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Au début de la Dépression, plus d’un cinquième des américains travaillaient dans des fermes. Entre 1929 et 1932, ils ont vu leurs revenus réduits d’une fourchette entre un tiers et deux tiers, ce qui a aggravé les problèmes auxquels les agriculteurs étaient confrontés depuis des années. L’agriculture avait été victime de son propre succès. En 1900, pour produire suffisamment de nourriture pour le pays tout entier, il fallait employer une grande partie de la population américaine. Puis, survint une révolution dans l’agriculture, qui s’accélérera tout au long du siècle : meilleures semences, meilleur engrais, de meilleures pratiques agricoles, et une mécanisation généralisée. Aujourd’hui, deux pour cent des Américains produisent plus de nourriture que nous n’en pouvons consommer.
Pourtant, les agriculteurs ont continué à produire, travaillant parfois encore plus dur pour compenser la baisse des prix. Individuellement, cela avait un sens ; collectivement, cela en était dépourvu, car toute augmentation de la production forçait les prix à la baisse.
Mais il a fallu attendre que les dépenses publiques explosent en préparation à la guerre mondiale, pour que l’Amérique commence à émerger de la Dépression. Il est important de souligner cette vérité simple : ce sont les dépenses publiques - c’est à dire une relance keynésienne - et non pas une quelconque correction de la politique monétaire ou la restauration du système bancaire, qui a déclenché la reprise économique. Les perspectives à long terme de l’économie auraient bien évidemment été encore meilleures si plus d’argent avait été consacré à des investissements dans l’éducation, la technologie et les infrastructures plutôt qu’à des munitions, mais même ainsi, de fortes dépenses publiques ont plus que compensé la faiblesse des dépenses du secteur privé.
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« Le secteur privé ne veut ni ne peut par lui-même entreprendre une transformation structurelle de l’ampleur nécessaire, même si la Fed maintient son taux d’intérêt à zéro pour les années à venir. La seule méthode pour y parvenir, c’est une relance publique conçue non pas pour préserver l’ancienne économie, mais se concentrant plutôt sur la création d’une économie nouvelle, » juge-t-il, en appelant au lancement d’un programme d’investissement public massif dans la formation, les infrastructures et les nouvelles technologies de développement durable, mais aussi à une refonte de la finance, qui doit être ramené au rôle subalterne qu’elle n’aurait jamais du quitter.
La majorité des macro-économistes affirment que lors d’une récession, le véritable problème n’est pas la baisse des salaires, mais leur rigidité. Si les salaires étaient plus flexibles (ce qui revient à dire moins élevés), les ralentissements économiques se corrigeraient d’eux-mêmes ! Mais ce n’était pas vrai pendant la Dépression, et ce n’est pas toujours vrai aujourd’hui. Bien au contraire, une réduction des salaires et des revenus ferait tout simplement baisser la demande, affaiblissant encore plus l’économie.
Les américains vont également s’adapter à un niveau de vie inférieur, et vont non seulement vivre selon leurs moyens, mais vivre en dessous de leurs moyens, en devant se battre pour rembourser une montagne de dettes. Mais les dégâts seront énormes.
Ce que nous devons faire, c’est lancer un programme d’investissements massifs - comme nous l’avions fait, presque par accident, il y a 80 ans - qui permette d’accroître notre productivité pour les années à venir, et permette également de créer des emplois dès maintenant. Cet investissement public, et le redressement du PIB qui en résulte, améliore le rendement de l’investissement privé. Les investissements publics pourraient viser à améliorer la qualité de vie et la productivité réelle, à la différence des investissements du secteur privé dirigés dans les innovations de la finance, qui se sont avérées être plutôt des armes financières de destruction massive.
Comme indiqué précédemment, l’implosion du secteur financier n’est peut être pas la cause de notre crise actuelle mais elle l’a rendue bien pire, et c’est un obstacle pour une reprise à long terme. Les petites et moyennes entreprises, en particulier les nouvelles, sont une source très importante de création d’emplois dans toute économie, et elles ont été particulièrement durement touchées. Il est nécessaire que les banques mettent un terme à leurs dangereuses spéculations et reviennent au métier ennuyeux consistant à accorder des prêts. Mais nous n’avons pas réparé le système financier. Nous avons versé de l’argent aux banques, sans restrictions, sans conditions, et sans une vision de la nature du système bancaire dont nous avons besoin et que nous voulons. Nous avons, en un mot, confondu la fin et les moyens. Un système bancaire est censé servir la société, et non l’inverse.