L'avenir de la Syrie semble mal engagé.
Cet état instauré en vertu de l'article 94 du Traité de Sèvres de 1920 est une mosaïque de communautés qui n'a jamais réussi à se constituer en nation, au même titre que ses voisins l'Irak et le Liban.
Constituer une nation est un long processus politique, tous les états n'y parviennent pas.
Israël a réussi à devenir un état-nation puissant parce que les juifs constituent un peuple multimillénaire.
On ne peut pas en dire autant des états constitués de toutes pièces à partir de la dissolution des empires coloniaux ottoman pour le Moyen Orient, français et britannique pour l'Afrique et l'Asie.
Al Jolani s'est autoproclamé chef d'un état qui existe sur le papier mais qui n'est pas souverain ni unitaire.
On voit mal Al Jolani rétablir l'unité syrienne alors qu'il est lui-même la marionnette d'Erdogan qui rêve de reconstituer en tout ou partie l'ex-empire ottoman.
Le pouvoir d'Al Jolani est fragile, c'est pour cette raison qu'il donne des gages et essaie de rassurer les acteurs locaux, notamment les USA, l'Europe, la Turquie et Israël.
Mais ses premières décisions concrètes donnent plutôt l'impression qu'il est toujours un jihadiste qui se shoote à l'islam sunnite.
Les druzes, les alaouites, les kurdes et les chrétiens de Syrie l'entendent-ils de cette oreille ?
Il semblerait que non.
Idem pour l'Iran et les russes qui n'accepteront peut-être pas de perdre leur terrain de jeu préféré.
Quoi qu'il fasse ou qu'il ne fasse pas, Jolani va se faire des ennemis, il ne pourra pas faire profil bas longtemps et proclamer la main sur le cœur que ses intentions sont pures et pacifiques.