Raison pour ne pas voter Mélanchon.
Je suis retomber sur ce texte et j'ai compris pourquoi j'ai eu une aversion instantané pour ce type
Idiots utiles: Epouser toutes les mauvaises causes de sa génération sans en manquer aucune (Gunther Grass as the ultimate useful idiot)
Plutôt rouges que morts! Manifestants allemands (années 80)
Les fusées sont à l’Est, les pacifistes à l’Ouest. Mitterrand
Latuff_palestinian_che_1Latuff_vietLatuff_iraqiresistance_1Latuff_cpeJustes paroles encore que celles de Guy Sorman dans Le Figaro d’hier sur toutes ces “consciences nationales” qui, comme Gunter Grass, auront chacun à leur tour, en leur temps et à leur niveau, “épousé toutes les mauvaises causes de sa génération sans en manquer aucune” …
A l’instar de notre Sartre national qui, fidèle compagnon de route et emporté par sa fièvre anti-américaine, “oublia, pendant toute la Deuxième Guerre mondiale, de protester contre le nazisme et l’antisémitisme”.
Et avec qui tant d’entre nous (ou de nos parents) préféraient se tromper et qui, tout en prétendant aussi subrépticement que fallacieusement que chaque Français avait comme lui plus ou moins été – au moins “en pensée – “résistant”), écrivait en septembre 44:
“Jamais nous n’avons été plus libres que sous l’occupation allemande” /…/ Et je ne parle pas ici de cette élite que furent les vrais Résistants, mais de tous les Français qui, à toute heure du jour et de la nuit, pendant quatre ans, ont dit non.”
Ou plus tard (en… 75 !):
“J’ai menti. Enfin ‘menti’ est un bien grand mot. J’ai dit des choses aimables sur l’URSS que je ne pensais pas. Je l’ai fait d’une part parce que j’estimais que, quand on vient d’être invité par des gens, on ne peut pas verser de la merde sur eux à peine rentré chez soi, et d’autre part parce que je ne savais pas bien où j’en étais par rapport à l’URSS et par rapport à mes propres idées. (…) Je ne savais pas qu’ils existaient encore après la mort de Staline, ni surtout ce qu’était le Goulag.”
Heureusement qu’il y avait quelques Aron ou Camus:
Toute idée fausse finit dans le sang, mais il s’agit toujours du sang des autres. C’est ce qui explique que certains de nos philosophes se sentent à l’aise pour dire n’importe quoi.
Et juste parole aussi que cet avertissement de Sorman:
On ne se garde pas assez, en revanche, de l’artiste quand son talent le dissimule, surtout quand le talent est grand : des magiciens, grimés en moralistes, on ne se méfie jamais assez.
Que nous rappelions dans notre dernier billet à propos d’un des dessinateurs-fétiche des nouvelles générations d’anti-américains (pardon; d’ “anti-impérialistes”), le fameux… “boy from Brazil”, Carlos Latuff ! (Voir sa photo ci-dessus au côté de Leila Khaled, la passionaria – désormais recyclée dans le “pacifisme” – de… Black September!)
Dont le fait que, comme tout bon compagnon de route (ou “idiot utile”, si l’on préfère) et pas plus que Sartre lui-même, il ne porte littéralement de valises fait justement toute la séduction et… toute la valeur pour tous les “Kominterns” de l’histoire !
Cette apparence d’indépendance qui mine de rien sape l’esprit critique de générations et générations, leur faisant successivement militer puis espionner (à la Rosenberg et Fuchs – ce qui leur a quand même fait gagner 5 ans pour l’acquisition de la bombe, sans parler du radar et des technologies dérivées) pour les totalitaires, avant d’avaler tout rond le pacte Ribbentrop puis refuser de “mourir pour Dantzig” ….
Avant de proférer des imbécillités du style “better red than dead” … Pour finir aujourd’hui par soutenir (au moins objectivement) des Saddam et proférer d’autres nouvelles imbécillités du style “Bush = Sharon = Hitler ou, pire encore, gueuler ou laisser gueuler des… “mort au Juifs” dans les mêmes manifs pour… “la paix” !
