visiteur
Je réponds sur la peine de mort, mon exemple.
1- Examinons votre argument : vous verrez qu'il se rapporte à ma thèse.
Si vraiment l'idée était d'interdire une peine pour éviter les erreurs judiciaires, alors il faudrait toutes les interdire, car dès lors que l'on juge d'une affaire, on peut être juste ou injuste, même en admettant que ces termes ne se rapportent dans notre cas qu'aux lois du souverain, selon si l'on juge bien ou non.
En fait, l'abolitionniste nous explique plus exactement que sa cité ne peut admettre une telle erreur judiciaire, car pour lui tuer un homme revient à briser un tabou. Pour aller dans votre sens, il faudrait juger de cette erreur, en fonction du bien commun que la cité se propose d'observer : s'il s'agit de préserver les droits naturels de l'individu, et que la vie y est admise comme droit naturel, alors il ne peut plus être question de peine de mort. Nous ne sommes quand même pas encore dans ce cas.
2- Mais, même si nous étions dans ce cas, il resterait juste à expliquer qu'un tel principe n'est pas de nature à conserver la cité saine.
Si l'on admet que tuer un homme est un tabou, au nom d'une quelconque dignité de l'homme, et d'un droit naturel à la vie ; on peut tout autant envisager l'idée que le priver de sa liberté en est un autre. La justice devient aussi plus laxiste : car si la peine de mort n'est plus peine capitale, une autre le devient, perpétuité par exemple ; et si le passible de la peine de mort risque perpétuité, alors celui qui risquait par le passé perpétuité, risquera une peine de prison plus limitée : vous comprenez l'idée, détruisez la peine de mort, toute l'échelle des peines est affectée.
Le juste et l'injuste sont effectivement définis par la loi du souverain, mais ils se rapportent à une conception du bien, qui dépend d'une doctrine donnée. Il y a comment le criminel est jugé, et comment l'opinion accepte sa peine. Or, à être plus laxiste avec le criminel, vous encourez que le public trouve qu'il s'en tire à bon compte : qu'il trouve que la justice ne punit plus le criminel comme elle le devrait, à la mesure de son crime ; ce à quoi vous tendez en réalité en présentant le criminel comme une victime de la société et des circonstances, car alors vous oblitérez ou minorez ce que la victime a subi : en fait, vous lésez la victime, et vous discréditez ainsi votre justice.
Une justice qui ne punit plus assez, n'est par ailleurs plus crainte par le scélérat. Vous vous exposez alors à une augmentation du nombre de forfaits, car le scélérat raisonne lorsque sa faute est volontaire, en termes de coût et avantage : cela vaut-il le coût de prendre ce risque pour obtenir ou faire ceci ? Sans oublier, que les peines sont toujours à considérer en fonction des moyens dont on dispose : s'il n'y a plus de condamnés à morts, soit il faut disposer de plus de places dans les prisons, soit il faut faire de la place, par exemple.
3- Je résume enfin les erreurs de l'humaniste sur la question.
L'humaniste oublie de considérer ce qu'est le criminel passible de la peine de mort en tant qu'individu : il est un Homme, et non un individu ou sujet qui par ses actes déclare la guerre à ses concitoyens, qui les empêche de vivre dans la sécurité, de jouir tranquillement des fruits de leur travail, et pas par un délit. On parle en général, d'un tueur, d'un violeur, d'un grand trafiquant, d'un rebelle ou séditieux. Considéré ainsi, on le plaint moins, on apprécie même l'idée qu'un mort ne peut récidiver, ou être nuisible depuis sa prison.
L'humaniste pense aussi que la justice a pour mission de sanctionner afin de corriger les hommes, une conception à laquelle je ne m'oppose pas. L'humaniste oublie cependant deux vérités, toujours au nom de l'amour qu'il porte à l'homme, cet être sacré : 1- tout homme n'est pas forcément corrigible, ce qui pose la question de la récidive, quelle que soit la faute ; 2 – toute faute commise n'est pas forcément rémissible, que ce soit par l'homme, sujet qui nous occupe, ou par Dieu, si l'on vise les catholiques depuis Vatican II.
