Paul Ariès, rédacteur en chef du journal le Sarkophage et connu pour son engagement en faveur de la décroissance a décidé de soutenir le candidat du Front de Gauche. Dans une lettre, il en explique les raisons.
La candidature Mélenchon : une étape dans la construction d'une gauche antiproductiviste, un premier pas possible vers le socialisme gourmand. Je voterai Jean-Luc Mélenchon.
J'ai décidé de le soutenir publiquement car ce choix fait débat au sein des objecteurs de croissance. J'ai décidé de le soutenir publiquement car si nous avons des désaccords nous avons aussi des accords. Je respecte et comprends les choix différents d'autres Objecteurs de croissance des gauches.
Je voterai Jean-Luc Mélenchon car c'est une étape possible vers l'émergence d'une gauche antiproductiviste. Le compte n'est y certes pas encore : ni sur la sortie nécessaire du nucléaire, ni sur l'obtention d'un revenu garanti dont la forme pourrait être la gratuité des services publics, ni sur la nécessaire reconversion des industries nuisibles notamment militaires... car comme le souligne le programme du Front de gauche ce qui est essentiel à nos yeux fait débat. Signe que les Objecteurs de croissance des gauches n'ont pas perdu leur temps. Signe aussi que le combat n'est pas encore gagné et qu'il nous reste à convaincre.
Nos thèses en faveur du partage d'un autre gâteau (PIB) car le gâteau actuel est totalement indigeste seraient indéniablement mieux entendables par Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou ou Eva Joly que par Nicolas Sarkozy, François Bayrou ou François Hollande. EE-LV a fait le mauvais choix de s'allier avec le PS dont le maître mot de la campagne est la croissance économique... génératrice d'inégalités sociales et d'effondrement écologique. Le NPA a raison de marquer son refus du nucléaire et de toute alliance avec ce PS là...mais son isolement est une erreur stratégique lourde dont il paie aujourd'hui les frais.
Je voterai Jean-Luc Mélenchon car si la fracture entre une gauche productiviste et antiproductiviste traverse chacun des mouvements issus des différentes familles des gauches et de l'écologie antilibérale, les thèses en faveur de la planification écologique, de la relocalisation, de la transition énergétique, du ralentissement, d'un revenu maximal autorisé, de la réduction du temps de travail et même de la remise en cause du culte de la croissance (productivisme et consumérisme) sont présentes dans sa campagne.
Le programme du Front de gauche n'est pas celui des Objecteurs de croissance. Notre soutien n'aurait autrement pas de sens puisqu'il irait alors de soi.
Je voterai Jean-Luc Mélenchon car de la même façon que je pense que sous la gauche nous pourrions désobéir dans de meilleures conditions pour multiplier des expérimentations, je sais que nous devrions combattre pour avancer vers un socialisme de la décroissance, vers ce que je nomme un socialisme gourmand, un socialisme du Bien-vivre, en sachant que le Bien-Vivre n'est pas le bien-être au sens de la société de consommation occidentale.
Je voterai donc Jean-Luc Mélenchon car sa candidature peut aider au retour à un socialisme de la lutte des classes notamment dans le champ de la consommation pour ne plus nous laisser imposer les modes de vie capitalistes, à un socialisme qui n'oppose pas l'écologie et l'intérêt des classes populaires, à un socialisme de la passion capable de combattre le F-Haine, à un socialisme moral capable d'être à la hauteur de la folie du capitalisme vert et de son projet d'adapter la planète et l'humanité au besoin du « toujours plus », au besoin du capitalisme et du productivisme.
Je voterai Jean-Luc Mélenchon sans rien renier de ma conception d'une nécessaire Objection de croissance, parce que je suis convaincu que sa candidature peut être un moment pour avancer vers la justice climatique et sociale, vers une option préférentielle pour les pauvres... Je voterai Jean-Luc Mélenchon en clamant que la relance n'est pas la solution, mais pas davantage l'austérité. Je voterai Jean-Luc Mélenchon en disant non à la « Rilance » : ni rigueur ni relance.
Je voterai Jean-Luc Mélenchon car beaucoup des thèses que j'ai développées dans Le Socialisme Gourmand sont partagées par ceux qui se retrouvent dans son combat.
Paul Ariès,
Rédacteur en Chef du journal le Sarkophage et Directeur de la rédaction de la revue les Z'indignées
J'en discutais la semaine dernière avec Jean-luc Pasquinet et Michel Lepesant du MOC qui eux se rapprochent plus du NPA. Comme quoi, même aux OC, il y a encore des divergences sur les candidats à soutenir.
