J'ai aussi ça, qui vous parlera sans doute, Mouchab. Mais là je n'ai pas le bouquin, c'est en ligne sur le Net.
La thèse, très en vogue sous nos cieux, des douceurs de ce membre du Parlement oustachi pour les martyrs juifs, serbes, tsiganes, slovènes, croates dissidents et de ses condamnations de l’État croate repose sur: 1° les travaux hagiographiques de Stella Alexander, qui ne dispose que d’une source originale, Katolicki List, journal de l'archevêché: toutes les citations qu’elle en fournit ne révèlent que des signes d’adhésion au régime: tous les documents de défense qu’elle présente sont de seconde main ; 2° des hagiographies romaines et « révélations » de Guerre froide de l’Osservatore Romano qui suscitèrent en janvier 1951 l’ironie de l’ambassadeur de France Wladimir d’Ormesson à l’ère où Stepinac était érigé en martyr des bourreaux communistes de Tito: « on peut s'étonner » que le quotidien du Vatican « n’ait pas donné plus tôt une large publicité » à ces informations sur la thèse d’un Stepinac résistant de la première heure à Pavelic .
Les sources originales décrivent à l’inverse ce que l’écrivain catholique italien Falconi appelait en 1965, fonds de l’État croate à l’appui, « hideux mélange de boucheries et de fêtes» . Les franciscains, dont Stepinac était le chef sur place, y participèrent à la masse, à la hache et au poignard avec un allant inédit en notre siècle: destruction des bâtiments des cultes « ennemis », tortures, assassinats en masse de Serbes, juifs et tsiganes, dans les villages (dont celui de Glina en mai 1941: 2 000 morts dans la nuit, hommes, femmes et enfants, pillés ensuite) et les camps de concentration (tel l’abominable camp de Jasenovac, ouvert dès mai 1941), lutte contre la résistance, etc. L’Américain Biddle, ministre auprès du gouvernement yougoslave en exil, évalua en septembre 1942 les seuls « atroces massacres de Serbes », poursuivis alors « avec frénésie », à « 600 000 hommes, femmes et enfants » . Les archives oustachies furent à l’époque de la déroute, regroupées, symbole d’une exceptionnelle fusion de l'Église et de l'État, dans le palais de Stepinac. Le régime yougoslave nouveau n’y découvrit en 1945 « aucun document protestant contre les crimes commis en Croatie par les Oustachis et les Allemands »; mais quantité de photos de l’archevêque, faisant à travers la contrée le salut oustachi (bras levé) auprès des hauts fonctionnaires; et des textes, telle sa circulaire du 28 avril 1941 aux évêques glorifiant « l’État croate ressuscité » et « le chef de l’État croate », et ordonnant un « Te Deum solennel dans toutes les églises paroissiales ». Comme Saric et bien d’autres en Yougoslavie, Stepinac pilla aussi biens juifs (fait clérical retrouvé dans l’ensemble de l’Europe orientale catholique, Slovaquie en tête) - et serbes, avec l’aval écrit (en latin) du Saint-Siège, via son légat Marcone les 9 décembre 1941 et 23 décembre 1943 (et fut convaincu par ses héritiers d’avoir détourné les biens de Bauer, de « plusieurs dizaines de millions de dinars »).
Stepinac fut aussi l’exécutant du décret « oustachi » du 3 mai 1941 de « conversion forcée » des orthodoxes, intelligentsia exclue car considérée comme irrécupérable: ce retour à « l'Inquisition espagnole » donnait aux Serbes non massacrés d'emblée le « choix » (qu’Henri Tincq déclarait « musclé » dans son article du Monde du 1er octobre 1998) entre adhésion immédiate au catholicisme et mort. Ce texte non étatique mais vatican fut contresigné, en tant que secrétaire de la Congrégation de l’Orientale, par le cardinal français Tisserant. « Contre son gré », insista Belgrade tout en le révélant en 1952, au cours d’une année particulièrement riche en provocations vaticanes, dans un Livre Blanc sur les relations Vatican-« État indépendant de Croatie » puisé au « journal » de l’archevêque et aux archives oustachies. Tisserant, juge impitoyable en privé du régime de Pavelic (comme le précise le Livre blanc), confirma l’information à l’attaché français à Rome de Margerie
Annie Lacroix-Riz, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris VII
http://www.cnj.it/documentazione/ustascia1941.htm#alr
vous pourrez transmettre à Mme Lacroix -Riz, l'adresse des archives vaticanes publiées à ce jour, en particulier cette lettre de Mgr Ujcic à la Secrétairerie d'Etat en date du 24 juillet 1941 dont je cite un bout explicite :
J'ai déjà eu l'occasion d'envoyer certains écrits à la Sacrée Congrégation concernant le sort dans lequel nous nous trouvons, nous Catholiques en Serbie, suite à la violente persécution pratiquée dans le Royaume de Croatie contre la Serbie-orthodoxe.
Je ne veux pas exposer, que certains actes, malheureusement survenus, sont un affront direct au bon sens et au droit civil, pour ne rien dire de la charité chrétienne.
Les évêques, en particulier les évêques Stepinac et Garie, font de leur mieux pour tempérer la témérité de certains des partisans "oustachis" Évêques n'ont pas hésité à dire la gravité des cas même au chef de l'Etat le Dr Pavel(ic):· Dois-je avoir l'honneur de dire,
qu'ils ont, le 27 Juin, émis une ordonnance interdisant strictement tout acte arbitraire, mais il semble que cet arrangement a
le même effet que les proclamations contre le bien dans le premier chapitre des « Promessi Sposi».
Ebbi già occasione di inviare alcuni scritti a codesto sacro Dicastero concernenti la penosa situazione, in cui veniamo a trovarci noi cattolici della Serbia, in seguito alle violente persecuzioni praticate nel Regno di Croazia contro i Serbo-ortodossi.
Non voglio esporre, che certi atti, purtroppo verificati, significan° direttamente un oltraggio al buon senso e al diritto civile.., senza parlare della carità cristiana. I Vescovi, specialmente Mons. Stepinac e Mons. Garie, fecero loro possibile per temperare l'impetuosità di alcuni partitanti degli « Ustage »... i Vescovi non esitarono ad avvertire sulla gravità dei casi anche il capo dello Stato dott. Pavelie: ad onore del ver° devo dire, che questi in data del 27 Giugno emanò un ordine, che proibiva severamente ogni atto arbitrario, ma sembra che questa disposizione abbia
il medesimo effetto come le gride contro i bravi nel primo capitolo dei « Promessi Sposi »
http://www.vatican.va/archive/actes/doc ... lume-5.pdf
Page 104. Autant dire que ces papiers, documentés, sont en complète contradiction avec votre ligne.