Ce que j'ai dit ne vaut que si Sarko est coupable. Franchement, je ne suis pas très convaincu, j'espère juste que les juges ont fait sérieusement le boulot, mais je ne m'avancerai pas plus, comme le font certains messages ici qui font comme si son innocence était établie, comme s'ils avaient lu le texte des juges (400 pages, je crois), comme s'ils avaient la moindre autorité pour parler avec cette jactance, cette arrogance.
Vous connaissez l'histoire du petit Victor de l'Aveyron, cet enfant d'une dizaine d'années, découvert dans une forêt au début du 19ème siècle ? Malson a écrit un livre là-dessus : ce garçon n'avait jamais connu aucune interaction humaine; vivant parmi les bêtes, dans la nature, etc. François Truffaut en a fait un beau film, l'Enfant sauvage. On s'est perdu longtemps dans des hypothèses plus ou moins folles sur l'origine de ce gamin, sa vie "sauvage" etc. Bref.
Cet espèce de petit animal sauvage (et humain, racialement) se voit imposer par son précepteur tout un code de prescriptions auquel il ne comprend que dalle, si ce n'est qu'il faut y obéir.
Par exemple, il n'a vécu que dans la forêt sauvage, où il n'a jamais rencontré de femme. Quand il voit apparaître ce genre de personne, il a une espèce de curiosité naturelle, et il commence à lui soulever la jupe. On lui dit non, Didier, tu ne relèves pas les jupes des filles pour mater, ça ne se fait pas. Il ne comprend peut-être pas pourquoi, mais il obéit : on ne mate pas le cul des filles, ça ne se fait pas. Y a pas d'explication, hein, ça ne se fait pas, point barre.
Autre exemple : tu arrives à table et tu vois de belles brioches qui te font envie, eh ben tu ne te jettes pas dessus, parce qu'il y a des manières de table qui font qu'on ne se jette pas sur la bouffe comme ça, on attend que tout le monde soit là, qu'on dise éventuellement une prière ou je ne sais quoi, que la maîtresse de maison se soit servie d'abord, etc.
Bref, on lui enseigne toute une série de permissions et d'interdictions, code assez absurde mais qu'il accepte avec une docilité surprenante. Cela ne le gêne pas, apparemment, d'être soumis à des lois assez arbitraires et infondées, sans explicitation, il avale tout sans broncher.
Mais le professeur veut aller plus loin. Il décide de le punir pour une faute que le gamin n'a pas commise. (Un vol, je crois, je ne me souviens plus très bien). Et là, cela ne va plus du tout, le gamin entre en révolte totale. Les ordres arbitraires, la tyrannie d'un maître auto-proclamé, tout cela, ça passe, mais pas l'injustice.
Ce qu'il y a de plus révoltant, ce n'est pas que les coupables échappent à la justice, mais que des innocents soient punis.
Si Sarkozy est innocent, ce qu'on lui fait est immonde, (je parle ici d'un type que je ne peux pas encadrer, on est bien d'accord), et personne ne peut se réjouir de ce qui lui arrive.