zenon
1- La crispation de la doxa à ce sujet depuis la fin des années 1970 est le plus intéressant dans cette histoire. Rendez-vous compte : un homme politique, trop ignorant des faits, peut jouer une partie de sa carrière politique, encourir la vindicte médiatique, en partie populaire aussi, pour des décennies, parce qu'il se permet une trop grande liberté de ton sur l'holocauste, rebaptisée quelques années avant cette histoire « Shoah », dans un pays qui admet la liberté d'expression comme un droit de l'homme ou droit fondamental.
Pire, trois ans après cet incident, de tels propos font l'objet d'une loi, qui vous expose à des condamnations : c'est-à-dire qu'affirmer certaines bêtises à ce sujet fait de vous un délinquant, car il est considéré que cela ne peut être qu'un acte raciste, plus précisément antisémite, en conséquence qui viole l'égale dignité de tous les hommes que nous devons tous accepter et révérer...
Expliquons bien pour ceux qui ne comprennent pas ce qu'il y a de si intéressant : un « droit de l'homme », la liberté d'expression, est limitée, dans le cas où cette dernière servirait la contestation de la croyance précédente, au fondement même aussi des droits de l'homme. La liberté d'expression s'arrête donc au cadre des droits de l'homme : pas de liberté, pour les « ennemis » des droits de l'homme, de notre idéologie. Cette loi permet en fait des procès en... hétérodoxie.
2- Aujourd'hui, les historiens de la période, ou du sujet, en France, doivent pratiquer leur métier relativement à une doxa admise, pas seulement existante, car certes il existe toujours une doxa. Fort logiquement, cette loi oblige l'historien en France à qualifier* les faits en « juriste ou idéologue des droits de l'homme » , à les interpréter en un sens donné: génocide, crime contre l'humanité, au risque d'être accusé de minimiser les faits. Je n'affirme pas que les historiens, en France, qui parleraient de « massacre des Juifs », « assassinats de masse des Juifs », seraient forcément poursuivis ; j'affirme que le risque existe logiquement.
-https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000532990
*le problème sous-jacent est d'essayer de qualifier les faits le plus « objectivement » possible, ou le plus impartialement : le réalise-t-on, lorsque l'on qualifie relativement à une idéologie ou une conception du droit donnée ?