18 septembre, c'est la sainte Nadège. On fête aussi Joseph de Cupertino
Sainte Nadège, Vierge et martyre à Rome († 2e siècle)
Nadège, ou Elpis, qui en slave et en grec signifie « Espérance » fut martyre à Rome en 125, avec sa mère Sophia et ses deux soeurs Véra et Liubbe, sous le régne d'Hadrien. Nous ne savons rien d’elles. Elles sont encore célébrées dans l’Eglise d’Orient et dans l’Eglise Russe.
Saint Joseph de Cupertino, Frère mineur connu pour ses dons de lévitation († 1663)
Joseph Desa est né à Copertino, dans les Pouilles. Son père était charpentier. Mais il mourut avant la naissance de son fils, laissant sa veuve, Francesca Panara, enceinte de Joseph. Tout jeune Joseph ne brilla pas par sa vivacité intellectuelle. Il était nonchalant, maladroit, et semblait toujours perdu dans une profonde rêverie, à tel point que son entourage l'avait surnommé bocca aperta (bouche ouverte).
À l'âge de 17 ans, à l'image de deux de ses oncles devenus franciscains, il se présenta dans leur Ordre, mais il fut refusé pour insuffisance intellectuelle. Les Frères mineurs capucins l'acceptèrent en tant que Frère lai. Mais là, il fut si malhabile dans les travaux qui lui furent confiés, qu'ils le congédièrent aussi, d'autant plus, qu'étant en extase perpétuelle, il ne parvenait pas à assumer ses tâches.
Sa mère réussit à fléchir son frère Jean Donato, lui-même franciscain conventuel, et Joseph fut reçu au couvent de Grottella, hameau de Balsorano. Là, on le chargea de s'occuper de la mule du couvent. Joseph, toujours gai et joyeux, tout en restant incapable d'apprendre complètement à lire et à écrire, fit tellement preuve d'obéissance, de pieté, et d'humilité que ses supérieurs décidèrent de le recevoir comme clerc. Au mois de juin 1625, à Altamura, il reçut donc l’habit de l’Ordre.
Le 3 janvier 1627, l’évêque Jérôme de Franchis lui fit passer l'examen d'admission aux ordres. Il ouvrit la Bible et lui fit expliquer le passage Heureux le sein qui t'a porté. A la surprise de tout l'entourage, Joseph fit un brillant commentaire, et l'évêque lui conféra les ordres mineurs. En 1628, l'examen d'accession au sacerdoce se passait sous la férule du sévère évêque Jean-Baptiste Deti, de Castro. Devant Joseph passaient de jeunes moines brillants, qui firent une très vive impression sur l'évêque, à tel point qu'imaginant que les derniers étaient aussi savants que les premiers, il admit indistinctement tous les candidats. C'est ainsi que Joseph fut ordonné le 4 mars 1628, et devint, bien plus tard, le patron des candidats aux examens.
La première fois que Joseph fit une lévitation, c'était à Copertino, le 4 octobre 1630, lors de la procession en l'honneur de saint François d'Assise. L'histoire raconte qu'il était en train d'assister à la procession quand tout à coup, il s'éleva dans le ciel, et resta à flotter au-dessus de la foule. Quand il redescendit et qu'il réalisa ce qui venait de lui arriver, il prit peur et s'enfuit pour se cacher. A partir de ce moment, la vie de Joseph fut bouleversée. Ses vols continuèrent, et leur fréquence s'amplifia de plus en plus. Il lui suffisait d'entendre les noms de Jésus, de Marie, de chanter un psaume à la Messe, pour s'élever au-dessus du sol, restant là jusqu'à ce que son supérieur, au nom de l'obéissance, lui ordonne de redescendre. Tout ceci intriguait et distrayait les autres moines, et déplaisait de plus en plus à ses supérieurs. Mais ces manifestations étaient indépendantes de la volonté de Joseph.
La lévitation la plus connue de Joseph fut celle qui se produisit lors d'une audience papale devant le Pape Urbain VIII. Quand Joseph s'agenouilla pour baiser les pieds du Pape, il fut élevé au-dessus du trône pontifical, et resta ainsi jusqu'à ce que son supérieur, qui l'accompagnait, lui ordonna de redescendre sur le plancher. Le Pape dit au Père supérieur : «Si frère Joseph mourait sous notre pontificat, nous voulons servir de témoin à son procès de canonisation pour déposer du prodige dont nous venons d’être témoin. ».
Toutefois, la renommée de Joseph, les phénomènes qu'il déclenchait, les miracles de prémonition et de guérison qu'on lui attribuait, soulevèrent les suspicions de l'inquisition. En 1653, sur ordre d'Innocent X l'inquisiteur de Pérouse, Vincent-Marie Pellegrini le fit enfermer au couvent des capucins de Petra-Rubea, puis dans celui de Fossombre l'accusant d'attirer l'attention sur lui, mettant en doute la véracité des phénomènes vécus par Joseph et la réalité de ses miracles. Il fut interrogé, retenu pendant plusieurs semaines, et finalement relâché, quand les juges ne trouvèrent rien à lui reprocher.