Je réponds maintenant au reste de votre post.
1- A propos de la guerre entre les hommes.
Premièrement, réitérons que la politique est guerre par d'autres moyens ; que dans les deux cas, guerre ou politique, il s'agit d'admettre des règles justes communes, afin que les relations internationales ne s'aigrissent pas. Quel meilleur moyen d'en arriver à une conflagration générale, qu'une concurrence déréglée entre gouvernements, composés d'hommes qui se comportent tous en machiavéliens ou réalistes comme on dit aujourd'hui ? Si la ruse à court terme est profitable, donc semble intelligente, à long terme, elle ne cause que la haine entre les Etats et les hommes.
Deuxièmement, la guerre n'est plus une solution envisageable, parce qu'elle suppose un carnage de nos jours. Nous avons détruit la possibilité d'une guerre limitée, d'une guerre juste. Mais, sans la guerre comme ultime argument des rois, comment sanctionner les coups bas et empêcher leur multiplication ? Plus de guerre possible, plus de casus belli ! La suppression de la guerre directe nuit à la politique.
Troisièmement, pour disposer d'un monde qui admet des idées ou "valeurs" communes, il faut partager une doctrine : qui ne peut se répandre que par la guerre, directe ou indirecte, toujours. Autrement dit, même la paix comme idée essentielle, ne se répand que par les armes dans un premier temps, ou la prédication/propagande, les sanctions politiques...
2- Pourquoi ne peut-on accepter la race comme subdivision de l'espèce ? Est-ce pour une raison "scientifique" ou philosophique ? Si l'on admet les races, ou qu'on les nomme autrement, ne peut-on pas les comparer, en fonction d'une qualité donnée ? Ne peut-on pas de même façon, comparer ce qui procède de l'homme, l'artificiel ? Ce qu'a produit tel homme ou telle société, avec ce que produit tel autre homme, ou telle autre société ? N'est-il pas aussi envisageable de recouper naturel et artificiel ? Doutant de l'impartialité de l'homme à son sujet, je ne condamne pas le racisme avant étude, même s'il s'agit presque d'une injonction : je suspends mon jugement.
Ces études, qu'elles soient vraies ou fausses, sont en effet de nature à nourrir la guerre. Elles recouvrent en fait une autre distinction : civilisé / barbare. Tout homme tend à considérer comme vrai, bien et beau, les idées, mœurs et coutumes qui sont de sa société ; et par opposition comme faux, mal et laid, les idées, mœurs et coutumes qui n'en sont pas, à mesure qu'elles s'y opposent. Le motif importe peu : religion, philosophie, utopie politique, race... l'homme se considère comme le plus civilisé, et tend à l'imposer aux autres hommes, à mesure qu'il souhaite leur bien.
Vous pouvez cependant en faire une question politique : quelle liberté la cité doit-elle accorder aux savants ? Dans tous les cas, elle devra en assumer les conséquences : bonnes et mauvaises.
3- Pour être en paix avec une communauté, ou une nation, encore faut-il qu'elle soit aussi décidée à la paix, et que ce soit une bonne politique.
Même si je reste strictement orthodoxe, il me semble que l'idée de la Révolution était de tout accorder aux juifs en tant qu'individus, rien en tant que nation : qu'ils soient français, et que leur judaïsme passe au second plan ! Que faire si une infime partie des juifs tend à se constituer en lobby, et à acquérir une puissance officieuse ? Que faire, si le juif est binational : quelle nation reconnaît-il en priorité s'il n'est qu'un individu lambda ? quelle nation sert-il s'il a de l'influence ou une quelconque puissance ? S'il est "croyant", quelle loi suit-il en priorité lorsqu'il y a conflit : la loi juive ou la loi républicaine ?
Je résume la question : quels sont les juifs "assimilés" en sabir moderne, c'est-à-dire amis ou frères de l'ensemble des français ? Quels sont les juifs, qui vivent seulement à côté des français, repliés sur leur communauté, qui ne sont qu'amis d'autres juifs ?