moyens d'action terroristes et même passer de motivations criminelles stricto sensu et centrées sur l'enrichissement, la prédation à des motivations plus hybrides dans lesquelles la politique n'est pas exclue, l'organisation criminelle en question pouvant se considérer en compétition avec l'Etat et pouvant considérer son état de développement et sa puissance comme dépendants de l'instrumentalisation de l'Etat.
Certes, c’est d’ailleurs à peu près ce qui est entrain de se passer puisque les différentes mafias ont toutes infiltrées de nombreux partis politiques, tant au niveau local que national. Par exemple la ‘Ndrangheta (mafia calabraise) a aujourd’hui une véritable main mise sur la Lega Del Nord.
les BR n'ont jamais attaqué une école et ne pratiquaient pas le terrorisme non-sélectif
Le fait est qu’il ne s’agit plus des BR, mais de mouvements d’extrême gauche qui s’inspirent des BR. Récemment, une lettre piégée a été envoyée à une agence des impôts, si elle avait fonctionné, elle aurait tuée un ou plusieurs employés, alors on ne sait absolument pas jusqu’où ces nouveaux groupes terroristes sont capables d’aller et de quelle façon ceux-ci peuvent programmer leurs actions terroristes