Après s'être justifié devant l'Inquisition, Joseph fut envoyé à Assise. Malgré la proximité du tombeau de saint François qu'il vénérait, l'éloignement le rendit fort triste, et ses phénomènes de lévitation cessèrent temporairement.
Il resta neuf ans à Assise, fut fait citoyen d'honneur de la ville, fut aussi visité par une foule nombreuse, attirée par les prodiges que l'on disait de lui, et par les miracles qu'elle espérait, mais aussi par de nombreuses personnalités religieuses. Il était heureux de les recevoir, mais la tristesse de l'exil ne le quittait pas, d'autant plus qu'il n'était pas autorisé à entendre les confessions, ni à participer aux processions. Toutefois, sa présence attirait toujours autant les foules, à tel point que le Pape Innocent X décida de l'envoyer dans un endroit secret, sous la juridiction des Capucins, à Petrarubbia. Là, Joseph fut étroitement surveillé, avec l'ordre de ne recevoir ni d'écrire de lettres. Mais il attirait toujours autant les foules. Le Pape l'éloigna encore en le déplaçant à Fossombrone.
Finalement, l'épreuve de Joseph se termina à la mort du Pape Innocent X. Les Frères mineurs capucins demandèrent au nouveau Pape Alexandre VIII de faire cesser son exil et de le ramener à Assise. Mais celui-ci refusa, et l'envoya à Osimo où il lui fut interdit de parler à quiconque, sauf à l'évêque, au Vicaire Général de l'Ordre, à ses frères moines, et éventuellement au médecin. Joseph ne se plaignit pas, même quand le frère cuisinier oublia de lui apporter à manger dans sa cellule pendant deux jours.
Le 10 août 1663, Joseph eut une forte fièvre. Il conserva sa gaîté en disant qu'il allait bientôt rejoindre Dieu. Il s'envola une dernière fois en disant la Messe, le 15 Août. Début septembre, ses frères l'entendirent murmurer : «L'âne a commencé à gravir la montagne », faisant allusion à son corps. Il reçut les derniers sacrements, et mourut en récitant la Litanie de Notre-Dame. C'était le 18 septembre 1663. Il fut enterré dans la chapelle en présence d'une grande foule de fidèles.
Au sujet de la lévitation:
Ce phénomène étrange par lequel un s’élève de terre et semble suspendu en l’air, sans aucun artifice, pendant une période indéterminée, est connu des mystiques surtout. L’histoire de l’Eglise conserve des relations précises de ces faits extraordinaires que les intéressés eux-mêmes ne recherchaient pas, demandant même à Dieu d’en être épargnés.
Ainsi
Saint Philippe Néri (†1595): Dès qu’il commençait à célébrer la messe, il entrait en extases et lévitait pendant plusieurs heures. Les fidèles, après l’étonnement de le voir flotter en l’air, finissaient par s’en aller, lassés d’attendre. Pour éviter ces inconvénients, le saint décida de ne plus célébrer la messe sans la présence de son chat, sur l’autel. Il mit en garde Jésus: “Si tu m’emmènes encore, je ne pourrai plus surveiller le chat et il risque de faire bien des bêtises ” !
Saint-Pierre d’Alcantara (†1562) qui s’élevait également en célébrant la messe et fut le conseiller d’une autre grande mystique :
Sainte-Thérèse d’Avila (†1582), réformatrice du Carmel qui lévitait en allant communier et s’accrochait à la grille de la clôture pour empêcher ce phénomène. Demandant à ses sœurs, pendant son oraison de la retenir par le bas de sa robe quand elles la verraient d’élever dans les voûtes.
Saint Padre Pio de Pietrelcina (†1968) s’élevant de terre à chaque fois qu’il célèbre la Messe. Retenons également ce récit : « Nous attendions que Padre Pio se présentât pour confesser. La sacristie était bondée et tous les regards étaient tournés vers la porte. Or, sans que la porte s’ouvrît, j’aperçus Padre Pio qui, marchant au-dessus des fidèles, se rendit au confessionnal, s’y assit et commença d’entendre les confessions. Croyant avoir rêvé, je ne soufflai mot de ce que j’avais vu. Cependant, plus tard, je demandai à Padre Pio: «Padre Pio, comment fait-on pour marcher dans les airs?» Non sans humour, il me répondit: «Je t’assure, mon fils, de la même façon qu’on marche sur le sol. »
la lévitation de saint joseph de Cupertino, photomontage par Sabina Mac Mahon
Le corps incorrompu de saint Joseph de Copertino, conservé dans la basilique d'Osimo.