Mais bon, comme le rappelle Sorman, il y en aura toujours qui refuseront “d’avoir raison avec Aron” …
Extraits:
Tout au long de sa phénoménale carrière publique, il n’aura cessé d’adopter des postures consternantes. «Homme de gauche», absolument de gauche, il aura épousé toutes les mauvaises causes de sa génération sans en manquer aucune, aura approuvé toutes les révolutions sanguinaires, de Cuba à la Chine. Toujours disposé à accabler ces fascistes d’Américains, Ronald Reagan et, bien sûr, George W. Bush (c’est sans risque), l’a-t-on en revanche entendu, ne serait-ce qu’un peu, dénoncer le fascisme de Mao Zedong ? Ou celui des islamistes ?
comment s’interdire de songer à cette génération entière d’intellectuels et d’artistes en Europe, en France surtout, autoproclamée de gauche – au point que le mot ne fait plus sens –, qui n’ont cessé d’adopter des postures morales tout en illustrant des causes absolument immorales ? Comment ne pas voir surgir des spectres : ceux qui hier, ont aimé Staline et Mao et, bientôt, vont pleurer Castro ? Ceux qui n’ont rien vu à Moscou, Pékin, La Havane, Téhéran, Sarajevo, et Billancourt ? Ceux qui, maintenant, devinent dans l’islamisme une rédemption de l’0ccident ? Cette grande armée des spectres, de l’erreur absolue, dieu merci, elle n’a jamais cessé de se tromper d’avenir.
par-delà ce cas singulier, on ne se méfie pas assez du grand écrivain et de la star dès qu’ils abusent de leur séduction pour propager des opinions politiques, seulement politiques, mais déguisées autrement. (…) On se garde de l’homme politique, l’élu démocratique, beaucoup trop puisqu’il avance à découvert. On ne se garde pas assez, en revanche, de l’artiste quand son talent le dissimule, surtout quand le talent est grand : des magiciens, grimés en moralistes, on ne se méfie jamais assez.
Günter Grass, magicien des mots et conscience immorale
Guy Sorman
Le Figaro
le 21 août 2006
Servir dans les SS à dix-sept ans, si nécessaire, à la rigueur, on pourrait comprendre : Günter Grass n’avait sans doute pas le choix. Le dissimuler pendant soixante ans tout en distribuant des leçons de morale aux Allemands, en traquant partout les nazis ou suspects de l’être et les néo-nazis et crypto-nazis, ça, c’est plus surprenant : un tour de force. Et que Günter Grass lui-même se révèle incapable d’expliquer, pas plus son silence que sa confession.
Soixante ans de mensonge donc, qui illustrent combien on peut simultanément être un grand artiste et d’une grande immoralité. Troublant pour l’esprit peut-être, mais il est commun que l’on puisse, en un seul mouvement, se faire magicien des mots, des formes ou des sons, et rester dénué de tout sens moral, voire d’un bon sens élémentaire. Rappelons, pour rester en Allemagne, que des artistes incontestables – Leni Riefenstahl, Arno Breker, Wilhelm Furtwängler… – s’accommodèrent fort bien du régime nazi. Une excursion par la France, et l’on se souviendra, jamais assez, que Jean-Paul Sartre, pendant toute la Deuxième Guerre mondiale, oublia de protester contre le nazisme et l’antisémitisme. Günter Grass s’inscrit dans cette tradition schizophrène. À moins que, comme Sartre, il se soit placé, parce qu’artiste, au-dessus de toute morale.
Mais, dans cette affaire, une affaire d’abord allemande, l’artiste, s’il est coupable, ne l’est ni plus ni moins que son auditoire et les médias idolâtres. Car Günter Grass, par-delà ses romans (à la fois très spectaculaires et souvent très illisibles), tout au long de sa phénoménale carrière publique, n’aura cessé d’adopter des postures consternantes. «Homme de gauche», absolument de gauche, il aura épousé toutes les mauvaises causes de sa génération sans en manquer aucune, aura approuvé toutes les révolutions sanguinaires, de Cuba à la Chine. Toujours disposé à accabler ces fascistes d’Américains, Ronald Reagan et, bien sûr, George W. Bush (c’est sans risque), l’a-t-on en revanche entendu, ne serait-ce qu’un peu, dénoncer le fascisme de Mao Zedong ? Ou celui des islamistes ?
