Bakou, vous rendez-vous compte que ce que vous dites est d'un nihilisme assumé....
J'espère au moins, Brennus, qu'au vu de votre manichéisme vous êtes chrétien.
Croyant non.... de culture chrétienne oui, et vous aussi, bien prétentieux serait celui qui prétendrait avoir tiré un trait sur 2000 ans de Christianisme.... Je ne dis pas que c'est une bonne chose, juste que c'est un fait, et si ça a permis de faire progresser nos sociétés, et bien tant mieux!
au vu de votre manichéisme
Je ne pense pas être manichéen, bien au contraire, je ne juge pas si il y a les bons et les mauvais, ma réflexion nait d'une interrogation simple: nous sommes là, nous avons à choisir comment mener notre existence à son terme, que choisissons-nous?
Vivre en pensant que nous valons mieux que tout le monde et tout le reste, que nous ne devons rien à personne (quelle blague! Vous vous êtes déjà demandé par quel miracle la bouffe arrive dans votre supermarché, chez vos commerçants, dans votre assiette? Par quel miracle vous avez des routes sous vos pneus quand vous devez vous déplacer? Par quel miracle si vous vous cassez une jambe, on vient vous ramasser, on vous soigne, et tout ça gratuitement? (encore, mais si on écoutait SBJ, on devrait oublier ça), et ben non..... C'est absurde.... aussi absurde que de se lever un matin, et de décider que l'on va se tirer une balle dans la tête.
Votre discours traduit une peur de perdre ces facilités de vie induites par la vie en groupe, peur qui vous conduit à une fuite en avant en disant "l'homme ne mérite pas le respect ni d'empathie, donc vivre ensemble et veiller à ce que chacun s'y retrouve est donc inutile".
Alors oui, j'accorde une grande valeur à la vie humaine.... Pourquoi? Parce que je ne souhaite pas à autrui ce que je n'aimerais pas que l'on me fasse. Et parce que, bon sang!, je ne sais pas si il y a quelque chose après la mort, mais que lorsqu'on s'en donne les moyens et que l'on s'aperçoit que ce n'est pas le matériel qui apporte le bonheur, la vie est quelque chose de tout de même sacrément agréable!
je ne vois définitivement pas d'où elle vous vient
Du besoin de vivre ensemble? "L'homme est la joie de l'homme" dit une strophe des Havamàl, poème scaldique scandinave du Xème siècle... Vous voyez que ce n'est pas forcément chrétien, c'est humain, point final. De nombreux philosophes antiques soulignent ce besoin pour l'être humain de cotoyer ses semblables, bien avant le Christ et son message d'amour.
La société industrielle et de consommation actuelle est tellement déshumanisée que l'on arrive à oublier cela, que les illusions de la technologie nous font penser que nous n'avons plus besoin des autres. Votre nihilisme (que je comprend bien plus que la prétention de SBJ à être "le meilleur") montre bien la violence sociale de notre époque, nous ne reconnaissons même plus l'intérêt de vivre ensemble alors que l'homme moderne, complètement dénaturé, serait bien incapable de vivre seul....
Pour autant non, nous ne considérons plus, d'emblée, que les humains de cette terre méritent notre intérêt ou notre empathie.
Nous ne sommes pas là non plus sur la même longueur d'onde.... Je n'espère aucune "récompense", et il ne s'agit pas de mérite. Là c'est vous qui êtes dans une dialectique judeo chrétienne. Il s'agit de trouver le moyen de vivre le mieux possible ensemble (nous ne pouvons pas faire autrement que de vivre ensemble, et même si nous le pouvions, au fond, nous ne le voudrions pas).
Vous et SBJ parlez de vos proches... J'aimerais avoir la même confiance que vous dans le fait que mes proches ne risquent rien. Parce qu'en effet, le groupe, pour un individu, c'est avant tout ses proches. Ce que l'on souhaite pour le groupe, on le souhaite pour ses proches, et pour soi-même également.... C'est cela que vous ne comprenez pas. La violence que vous avez expérimenté dans les cités n'est induite que par le fait que la majorité des gens aujourd'hui souhaite de la violence pour le groupe (exploitation, discrimination, méfiance, stigmatisations, haines): on récolte ce que l'on sème.
Il ne s'agit pas de verser des larmes de crocodiles dans des parodies de cérémonies mémorialo-commémoratives indécentes, il s'agit de voir quelle existence nous voulons. Vous voulez un monde où l'autre est l'ennemi? Un monde où il faut être sur ses gardes en permanence? Où si les circonstances vous amènent dans une position de faiblesse, on vous écrasera comme un insecte? Pas moi.....
En tant qu'être, pour qui vous prenez vous? Vous croyez vous si digne d'amour, si bon, si juste, que les autres humains vous viendront en aide, vous aideront, pleureront avec vous quand vous serez au sol?
Ce n'est pas un problème d'être digne ou méritant. Je part du principe que si je souhaite quelque chose des autres (de l'entraide, de la fraternité (de l'amour, n'exagérons pas!), du respect), je dois d'abord l'appliquer moi-même. Et si on ne me le rend pas, qu'à cela ne tienne....
Finalement, votre discours nait du constat que les hommes ne sont pas digne de respect et de solidarité. C'est un constat amère, et finalement, vous aussi au fond, aimeriez qu'il en aille autrement.... Le soucis, c'est que tout le monde réagit comme vous, et il en résulte un cercle vicieux où tout le monde se replie sur soi-même: c'est le drame de notre société actuelle. C'est cela qui crée les inégalités, les conflits sociaux, et au final, l'insécurité.
