zenon Bonjour,
Je pense totalement différemment . La Constitution n'est pas parfaite mais on la pense imparfaite des suites de la situation politique actuelle. Ce qui est inédit ce sont des partis politiques totalement hermétiques à l'intérêt national à mon avis. Des partis qui n'ont aucune compatibilité entre eux pas même capable de coalition. Alors face à ce blocage des partis certains se disent qu'il faut peut-être changer la Constitution. J'ai lu les motifs exposés mais ces derniers ne changeraient pas grand chose à la rigidité des partis qui va bien au delà selon moi de l'opinion publique . L'opinion publique par le biais de l'information et des sondages est systématiquement sollicitée à valider les excès des partis. J'ai la conviction que les partis ne sont pas l'expression réelle de l'opinion publique . Ils forcent la main des partisans sur des thèmes qu'ils grossissent . Le parti politique fixe tes thèmes et les électeurs plébiscitent ou vont voir ailleurs. Ce n'est pas de la démocratie malgré la notoriété de partis.
Et ça c'est une cause importante de l'impossibilité de s'entendre au niveau de l'exécutif et des parlementaires. Une modification de la Constitution me semblerait avoir peu d'impact sur la situation présente mais peut-être un impact novateur dans le futur une fois la tempête passée. Pour résumer je pense que les partis sont plus source de dysfonctionnements que les institutions
Bonjour zenon,
Nous serons d'accord sur le décalage entre les partis et les citoyens. Au moins sur la capacité au compromis : les premiers refusent de s'accorder entre eux pour préserver une certaine image tandis que les autres se résignent bien souvent à voter pour des partis avec qui ils ont pas mal de désaccords (vote utile au premier tour, front républicain au second).
Néanmoins, en 58, c'étaient déjà les partis le problème. On a tenté de changer la loi électorale : échec. On a tenté de faire évoluer la constitution à la marge : encore échec. Il a fallu la changer fondamentalement et prendre des mesures sévères pour garantir la marge de manœuvre gouvernementale.
Mais en quoi le problème des stratégies politiques peut trouver sa solution dans une refonte institutionnelle en 58, et pas en 2025 ? Les partis adaptent leur stratégie à la règle du jeu. Celle qui donne, de fait, des pouvoirs exorbitants à un homme qui devrait être providentiel et qui prévoit son irresponsabilité politique. Si aujourd'hui rarissimes sont ceux qui plaident pour des compromis, c'est parce que tous ne pensent qu'à la présidentielle, et que mettre en oeuvre des solutions qui conviennent à un autre camp, c'est égarer sa base électorale. En mettant à distance le Président de la République des affaires courantes et en revalorisant la fonction de Premier ministre, on pousse au compromis. Un gouvernement qui gouverne et un président qui préside, c'est ce qui existe dans tous les régimes européens.
Et là c'est un déséquilibre qui ne date pas d'hier et qui m'a amené quelque temps à défendre l'idée de la VIème République avant de changer d'avis. Dans les régimes présidentiels, certes, l'intégralité du pouvoir exécutif revient au président de la république. Mais il ne peut ni maîtriser l'ordre du jour, ni forcer la main des parlementaires sur un vote, ni dissoudre. Dans les autres régimes parlementaires, la réalité du pouvoir exécutif revient au premier ministre. Notamment parce que c'est lui qui dispose de l'arme de discipline ultime : la dissolution.
De même qu'on constate qu'en cinq ans la macronie a pris de mauvaises habitudes avec sa super majorité artificielle, qui plus constituée de novices, voyant toutes les directives de l'Élysée se traduire en lois. Ça leur a fait bizarre quand il y a trois ans, sans demander l'alternance, les électeurs ont néanmoins exigé des compromis. Nous connaissons la suite de l'histoire, avec un usage systématique et exagéré de tous les moyens de rationalisation du parlementarisme (le 49.3 mais pas seulement) qui est maintenant carrément marginalisé, piétiné. Méthodes qui ne sont pas spécifiques au macronisme : Manuel Valls a utilisé 6 fois le 49.3 et Jean-Marc Ayrault faisait passer bien des projets de lois en procédure accélérée ce qui entraîne des lois trop nombreuses, souvent inutiles, mal rédigées et parfois hors sol. Tout en dépossédant les parlementaires de leurs moyens de légiférer de façon éclairée. L'opposition n'a donc plus que l'obstruction comme arme, ce qui n'est pas ce qu'il y a de plus constructif.
Et c'est ce pouvoir à la fois peu légitime au regard de la part d'électeurs qui ont voté pour lui, mal contrôlé par nos carences en contre pouvoirs et complètement déconnecté des préoccupations populaires qui engendre des mouvements sociaux d'ampleur qui tendent à muer en mouvements insurrectionnels.
Le gouvernement, qu'il soit de gauche ou de droite, doit apprendre à lâcher du lest sur ses convictions et à négocier, au moins lorsque les urnes ne lui donne qu'une légitimité partielle. Les oppositions doivent apprendre la critique constructive et prendre aussi leurs responsabilités.
Tout ça, c'est le sens des cinq ou six premiers objectifs que j'ai formulé.