Tu oublis que les britanniques avaient promis un Etat "national juif" en Palestine avant même leur arrivée sur cette terre, en 1917 (déclaration Balfour), les britanniques n'étaient neutre qu'en façade, ils ont occupé un pays arabe dont la population est à 90% arabe et ont sorti laissant derrière eux un pays en guerre avec une population juive représentant le 1/3 (la part des juifs -et non leur nombre- à plus que triplée en quelques années).
Ils l'ont payé du terrorisme sionisme anti-britannique après la guerre.
Qui t'as dit qu'ils les palestiniens n'ont pas reconnu leur défaite, ils l'ont appelé "nakba" (catastrophe), mais le reconnaitre ce n'est pas l'accepter ou l'admettre, perdre une ça n'a jamais était renoncer à ses droits.
Ca me rappelle la France et l'Alsace-Lorraine. Dans ce cadre, la France a temporisé et remis ça 44 ans plus tard dans le cadre de la Première Guerre mondiale. Se jeter immédiatement sur le nouvel Empire allemand dans les années 1870 aurait été un suicide géostratégique évident.
Il est inutile de dire que les Palestiniens auraient dû entrer à l'Onu avec leurs frontières de 1947 avant de déclarer la guerre parce que le monde entier admettait, sur le papier, que les Arabes (non juifs) allaient balayer les juifs. La guerre semblait un choix opportun pour les Arabes en 1948.
Après 1949, la défaite palestinienne est consommée. Que feront les chefs palestiniens pour vaincre Israël ? D'un point de vue cartésien, il manque d'abord l'analyse de la défaite, mais qui l'effectua correctement ? Les Israéliens durent se croire protégés par la destinée divine et les Arabes, victimes de malchance. Il est aisé de diagnostiquer, aujourd'hui, le trouble jeu des puissances arabes voisines, la désorganisation et l'amateurisme des combattants arabes, etc.
Entre 1950 et 1956, le signale une guérilla d'usure de Palestiniens à l'encontre d'Israéliens. Par actions de "sabotages et commandos arabes", 15.000 Israéliens sont supprimés en 6 ans et je ne recense que 400 Palestiniens tués pour la même période.
La stratégie semble payante, je ne sais pourquoi elle cesse en 1956, année de la crise de Suez. Les Israéliens réagissent-ils par une séparation plus active des populations ou par une lutte anti-commandos efficace ?
Je n'ai plus rien entre 1956 et 1967 (guerre des Six Jours). Par la suite, le prolongement du conflit semble accélérer la débâcle palestinienne tandis que les pertes israéliennes semblent diminuer ou stagner :
- 1967-73, 1.400 Israéliens et 3.500 Palestiniens tués ;
- 1973-82, 1.900 Israéliens et 14.500 Palestiniens tués ;
- 1983-93, 200 Israéliens et 2.000 Palestiniens tués (hors Liban), la plupart durant la 1e Intifada, dont 900 Palestiniens dans les affrontements inter-palestiniens ;
- 1993-99, 300 morts de part et d'autres ;
- 2000-04 (2e Intifada), 1.000 Israéliens et 3.300 Palestiniens tués.
J'aurais tendance à en déduire que les périodes d'affrontement officiel (guérillas terroristes depuis le Liban, Intifada) sont très néfastes pour les Palestiniens tandis que les périodes de guerre larvée leur sont moins néfastes.
Les Israéliens ont considérablement réduits leurs pertes en accroissant la séparation des deux populations.
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Comment les Palestiniens peuvent reprendre la main ? Quels sont leurs défauts vis-à-vis des Israéliens ?
Je laisse tomber l'hypothèse divine parce que s'il y a hypothèse divine, Dieu a décidé pour les Palestiniens et ces derniers feraient mieux de se soumettre. J'imagine que certains Israéliens doivent croire à cette hypothèse.
D'un point de vue militaire, les Palestiniens sont sous-équipés, mal ou non instruits, désorganisés jusqu'à la guerre civile. Comment imaginer remporter une victoire par les armes ? S'en remettent-ils à Allah ? Pensent-ils qu'Allah les remet constamment à l'épreuve (parce qu'Il les aime) ?
