FANFARONNADE.
Je n'ai plus ni foi ni croyance!
Il n'est pas de fruit défendu
Que ma dent n'ait un peu mordu
Sur le vieil arbre de science :
Je n'ai plus ni foi ni croyance.
Mon coeur est vieux ; il a mûri
Dans la pensée et dans l'étude ;
Il n'est pas de vieille habitude
Dont je ne l'aie enfin guéri.
Mon coeur est vieux, il a mûri.
Les grands sentiments me font rire ;
Mais, comme c'est très bien porté,
J'en ai quelques uns de côté
Pour les jours où je veux écrire
Des vers de sentiment pour rire.
Quand un ami me saute au cou,
Je porte la main à ma poche ;
Si c'est mon parent le plus proche,
J'ai toujours peur d'un mauvais coup,
Quand ce parent me saute au cou.
Veut-on savoir ce que je pense
De l'amour chaste et du devoir?
Pour le premier allez-y voir ;
Quant à l'autre, je me dispense
De vous dire ce que je pense
C'est moi qui me suis interdit
Toute croyance par système,
Et, voyez, je ne crois pas même
Un seul mot de ce que j'ai dit.
Alphonse Daudet, Les amoureuse poésies(1858)
Merci Kahina pour m'avoir fait découvrir ceci. J'aime beaucoup.Quand tu seras vieille
Quand tu seras vieille et grise et pleine de sommeil,
Quand, ta tête inclinée près du feu, tu prendras ce livre,
Et lentement, liras et reverras le doux regard
De tes yeux d’autrefois, et de leurs ombres profondes.
Combien ont aimé tes moments de joie prodigue,
Et aimèrent ta beauté d’un amour sincère ou faux,
Mais un seul aima l’âme du pèlerin en toi,
Et aima les défaites de ton visage changeant ;
Et quand courbée sur la hampe incandescente,
Tu murmureras comment l’amour te quitta
Comment il s’envola au-dessus des montagnes
Et cacha son visage dans un amas d’étoiles.
When you are old
When you are old and grey and full of sleep,
And nodding by the fire, take down this book,
And slowly read and dream of the soft look
Your eyes had once, and of their shadows deep;
How many loved your moments of glad grace,
And loved your beauty with love false or true,
But one man loved the pilgrim soul in you,
And loved the sorrows of your changing face;
And bending down beside the glowing bars,
Murmur, a little sadly, how love fled
And paced upon the mountains overhead
And hid his face amid a crowd of stars.
William Butler Yeats