Une circulaire parue au Bulletin officiel de l’Education nationale recommande de remplacer le terme Shoah par « anéantissement ». Ce mot serait plus rigoureux, et le rôle de l’école étant d’assurer la défense et l’illustration de la langue française, il semble bien naturel de bannir toute importation de l’Hébreu. Respectant cette recommandation, le manuel d’histoire présenté par les éditions Hachette pour les classes de première évoque donc l’anéantissement des Juifs par l’Allemagne nazie, en évitant le mot. La chose effroyable est correctement décrite, mais sans le mot. Sauf, bien sûr, dans le titre de l’enseignant invité à rédiger ce chapitre, Iannis Roder, responsable des formations pédagogiques au Mémorial de la Shoah.
Or, on se souvient qu’une enseignante de Nancy, Catherine Pederzoli, faisant l’objet d’une suspension disciplinaire, s’était vue reprocher son emploi systématique et donc abusif du mot Shoah, et ce, dans un rapport à charge rédigé par les inspecteurs généraux d’histoire. Traduite devant un conseil de discipline, Catherine Pederzoli a été réintégrée, le conseil n’ayant pas retenu les charges concernant l’emploi du mot Shoah, ni celles portant sur le contenu de l’enseignement dispensé tant en classe que lors des voyages de la mémoire. Mais si l’affaire Pederzoli est close, la querelle portant sur le mot Shoah n’est nullement anecdotique.
Ce que l’on reprochait à Catherine Pederzoli et que l’on reproche toujours à l’association Déportation Persécution Mémoire, animée par le rabbin Michel Serfaty, c’est d’inscrire l’histoire de la Shoah dans l’histoire du peuple juif.
Mais tout s’explique quand notre manuel d’Histoire Hachette pour les classes de première aborde la question de la « Palestine ». J’emploie les guillemets, parce que cette « Palestine » est un territoire imaginaire que nos historiens substituent à la réalité politique, historique et géographique, constituée, depuis 1948, par l’Etat d’Israël.
Sur trois pages d’Histoire, on n’a pas trouvé le moyen d’employer l’expression reconnue par les Nations Unies, définissant un état souverain, l’Etat d’Israël.
Pourtant ce chapitre consacré au partage de la Palestine comporte un petit encadré indiquant aux élèves le vocabulaire à connaître. Et si le mot hébreu Shoah est désormais proscrit, on introduit en revanche le terme arabe « nakba ». Avec cette définition : « nakba (catastrophe en arabe), expulsion des Palestiniens en 1948 ».
On ne saurait mieux falsifier l’Histoire qu’en présentant la création de l’Etat d’Israël comme l’expulsion d’une population légitime.
De plus, j'ajouterai que, non seulement l'Education Nationale supprime le terme Shoah, soit disant parce qu'il s'agit d'un mot hébreux, et introduit par contre un mot arabe "Nakba" dans ses livres "d'Histoire", mais par contre aucune mention de la "Nakba" Juive, qui représente pourtant près du double du nombre de "Palestiniens" partis (et non chassés) de l'Etat d'Israël en 1948.
