Selon les schémas évolutionnistes, les poissons auraient engendré tous les vertébrés terrestres en passant par les batraciens ou amphibiens. Ils l'auraient fait grâce aux crossoptérygiens, des poissons dont les nageoires possédaient un squelette évoquant celui de pattes. Ces nageoires osseuses auraient handicapé leur nage et les auraient aidés à sortir en rampant de l'eau pour s'adapter à la vie aérienne et échapper ainsi à la concurrence de poissons plus performants.
Cette explication se heurte à une objection : les pattes, considérées comme des avantages, auraient été préparées par des ébauches qui ne pouvaient représenter que des inconvénients et auraient dû se trouver éliminées. Comment concevoir un hasard organisant l'avenir au prix d'handicaps présents ? De plus, un crossoptérygien, le coelacanthe, que l'on croyait disparu depuis des dizaines de millions d'années, continuer aujourd'hui à nager pesamment au milieu des poissons plu performants et sans avoir modifié la moindre de ses écailles.
Il n'y a donc rien entre les poissons et les batraciens. Rien entre les batraciens et les reptiles. Rien que l'on retienne, en tout cas. Rien non plus entre les reptiles et les mammifères, sinon des ressemblances de squelettes. Des ressemblances tempérées par des différences irréductibles, notamment au niveau de la mâchoire et de l'oreille interne.
On a cru qu'entre les reptiles et les oiseaux, il y avait l'archéoptéryx, un animal bizarre qui possédait à la fois des caractères reptiliens et des aspects aviens. En fait, cet animal présentait bien des particularités inattendues, essentiellement des dents et une queue, mais ces particularités ne sont qualifiées de reptiliennes que par référence à la théorie évolutionniste : le tigre qui n'a rien d'un reptile possède queue et dents, alors que des reptiles, les tortues, n'ont pas de dents et que les ptérodactiles qui sont des reptiles volants, n'avaient pratiquement pas de queue. En réalité, l'archéoptéryx était pleinement un oiseau avec en particulier un plumage et sans doute le sang chaud.
Les formes de passage manquent tout autant à l'intérieur de ces grands groupes. C'est à grand peine, par exemple, que l'on s'efforce à dresser l'arbre généalogique du cheval. On ne cesse de le refondre et de le remanier sans parvenir à un résultat qui, si on l'atteignait, ne ferait que montrer l'évolution menant en 50 millions d'années d'un assez petit mammifère herbivore à un assez grand mammifère herbivore.