La soumission du pouvoir temporel à l'autorité spirituelle garantissait un ordre dans la société traditionnelle où chacun était à sa place. Quand cet ordre n'est plus respecté c'est le renversement des rapports normaux, la rébellion.
La rébellion à l'autorité spirituelle, il y a un exemple assez significatif avec le Pape Boniface VIII et Philippe le Bel (instabilité monétaire, dissolution de l'ordre du Temple etc)
Voici que ce rappelle le Pape dans sa bulle Unam Sanctam :
... « L'Evangile nous apprend qu'il y a dans l'Eglise et dans la puissance de l'Eglise deux glaives : le
spirituel et le temporel. Quand les Apôtres ont dit : il y a deux glaives ici – ici c'est-à-dire dans
l'Eglise – le Seigneur n'a pas répondu : c'est trop », mais « c'est assez ». Certes celui qui nie que le
glaive temporel soit en la puissance de Pierre méconnaît la parole du Seigneur, disant : « Remets
ton épée au fourreau ». Donc l'un et l'autre glaives sont dans la puissance de l'Eglise, le spirituel et
le temporel, mais celui-ci doit être tiré pour l'Eglise, celui-là par l'Eglise, l'un par la main du prêtre,
l'autre par la main des rois et des soldats, mais du consentement et au gré du prêtre. Cependant, il
faut que le glaive soit subordonné au glaive, l'autorité temporelle à la puissance spirituelle, car
l'Apôtre dit : « Il n'y a pas de puissance qui ne vienne de Dieu, mais ce qui est ordonné par Dieu ; en
cet ordre n'existerait pas si l'un des deux glaives n'était subordonné à l'autre et en tant que son
inférieur rattaché par lui à la catégorie suprême, car selon St Denys la loi de la divinité est que les
choses inférieures soient rattachées aux supérieures par les intermédiaires. Il n'est donc pas
conforme à l'harmonie de l'univers que toutes choses soient ramenées à l'ordre de façon parallèle et
immédiate, mais seulement les plus infimes par des termes moyens, les inférieures par des termes
supérieures. Que la puissance spirituelle l'emporte en dignité et en noblesse sur toute puissance
temporelle, nous devons le reconnaître d'autant plus évidemment que les choses spirituelles
l'emportent davantage sur les choses temporelles. Le paiement, la bénédiction et la sanctification
des dîmes, la collation du pouvoir et la pratique même du gouvernement le font voir clairement à
nos yeux. Car, au témoignage de la vérité il appartient à la puissance spirituelle d'instituer la
temporelle et de la juger si elle n'est pas bonne. Ainsi se vérifie, touchant l'Eglise et la puissance
ecclésiastique, l'oracle de Jérémie : « Je vous ai établi sur les nations et sur les royaumes etc... »
Si donc la puissance temporelle s'égare, elle sera jugée par la puissance spirituelle ; si la
puissance spirituelle s'égare, l'inférieure sera jugée par la supérieure et si c'est la puissance suprême
par Dieu seul. Elle ne pourra pas être jugée par l'homme ainsi que l'atteste l'Apôtre, « l'homme
spirituel juge de tout et il n'est lui même jugé par personne ». Or cette autorité, bien que donnée à
un homme et exercée par un homme n'est pas une autorité humaine, mais bien plutôt un pouvoir
divin conféré à Pierre de la bouche même de Dieu, la pierre affermie pour lui et pour ses
successeurs dans le Christ qu'il avait confessé lorsque le Seigneur dit à Pierre lui même tout ce que
tu lieras etc... Aussi quiconque résiste à la puissance ordonnée de la sorte par Dieu résiste à l'ordre
de Dieu, à moins qu'il ne pense à l'exemple de Manès qu'il y a deux principes, ce que nous jugeons
faux et hérétiques. Car au témoignage de Moïse, ce n'est pas dans les principes, mais dans le
Principe que Dieu a créé le ciel et la terre. En conséquence nous disons, déclarons et définissons
que d'être soumis au Pontife romain est pour toute créature humaine de nécessité de salut. »