Anne, où es-tu ? Réponds-moi, même si tu n'entends pas mon cri.
Anne !
Je te parle d'un monde où l'aube n'a pas étendu son manteau de rosée.
Je te parle d'un monde désolé, pris dans l'étau du silence.
La nuit est tombée mais les rues sont encore claires
J'aborde un estaminet pour consommer un verre
Mais ma gorge se noue, j'ai de la peine à m'exprimer
La serveuse me d'mande : "Ca va ?" , j' ai envie de l'étrangler
Je bois ...
Tous ces gens à côté me transpercent de leurs regards
La sueur sur mon front, je me retrouve sur le trottoir
L'cadastre de la ville, dans lequel je tourne en rond
Il n'y a qu'un seul couloir et il se trouve une grille au fond
Je sais ...
Mes rêves ! Mes châteaux ! Mes pays magiques ! Mes animaux !
Je sais que s'y briseront mes os
Perçant aux rayons x, je m'en peins d'ici le tableau
Enfermé dans un aquarium sans le secret des larmes
J'attaque le sens du monde et la paresse est mon arme
Et je me gave
Et je me gave de toutes les drogues de la solitude
Je considère les actes humains comme un ensemble de turpitudes
J'voudrais qu'il y ait un dieu pour lui cracher à la face
La mémoire fait mal quand le délire s'efface
La mémoire fait peur quand elle me cloue sur mon lit
Le délire s'éteint quand la mémoire vomit
Seul, caché dans mon arbre, je considère leur danse
J'me moque de leurs sourires, j'souris de leurs amours
De leurs projets, de leur santé, de leurs spectacles, de leurs "toujours"
Et je m'envole ... vole petit oiseau
Vole sur la terre et vole sur les flots
Vole dessus les monts et vole dessus les êtres
Vole dessus les actes, dessus les paraître
Ils m'ont repris ... et de nouveau je déambule
Entre les blouses blanches et les seringues et les pilules
Les interrogations, tous ces traitements sans trêve
Ils contrôlent mon esprit et ils ont volé mes rêves
Francis Giauque
(Extrait de "Syllogisme Amen")