20 août, on évoque Saint Bernard de Clairvaux
Bernard de Fontaine, Abbé de Clairvaux, Docteur de l'Eglise († 1153)
Né en 1090 ou 1091 à Fontaine près de Dijon, dans une famille noble de Bourgogne, il mène d'abord l'existence mondaine des jeunes nobles de son âge mais semble très vite vouloir entrer dans les ordres. Dans un premier temps, il laisse entendre à sa famille qu'il prépare un pèlerinage à Jérusalem pour ne pas inquiéter sa famille par ses préparatifs à la vie monacale.
En 1112, il entre à l'abbaye de Cîteaux, entrainant avec lui trente membres de sa famille ou proches, en quête d'absolu. L'abbaye de Citeaux vit sous la règle de saint Benoît : retour à la simplicité dans la vie quotidienne, rupture avec le monde, pauvreté, silence, travail manuel. Cela correspond aux souhaits de Bernard qui veut retourner à l'ascèse monastique la plus rude.
En 1115, Étienne Harding envoie le jeune homme à la tête d'un groupe de moines pour fonder une nouvelle maison cistercienne dans une clairière isolée à une quinzaine de kilomètres de Bar-sur-Aube, le Val d'Absinthe. La fondation est appelée « claire vallée » (clara vallis), qui devient ensuite « Clairvaux ». Bernard demeure abbé de Clairvaux jusqu'à sa mort en 1153. Les débuts de Clairvaux sont difficiles : la discipline imposée par Bernard est très sévère. Bernard poursuit ses études sur les Saintes Écritures et sur les Pères de l'Église.
Les gens affluent dans la nouvelle abbaye, et Bernard convertit même toute sa famille : son père, Tescelin, et ses cinq frères entrent à Clairvaux en tant que moines. Sa sœur, Humbeline, prend également l'habit au prieuré de Jully-les-Nonnains. L'attrait qu'exerce Bernard est parfaitement illustré par cette anecdote : vers 1129, l'évêque de Lincoln s'étonne de ne pas avoir de nouvelle d'un chevalier qui devait faire étape à Clairvaux sur la route des croisades. Bernard l'informe qu'il a économisé la route de Jérusalem en entrant au monastère...Clairvaux donne naissance à soixante huit abbayes nouvelles.
Mais loin de rester cloîtré il parcourt les routes d'Europe devenant, comme on a pu l'écrire, «la conscience de l'Église de son temps». Sa correspondance abondante avec des princes, des frères moines ou des jeunes gens qui requièrent son conseil ne l'empêche pas de se consacrer à la contemplation tout autant qu'à l'action directe dans la société de son temps. Infatigable fondateur, on le voit sur sa mule, traînant sur les routes d'Europe sa santé délabrée et son enthousiasme spirituel. Sa réforme monastique l'oppose à l'Ordre de Cluny dont il jugeait l'interprétation de la règle de saint Benoît trop accommodante.
C'est aussi un conservateur, qui se positionne en réaction contre les mutations de son époque (la « renaissance du XIIe siècle »), marquée par une profonde transformation de l'économie, de la société et du pouvoir politique. Il considère que l'homme n'a pas à tenter d'élucider les contradictions apparentes du dogme ou de trouver une explication rationnelle aux textes saints : la foi que l'on reçoit doit être transmise inchangée. Il reste opaque aux changements de l'époque où avec la naissance des université de plus en plus d'esprit s'attaquent à la compréhension des textes par la raison. Il défend avec la même fougue la société féodale, la division du monde en trois ordres, la théocratie pontificale. Pour lui, l'ordre établi est voulu par Dieu. Il suffit de corriger les vices des hommes pour résoudre les problèmes de la société.
En 1129, il participe au concile de Troyes, convoqué par le pape Honorius II. C'est lors de ce concile que Bernard fait reconnaître les statuts de la milice du Temple, les Templiers, dont il a grandement influencé la rédaction. En 1130, il adresse une lettre aux chevaliers du Temple. Il explique que pour un chrétien il est plus difficile de donner la mort que de la recevoir. Il fustige le "chevalier du siècle" qui engage des guerres. Devenu une personnalité importante et écoutée dans la chrétienté, il intervient dans les affaires publiques, il défend les droits de l'Église contre les princes temporels, et conseille les papes.
Lorsque le royaume de Jérusalem est menacé après la chute du comté d'Édesse, Eugène III demande à Bernard de prêcher la deuxième croisade, laquelle sera entreprise en grande partie à l'initiative du roi de France Louis VII le Jeune. À cette époque, Bernard a cinquante six ans. Plus préoccupé par le développement de l'hérésie cathare, il est réticent à l'idée de s'associer à une croisade en Terre sainte. Il ne s'incline que par obéissance au pape. Il prend la parole le 31 mars 1146, le jour de Pâques au milieu d'une foule de chevaliers réunis au pied de la colline de Vézelay. Son discours enflamme la foule. Il évoque Édesse profané et le tombeau du Christ menacé. Il invite les chevaliers qui veulent se croiser à l'humilité, à l'obéissance et au sacrifice. Après son prêche, on lui arrache même des morceaux de son vêtement pour en faire des reliques. Son prestige entraîne donc le peuple de France.
En Germanie, il doit combattre les excès du prédicateur populaire Raoul ou Rodolphe, un ancien moine cistercien de Clairvaux qui, forçant les juifs à choisir entre le baptême et la mort, provoque contre eux une flambée de violences. Bernard suit, au sujet des juifs, la doctrine traditionnelle de l'Église selon laquelle leur conversion doit être obtenue par la prière. Il parvient à faire cesser les persécutions. La reconnaissance de la communauté juive est immense.
A sa mort, en 1153, ce sont trois cent quarante-trois abbayes cisterciennes qui auront surgi du sol européen.
Bernard de Clairvaux, manuscrit du XIIIe siècle
St. Bernard of Clairvaux 1090-1153 and William X 1099-1137 Duke of Aquitaine, a painting by Martin Pepyn or Pepin.
Detail of St. Bartholemew and St. Bernard of Clairvaux from the Altarpiece of the Convent of St. Dominic of Manresa, a painting by Pere Serra.
Bernard de Clairvaux, v. 1450, musée de Cluny.
Bernard de Clairvaux prêchant la deuxième croisade à Vézelay, en 1146 (XIXe siècle).
Bernard de Clairvaux recevant le lait de la Vierge