D'un point de vue intellectuel, technologique et économique, les Palestiniens (élites exceptées) sont enfermés dans une vision féodale, clanique, nationaliste, antilibérale qui semble ne pas leur permettre de rivaliser avec leurs ennemis israéliens. Pour la même énergie brûlée, combien de richesses produites à Gaza, en Cisjordanie et en Israël ? Combien de Palestiniens pour valoir un Israélien dans une entreprise ou derrière un canon ?
Je pense que pour gagner les Palestiniens devraient analyser et copier les atouts israéliens. Mais je crois que le principal atout des Israéliens est d'être globalement plus libéraux que la société palestinienne. Et si les Palestiniens se libéralisent, se débarrassant de leurs chefs de clan, de leur sexisme phallocrate, de leurs préjugés nationalistes, etc., qu'est-ce qui les distinguera des Israéliens ?
Peut-être est-ce ce qui arrive aux Arabes (musulmans et chrétiens) israéliens : ce sont des Palestiniens libéraux qui sont en train d'être assimilés par Israël. Leurs gosses ont un avenir à court terme, mais un avenir libéral et non-palestinien.
Les Palestiniens refusent de prendre à leurs comptes les atouts israéliens (en fait, libéraux) parce qu'en prenant ces atouts ils pourraient rivaliser mais ne seraient alors plus palestiniens, c'est-à-dire porteurs de valeurs féodales, claniques, familiales, religieuses, nationalistes, etc., qui à mon avis les handicapent dans leur conflit contre une société libérale contre Israël.
A plus long terme, on pourrait se demander si une société libérale peut accepter de terrasser ses ennemis obstinés. Toujours le problème israélien de ne pas savoir (pouvoir) gagner.
Est-ce qu'une nation libérale, à la pointe des technologies, des sciences et de l'efficacité économique, avec l'appareil militaire qui en découle, peut s'affranchir des camisoles éthiques libérales qui l'empêche de détruire l'Autre ?
On aurait alors, sur plusieurs siècles, une nation prospère se ruinant en efforts de guerre pour repousser une nation de gueux envieux et revanchards. Ne pouvant gagner, elle sera tôt ou tard atteinte par une hésitation ou une aboulie fatale.
Dans un climat conflictuel permanent, je pronostique (c'est vaniteux de ma part) qu'Israël tiendra quelques siècles avant de tomber. Si sa chute est accompagnée de violences et qu'elle conserve encore assez de volonté, elle rayera l'essentiel du monde (et des populations) arabe de la planète, par vengeance posthume, avec ses armes atomiques. Plus d'Egypte, plus de Syrie, plus d'Irak, plus de lieux saints dans la péninsule arabique, etc.
Je pense que deux autres solutions seraient plus heureuses au monde arabe. Ma préférée, dont je crois qu'elle est inéluctable, est que le monde arabe subira la même libéralisation qui a modifié la civilisation occidentale et qui modifie actuellement d'autres civilisations (orthodoxe, chinoise, indienne, etc.). Dans un monde entièrement libéralisé, Israël se diluera parmi ses voisins, et sans heurts.
L'autre solution est plus sournoise mais me paraît réalisable. Abandonner la lutte armée, tellement préjudiciable aux Arabes en général et aux Palestiniens en particulier. Privilégier la lutte diplomatique, où de bons résultats ont été atteints. Qu'on se souvienne qu'en 1999, la Palestine se voyait proposer un Etat comprenant Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem Est. Les chefs palestiniens refusèrent la proposition parce qu'ils exigeaient également le retour des réfugiés. Louable, mais ils auraient dû prendre ce qu'on leur tendait et patienter quelques décennies pour faire rentrer leurs compatriotes en douce. Dix ans plus tard, les exilés le sont toujours et semblent partis pour l'être encore en 2019 et 2029.
Depuis 1948, tirer les premiers coups de feu (même les seconds, d'ailleurs) a attiré aux Palestiniens les pires ennuis. Les négociations et la communication leur a au contraire apporté les meilleurs fruits : aide, reconnaissance et soutien international notamment, avec un optimum en 1999 torpillé par la 2e Intifada. Là encore, fallait-il lancer des cailloux sur une provocation de Sharon pour, répétition de l'Histoire, perdre, perdre, perdre et perdre encore ? A chaque épreuve de force, la Palestine creuse davantage, pas même sa tombe, mais son enfer quotidien.