je relis "l'art d'avoir toujours raison" de Schopenhauer
J'ai acheté le même.
Mais j'ai acheté aussi du même auteur.
Avant Schopenhauer, voilà où l'on en était sur cette question :
Pour le peuple, c'est à la théologie qu'il appartient de fonder la morale : celle-ci devient alors la volonté de Dieu exprimée. Quant aux philosophes, nous les voyons au contraire se donner bien garde de suivre cette méthode dans l'établissement de la morale ; dans la seule pensée de l'éviter, ils aimeront mieux se rejeter sur des principes sophistiques. D'où vient cette contradiction ? a coup sûr on ne peut concevoir pour la morale une base plus solide que la base offerte par la théologie : car où est le présomptueux qui irait braver la volonté du Tout-Puissant, de Celui qui sait tout ? Nulle part, assurément, pourvu, bien entendu, que cette volonté nous fût déclarée d'une façon bien authentique, qui ne laissât point de place au doute, d'une façon officielle, si on peut le dire. Malheureusement, c'est là une condition qui n'est jamais remplie. Tout au rebours, quand on cherche à nous montrer dans cette loi, la volonté de Dieu révélée, on s'appuie sur ce qu'elle est d'accord avec nos idées morales, qui nous viennent d'ailleurs, c'est-à-dire de la nature : c'est à la nature, en somme, qu'on en appelle, comme à un juge suprême et plus sûr. Puis arrive une autre réflexion : un acte de moralité qui serait déterminé par la menace d'un châtiment et la promesse d'une récompense, serait moral en apparence plus qu'en réalité : en effet, il a pour vrai principe l'égoïsme, et ce qui en fin de compte ferait pencher la balance en pareil cas, ce serait le plus ou le moins de facilité qu'aurait l'individu à croire une doctrine garantie par des raisons insuffisantes. Mais aujourd'hui, Kant ayant détruit les fondements, jusque-là réputés solides, de la , pour s'efforcer ensuite de l'établir à son tour sur l'éthique, à qui elle avait toujours servi de support, et lui conférer ainsi une certaine existence, à vrai dire toute idéale, aujourd'hui moins que jamais il n'est permis de songer à asseoir l'éthique sur la théologie : on ne sait plus des deux quelle est celle qui doit former le couronnement de l'édifice, ni quelle la base ; et l'on finirait par rouler dans un cercle vicieux.
Exactement : on se demande donc bien pourquoi il faut être moral. Mais, heureusement, j'espère que je le saurai après avoir lu le bouquin, et que j'en aurai pour mon argent...
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Et puis je viens de lire aussi de Frédéric Pagès (c'est le gars qui fait les interviews imaginaires du Canard, je crois).