Sinon, Paul Ariès a fait une excellente conférence que je conseille à tous :
http://www.dailymotion.com/video/xgoxe0 ... sance_news
2 : 20% des humains dont nous sommes s'approprie aujourd'hui 86% des ressources planétaires.
3 : Si bientôt 7 milliards d'humain vivaient comme nous, une seule planète Terre ne suffirait pas. Il en faudrait un peu plus de 3 si l'on adoptait les standards de vie d'un français et presque 7 si l'on adoptait les standards de vie d'un américain.
10 : Un Américain consomme 20 fois plus de gaz à effet de serre qu'un Indien et un Français 10 fois plus qu'un Africain.
11 : Nous avons consommer en un siècle 900 milliards de barils sur les 2000 à 3000 que la Terre a généré dans toute son histoire géologique.
14 : Si on voulait faire fonctionner l'économie mondiale avec du solaire, il faudrait construire 220 000 Km² de panneaux solaires.
17 : La CIA a établi que les aliments effectuent en moyenne 1700 Km.
18 : Ce qui n'est pas universalisable n'est pas défendable sur le plan moral.
19 : La quantité d'eau potable va diminuer d'un tiers en 20 ans pour un habitant et de 50% en 40 ans.
19 : La consommation d'eau a été multipliée par 7 en 1 siècle.
19 : Un Américain consomme 2,3 fois plus d'eau qu'un Français. Avons-nous le sentiment de manquer d'eau ?
19 : Si nous poursuivons les tendances actuelles, nous aurons 500 millions à 1 milliard d'humains en état de pénurie d'eau et 2,5 milliards en situation critique. Comment peut-on penser, rester sur notre petit ilot, de prospérité toute relative au milieu d'un océan de détresse. Cette inégalité, fondamentale, devant les besoins vitaux, ne peut être qu'une source de développement de violence, de terrorisme et face à ces menaces, de développement d'un système militaire et policier.
22 : Si le Gulf Stream devait s'arrêter, ce ne serait pas la fin du monde, c'est simplement que la France se retrouverait avec un climat de type Sibérique.
24 : Si on traduit toutes nos activités, le fait de manger, de s'habiller, de se déplacer, de venir à une conférence, si on traduit toutes nos activités en équivalent carbone, si on dépasse 3 milliards de tonnes d'équivalent carbone et bien, on bousille les éco-systèmes. Depuis les années 70, nous avons dépassé ce maximum de 3 milliards. Nous en sommes aujourd'hui à presque 7 milliards d'équivalent carbone. Le double de ce que la terre peut digérer. Alors prenons au sérieux ce 3 milliards de tonnes d'équivalent carbone pour 6 milliards d'humain. Ca nous donne 500 kilos d'équivalent carbone par humain.
27 : Nous nous sommes monstrueusement habitué aux inégalités sociales. Quelques chiffres : les trois familles les plus riches à l'échelle planétaire ont un revenu supérieur au PIB total des 48 pays les plus pauvres.
28 : Si vous avez un patrimoine de 5650 €, vous appartenez déjà au 50% les plus riches de la planète. Si vous avez un patrimoine de 45000 €, vous appartenez au 10% les plus riches de la planète. et si vous avez un patrimoine de 375000 € , vous appartenez aux 1% des plus riches de la planète.
29 : Diouf, le patron de la FAO rappelait il y a 2 ans, au moment de la crise financière, que 30 milliards de dollars, suffirait, chaque année, pour que plus personne ne crève de faim. Ces 30 milliards, on ne les trouve pas. Mais le budget officiel de l'armement mondial est de 1200 milliards de dollars annuel. Le marché de la pub est de 920 milliards de dollars. Le marché des stupéfiants est de 800 milliards de dollars. Le problème, ce n'est pas une question de croissance, ce n'est pas un problème de moyen mais de savoir qu'es-ce que l'on produit ? Comment ? Et pour qui ? Es-ce que l'on vise la satisfaction des besoins fondamentaux ?
30 : Le PIB mondial, en 2010 était de 70 000 milliards de dollars soit 10 400$ par personne et par an
52 : Le capitalisme, c'est bien sûr un système d'exploitation et de domination.
52 : Le capitalisme, c'est aussi l'imposition d'un style de vie, d'un genre de vie.
58 : La grande force du système capitalisme, c'est sa façon à in-sécuriser les individus, c'est la peur du lendemain, c'est la peur du chômage.
1 : Les gens ont beaucoup plus de relations de tendresses en vacances, que lorsqu'ils bossent, c'est à dire que l'activité économique vient également empiéter sur le plus intime de nos existences.