'ai connu les agressions et les conflits physiques. Des camarades, des connaissances, dans des circonstances que nous avons partagés ce sont fait démonté, frappés, détroussés. Pas moi, car je ne baisse jamais ma garde, c'est le bon terme et qu'on ne m’appréhende donc pas comme une victime potentielle. Ca couterait trop cher de m'attaquer pour des bénéfices insuffisants. Pas d'ostentation, pas de camaraderie, aux aguets, la démarche vive et prêt à me battre.
Que vous ayez été escinté par la vie, je peux le comprendre.
Que vous tiriez de vos (mauvaises) expériences des généralités, moins.... Même si je n'ai pas envi d'étaler ma vie ici, et que je ne prétend pas avoir vécu la même chose que vous, j'ai eu moi aussi mon lot de déceptions et de pins dans la tronche (au propre et surtout au figuré).... Ça n'est pas pour ça que je répond coup pour coup, je refuse de m'abaisser à ça et de devenir comme ce que je dénonce.
Le truc, c'est que je n'ai jamais rien attendu des autres.... Je part du principe, et depuis fort longtemps, que ce qui détermine l'attitude de quelqu'un, c'est une foule de facteurs qui nous échappent en grande partie. Par conséquent, j'évite de juger de manière radicale (cela explique pourquoi j'essaye tout de même de dialoguer avec quelqu'un comme SBJ qui a pourtant un discours extrémiste très éloigné de mes façons de penser), même ceux qui me sont opposés, sauf cas extrême (j'ai du mal à ne pas juger des types comme Bashar el Assad par exemple).
Alors oui, certains dans notre société ont un comportement violent, scandaleux, et tenter d'aller vers eux n'aura pour résultat que de vous en mettre plein la figure. Tendre la main vers quelqu'un qui a pour seul refuge la violence, ça résulte forcément sur une déception et éventuellement un confrontation violente. La seule manière de supprimer cette violence, c'est de s'attaquer à ce qui le pousse à se réfugier en elle. Il ne s'agit pas d'aider naïvement quelqu'un qui pense de toute façon qu'il n'en a pas besoin. Il s'agit de mettre en place un modèle social où tout le monde y trouve son compte... Là, il n'y aura plus besoin de la violence.
Encore une fois, ceci est du au fait que beaucoup d'entre nous, quelque soit son "bord" politique, fonce tête baissée sans prendre du recul.
C'est une des raisons pour lesquelles, sauf quand j'avais 20 ans (mon Dieu, je vieillis), je n'ai jamais été militant.... Je refuse de foncer tête baissée dans une idéologie sans peser le pour et le contre. Les remèdes miracles je n'y crois pas. Des idéaux pouvant nous guider, nous orienter, ça oui...
En outre, comme je le disais, le problème de ceux qui tentent "d'aider" ont la tête dans le guidon et ne la relèvent pas, même lorsqu'ils sont parfaitement sincères.
Les gens qui tentent d'aider les populations défavorisées par de petites mesures, de petites actions ayant plus ou moins de portée, malgré la noblesse et la sincérité de la chose, ça ne résoudra jamais le problème. Pour prendre l'exemple des population défavorisées des cités, ce n'est pas aller leur parler, tenter de les raisonner, ou leur apporter quelques fringues ou quelques repas qui va les aider (je ne sais pas quelle forme a pu prendre vos actions sociales, je parle en général).... Comme nos hommes politiques qui nous parlent de pouvoir d'achat et de chômage, tout cela, même quand c'est noble et sincère, c'est au mieux pathétique, au pire l'arbre qui cache la montagne. Et nous parlons des populations les plus défavorisées! Elles sont loin d'être les seules à survivre grâce aux aides sociales de l'Etat. Ces aides ont le mérite de s'inscrire sur le long terme. Ce n'est pas la panacée, mais en attendant mieux....
On s'attaque tout le temps aux symptômes sans chercher à guérir la maladie, normal que l'on finisse par être contaminés par la maladie. C'est comme si vous essayiez de guérir la grippe en donnant du sirop pour la toux parce que la grippe provoque la toux.... Tout ce que vous allez faire, c'est chopper la grippe vous aussi, et vous ne l'aurez pas guérie, au contraire, vous contribuerez à ce qu'elle se répande....
La maladie de notre société, c'est l’individualisme né du système libéral profondément inégal en lui-même, individualisme à la fois parmi les classes favorisées, qui se replient sur elles-même et accaparent les richesses, et individualisme des défavorisées qui de toute façon n'ont plus le choix, et n'ont plus que la violence pour s'exprimer. Le médicament, c'est une nouvelle forme d'organisation politique, sociale et économique, pourquoi pas telle que je l'exprimais dans mon précédent post.
Après, en effet, je ne crois pas non plus en un ou plusieurs hommes providentiels. J'essaye simplement d'appliquer mes principes dans ma vie de tous les jours ET dans ma vie de citoyen (car ce que je décris, c'est juste un comportement civique, celui que tout le monde ou presque applique d'instinct en voyant un camion de pompier désirant passer toutes sirènes dehors), en espérant que par un effet dominos, ces convictions puissent un jour au moins convaincre quelques personnes de plus. Ce que vous souhaitez pour l'autre, c'est ce que vous souhaitez pour vous.... n'ayez aucun doute là dessus... le soucis est que nous vivons dans une société complexe, populeuse, où les mécanismes sociaux sont lents et pas toujours flagrants (contrairement aux mécanismes du capitalisme qui sont extrêmement rapides et qui ont malheureusement toujours une longueur d'avance, comme un virus qui mute très rapidement, et qui neutralise ainsi tous les vaccins que l'on essaye de concevoir, au point de rendre ces vaccins plus nocifs que bénéfiques, c'est ce qui s'est passé en URSS).
Je ne prétend pas vous convaincre, mais vous voyez, plus vous expliquez pourquoi vous avez ce point de vue, plus je le comprend même si je ne le partagerai jamais. C'est con, mais l'empathie commence là..... comprendre pourquoi l'autre ne pense pas pareil.