Vous pourriez mourir demain et bien, qui vous pleurerez?
Je n'en ai rien à faire que l'on me pleure!!!! C'est maintenant qui m'intéresse, tant que je dois vivre, et c'est ma mortalité qui m'incite à réfléchir de cette manière.
Vous n'êtes rien, trois fois rien, comme tous les humains de cette terre et l'humanité, le groupe social plus ou moins étendu, se fout bien de votre vie et de votre existence.
Parce que tout le monde réagit comme vous. En tant que groupe, et dans une moindre mesure en tant qu'individu, nous sommes ce que nous choisissons d'être, et l'avenir est ce que nous choisissons d'en faire. Il est trop facile de céder à je ne sais quelle fatalité. La seule fatalité est la mort. En attendant, nous devons choisir ce que nous devons faire du temps que nous avons.
Ce qui me fait aussi rire, dès le départ, c'est que vous ne comprenez pas que les propositions de SBJ ne sont ni plus ni moins qu'ordaliques
Si si, j'avais bien compris.... enfin, ordaliques.... pas pour lui bien sûr! Les mesures que nous voulons (taxation des riches, foutre en l'air le système libéral capitaliste) ne sont pas moins ordaliques. Tout le monde ou presque aujourd'hui veut du changement, parce qu'à force de consensus mou, plus personne ne se reconnaît dans le foutoir qu'est notre société. C'est sur la nature du changement que les avis divergent.......
En outre je ne crois pas aux aspirations philanthropiques de SBJ...... Pas plus qu'à celles des "clodo" ou de toutes les personnes en difficulté. En revanche, je pense que la violence de ces dernières vient du mépris de gens comme SBJ, du fait que la société les met au ban, les parque dans des cités monstrueuses, sans rien leur donner à espérer ni à vivre.....
Les personnes comme SBJ font tout autant preuve de violence, à leur manière, parce qu'ils se sont constitués une prison dorée et qu'ils s'aperçoivent plus ou moins inconsciemment qu'elle est aussi glauque que la prison de béton des cités. Plus on a, plus on a peur de perdre....
les pauvres et les immigrés ne sont pas plus gentils ou méchants que les autres, ils ont juste moins de moyens pour exercer leur violence sur autrui et que celle-ci est plus directe, plus glauque, c'est tout.
Exactement, mais la violence de gens comme SBJ est bien plus outrageante et destructrice que la leur, même si bien sûr, elle reste une violence. Comment voulez-vous que des gens parqués dans des cités en bétons, qui ne voient que de la laideur au quotidien, et n'aient aucun moyen d'espérer une amélioration, ne tombe pas dans la violence et dans le glauque? C'est toute notre organisation sociale et économique qu'il faut revoir si nous voulons que les choses changent... pas s'attaquer aux quelques mesures qui permettent à ces gens de survivre, et encore....
Les aides sociales sont un moyen de contrôle, on ne mord pas la main qui nourrit, Lénine disait "Tout peuple est a neuf repas d'une révolution", Devinez pourquoi l'état ne laissera jamais mourir de faim ses concitoyens?
Ah mais si j'ai voulu contrecarrer les propos de SBJ, je n'ai jamais dit que le système actuel me convenais. Nous considérons que la société actuelle est soit une fatalité (vous), soit l'aboutissement ultime de l'humanité. Je dis que non, ni l'un ni l'autre.
Je suis contre l'idée d'aides sociales venant d'un Etat..... parce que je suis contre l'idée d'Etat: l'Etat ne nous sert plus à rien, comme l'Eglise ne nous sert plus à rien depuis deux siècles. L'auto gestion des moyens de production et la fragmentation des pouvoirs régaliens au niveau de groupes restreints, et la suppression des moyens de coercitions, voilà le but vers lequel tendre. Il est temps de sortir du drame de l'Histoire, de réaliser l'homme à travers le groupe, de remettre l'art, le beau, l'émotion, la jouissance et aussi, le travail au centre de la vie quotidienne, de réaliser l'égalité totale d'un point du point de vue des moyens et des possessions matérielles. D'en finir avec le nihilisme que vous nous infligez, que vous pensez peut-être original, perspicace ou moins naïf que mon idéalisme, mais qui est navrant de banalité: c'est une facilité dans laquelle il est très facile de tomber, que l'on constate sans cesse ces derniers siècles, ce qui est bien compréhensible.... Cela peut paraître complètement à côté de la plaque parce que ça parait totalement irréalisable, mais c'est, pour moi, ce qui répond au besoin universel de l'humanité, la seule chose qui justifie le fait de vivre: le bien-être....
Bien sûr, c'est un idéal dont nous sommes très loin, mais les idéaux sont là pour nous servir de point de repère vers lequel tendre. En attendant, évitons que notre société ne parte en vrille. Car plus les inégalités seront grandes, plus les troubles sociaux et la violence seront importants, comme vous le dites vous-même. Et si il y a bien quelqu'un qui souhaite éviter un énième épisode sanglant comme l'ont été toutes les révolutions, c'est bien moi....
L'Histoire telle qu'elle est jusqu'à maintenant n'est qu'une longue liste de fatalités. Je suis persuadé que l'être humain peut, si il le veut, sortir de ça..... ou pas.... Mais dans ce cas, nous coulerons avec elle.