Bien entendu, Günter Grass fut pacifiste quand il fallait ne pas l’être, dans les années 1980 ; en ce temps-là, François Mitterrand, songeant sans aucun doute à tous les Günter Grass allemands, observait finement que, si les pacifistes étaient à l’Ouest, les fusées, elles, étaient bien à l’Est. Et quand vint l’heure de la réunification allemande, il s’y opposa pour «préserver l’héritage socialiste» de la RDA. Contre, déclarait-il, la colonisation de l’Allemagne de l’Est par les capitalistes de l’Allemagne de l’Ouest…
Certains laissent entendre que son passé SS faisait de lui un otage de la Stasi, les services secrets est-allemands. Eux savaient. Ils lui auraient dicté ses choix politiques ; mais on ne peut pas l’affirmer de manière certaine. Et, quand Günter Grass (c’était en 1988) passa une saison à Calcutta, hôte du gouvernement indien local, il en fit un livre, trop peu lu, absolument méprisant pour les Indiens ; ceux-là apparaissent dans l’ouvrage tels une race inférieure. Un ouvrage au goût étrange. Mais les dessins de Günter Grass qui l’illustrent sont splendides, démonstration – là encore – de la discordance entre le talent immense et la morale déserte.
Considérer Günter Grass comme une autorité morale, ou comme l’esprit libre par excellence, c’était donc une erreur évitable, sans qu’il fut nécessaire d’attendre la révélation de sa double vie. Une erreur qui a tout de même épargné la non-gauche allemande. Jamais la non-gauche ne sanctifia Günter Grass : non parce qu’il se disait de gauche mais parce qu’il avait tort, tort contre la réalité de son temps et de son peuple.
À ceux qui, aujourd’hui en Allemagne et hors d’Allemagne, confessent leur myopie, leur erreur de jugement ou tentent de les justifier, rappelons qu’il était possible de ne pas plonger dans le fétichisme de Grass. Ni en Allemagne ni dans le reste de l’Europe : tous n’ont pas plongé. Malgré le Prix Nobel de littérature ? Ou en raison, peut-être, du Prix Nobel, prix au pedigree douteux, si souvent. L’erreur et le suivisme n’étaient pas indispensables, ils ne le sont jamais.
Günter Grass, une affaire allemande ? Certes, les SS, ce n’est que l’Allemagne. Mais, comment s’interdire de songer à cette génération entière d’intellectuels et d’artistes en Europe, en France surtout, autoproclamée de gauche – au point que le mot ne fait plus sens –, qui n’ont cessé d’adopter des postures morales tout en illustrant des causes absolument immorales ? Comment ne pas voir surgir des spectres : ceux qui hier, ont aimé Staline et Mao et, bientôt, vont pleurer Castro ? Ceux qui n’ont rien vu à Moscou, Pékin, La Havane, Téhéran, Sarajevo, et Billancourt ? Ceux qui, maintenant, devinent dans l’islamisme une rédemption de l’0ccident ? Cette grande armée des spectres, de l’erreur absolue, dieu merci, elle n’a jamais cessé de se tromper d’avenir.
La déchéance de Günter Grass sonne-t-elle le glas de l’imposture sculptée en conscience morale ? À regret, sans doute pas. Car, par-delà ce cas singulier, on ne se méfie pas assez du grand écrivain et de la star dès qu’ils abusent de leur séduction pour propager des opinions politiques, seulement politiques, mais déguisées autrement. On ne se demande pas assez si la posture médiatique est dictée par la connaissance. Ou par le narcissisme, la mode, le goût du scandale et l’intérêt financier. On se garde de l’homme politique, l’élu démocratique, beaucoup trop puisqu’il avance à découvert. On ne se garde pas assez, en revanche, de l’artiste quand son talent le dissimule, surtout quand le talent est grand : des magiciens, grimés en moralistes, on ne se méfie jamais assez.
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Avouez que le texte de Guy Sorman est du sur mesure.