J'ai repensé à ça en lisant Cemab :
Roman-Singe BRANCHU à M. Charles MAURRAS, Premier Ministre.
Paris, le 16 mars 1939.
Monsieur le Premier Ministre.
Permettez-moi de vous féliciter, tant au nom du Mouvement pour la Renaissance Française qu'en mon nom personnel, pour votre récente accession au Gouvernement de la France.
Après tant d'années d'errements et d'aberrations, le Pays avait grand besoin d'une tête politique, porteuse d'une doctrine saine étayée par une longue tradition, seule capable de prendre en main les destinées de notre peuple et de le faire enfin revenir au vrai.
Depuis plusieurs années déjà le Mouvement pour la Renaissance Française, dont je suis le Président-fondateur, se préoccupe du problème de notre décadence et cherche, dans une direction parallèle à la vôtre, les voies de son solutionnement.
J'attire tout spécialement votre attention sur l'existence de notre filiale, l'Association Subjonctif et Ordre moral, laquelle, comme son nom l'indique, cherche à réagir contre le laisser-aller qui menace à la fois les forces vives de la Nation et la grammaire française.
Le subjonctif se meurt, Monsieur le Premier Ministre ! Ce mode si latin, si lumineux, si méditerranéen, utilisé jadis d'une façon si fine, et si forte, par nos rois, nos penseurs, nos stylistes, et ce jusque dans les conversations les plus courantes, ce mode est menacé de mort, à moins que des gens comme vous et nous reprennent l'initiative d'en encourager et, s'il le faut, d'en réimposer l'usage.
C'est dans cet espoir, Monsieur le Premier Ministre, que j'ai présentement l'honneur de vous demander une audience, ce nonobstant les tâches déjà lourdes qui, je le sais, vous échoient.
Dans l'attente de votre réponse, je vous prie d'agréer, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de notre entière confiance et de notre absolue fidélité.
Pierre Gripari, Les Vies parallèles de Roman Branchu.