Je vous propose, pour le débat ultérieur, une approche chronologique, et donc moins littéraire.
Fouché se manifeste dans l'Histoire dans un premier moment : le bourreau de Lyon.
Je rappelle le contexte : on est en 1793 et la Terreur est, dit-on, "à l'ordre du jour". Paris envoie en province des sortes de Préfets de la République pour épurer un peu les hordes antirévolutionnaires, qu'elles soient réelles ou imaginaires. Autrement dit, il faut faire marcher un peu la guillotines dans nos belles provinces.
Le souci, avec la guillotine, c'est la lenteur. On ne peut faire passer qu'un client à la fois, il arrive que le type soit récalcitrant (sans doute le fait de ses opinions monarchistes) et qu'on perde du temps à le présenter, etc.
Eh bien, Fouché a le sens pratique : il ramasse un certain nombre d'indésirables, il les concentre en un point, puis il fait tirer au canon sur ces méchants anti-révolutionnaires. Il préfère la vitesse ; on n'a pas pris le temps non plus de donner à ces gens un procès équitable pour attester qu'ils représentent vraiment un danger pour la République, on bombarde tout le monde et le tour est joué.
Fouché se présente donc d'abord dans l'Histoire comme un criminel de masse.
Maintenant, quel est l'intérêt de cela ? A l'évidence, cela ne continue à intéresser que par la grâce de Furet et ses épigones, qui consiste à montrer que la Révolution est l'antichambre du nazisme. Quelle est intrinsèquement totalitaire.
A partir de ce schéma ultra simpliste (aux yeux mêmes de Furet), vous avez des hordes de pseudo historiens, de politistes semi-habiles qui brodent la panoplie.
Mais bref, la première apparition en scène de Fouché, c'est la question du totalitarisme.